28 novembre 2024
spot_img
AccueilA la uneBoualem Sansal, une voix bâillonnée, un étendard à défendre

Boualem Sansal, une voix bâillonnée, un étendard à défendre

Boualem Sansal n’est pas seulement un écrivain aussi talentueux soit-il. Il est une conscience libre, audacieuse, et fermement ancrée dans les valeurs universelles.

Figure incontournable de la littérature francophone moderne, il s’est distingué par sa rigueur intellectuelle et son aptitude à bousculer les certitudes, qu’elles soient spirituelles, politiques ou idéologiques. Cette indépendance d’esprit, ce refus de plier, lui vaut aujourd’hui d’être emprisonné.

Sansal subit la répression d’un pouvoir qui l’a longtemps perçu comme un trublion. Ancien haut fonctionnaire, ancien directeur au ministère de l’Industrie, ingénieur diplômé de l’École nationale polytechnique, docteur en économie, il est profondément enraciné dans la culture algérienne, bien qu’il ne maîtrise pas l’arabe. Cette singularité, mêlée à son franc-parler et à son regard incisif, en fait une figure dérangeante pour un régime englué dans l’autoritarisme et la corruption.

Son arrestation ne peut être dissociée des tensions diplomatiques actuelles entre la France et l’Algérie. Depuis que la France a soutenu la position marocaine sur la question du Sahara occidental, les relations entre les deux pays se sont considérablement détériorées. Né d’un père marocain, Boualem Sansal est devenu une cible symbolique idéale pour un régime en quête de boucs émissaires.

Pourtant, réduire Sansal à un simple élément d’un bras de fer politique serait une profonde erreur. Depuis des décennies, il incarne une opposition courageuse et lucide, à la fois subtile et directe. Dans des œuvres marquantes comme Le Village de l’Allemand, il a brisé des tabous, abordant avec une rare audace des sujets tels que la Shoah dans le monde arabe ou les accointances entre idéologies fascistes et islamistes. Son écriture, à la fois dense et accessible, invite à la réflexion, au dialogue, mais surtout au refus de toute pensée unique.

- Advertisement -

En Algérie, Boualem Sansal demeure une figure marginale, davantage écoutée au nord de la Méditerranée que sur sa terre natale. Pourtant, il a soutenu avec ferveur le Hirak, ce soulèvement populaire de 2019 qui visait à mettre fin à des décennies de pouvoir autoritaire. Bien que cette tentative de révolution ait été confisquée, elle a témoigné de l’aspiration profonde du peuple algérien à la liberté et à la dignité.

Son arrestation a déclenché une onde de choc dans le monde entier. En Algérie, le régime s’appuie sur un discours nationaliste virulent, accusant Sansal de trahison et de connivence avec des puissances étrangères. En France, les réactions oscillent entre soutien indéfectible et silence gêné de la gauche, reflet d’un malaise face à des prises de position parfois controversées. Mais au-delà de ces divergences, une vérité fondamentale doit primer : aucun écrivain ne devrait être emprisonné pour ses mots ou ses idées.

Le cas Boualem Sansal dépasse les frontières des clivages politiques ou idéologiques. Il pose une question universelle et essentielle : celle de la liberté d’exprimer, de critiquer, de remettre en cause. Soutenir Sansal, c’est défendre le droit de penser et de créer librement, un fondement indispensable à toute société démocratique et équitable.

La question n’est pas de savoir si l’on partage ses idées, mais de comprendre que son combat est celui de toutes les consciences éprises de liberté. La littérature, espace de création et de pensée, ne saurait s’épanouir sous la menace ou la contrainte.

L’arrestation de Boualem Sansal est une injustice manifeste, un symbole de répression et d’intolérance. Face à cette situation, une seule exigence s’impose : sa libération immédiate et sans condition.

Qu’il continue à porter cette lumière singulière, essentielle, et à éveiller nos esprits.

Kamel Bencheikh

1 COMMENTAIRE

  1. Une voix islamophobe, porte voix de l extrême droite et soutien du genocide de Gaza.
    Il ne s oppose à rien en Algerie, ni aux arrestations, ni au baillon de la presse .
    Son talent n’est curieusement apprécié que par la bourgeoisie parisienne et les fantômes du dénigrement haineux de l’Algérie, celle qui s est libéré de l oppression coloniale et que l on assimile à tort aux pouvoirs en place.
    N est pas Kadi Ihsane qui veut…

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles

Commentaires récents