Les relations tumultueuses entre l’Algérie et le Maroc dont les frontières tracées par le colonialisme sont souvent contestées par les deux Etats nord-africains issus des indépendances, offrent trop souvent le spectacle d’un malentendu sur la définition de l’Etat et de sa territoire.
Principalement, le dilemme de la territorialité incarne les limites de l’exercice de la souveraineté sur les populations par tel ou tel régime qui tire sa légitimité aussi souvent guerrière que religieuse.
Bien que la profondeur historique que nous sondons soit limitée à la période islamique et coloniale du Maghreb, et par conséquent toute la durée antique dont les « Maures » jouent un rôle marginal voire tardif avec la création de la Maurétanie tingitane par rapport aux Numides, aux Libyens et aux Puniques, est neutralisée afin de séquencer au mieux la profusion de la problématique de l’Etat.
Pour mieux illustrer le dilemme historique, on peut d’ores et déjà considérer que les frontières des Etats antiques et médiévaux de l’Afrique du Nord n’ont jamais été une barrière pour le déplacement des tribus berbères.
A cet effet, la littérature historique est remplie d’anecdotes sur le transvasement des limites au point qu’un célèbre historien écrit que le royaume de Fès des Saadiens était limité à l’enceinte urbaine et ne contrôlait aucunement les tribus des alentours de la citadelle.(1).
A partir du moment où la non-consolidation de la centralité de l’Etat (le Makhzen) est une constante dans l’histoire des Berbères, on peut affirmer que le règne de la dynastie alaouite n’échappe pas à la logique diffractive même si, à des moments de l’histoire marocaine, l’image du règne de Moulay Ismaël qui a pu s’imposer en dynaste aux Caids et autres chefs de tribus réfractaires, incarnait la fermeté du Makhzen envers les tribus remuantes.
Cette observation général est certainement la meilleure façon d’illustrer les limites de l’Etat central (la dynastie) par rapport à l’Etat-Tribu (le Caidat) que nous nommons principauté (Portachie) ou à la tribu proprement dite désignée sous le vocable Taqbilt.
C’est à travers la permanence de la plasticité des rapports politiques des groupes sociaux que l’on peut comprendre les agissements des oppositions aux régimes algérien et marocain.
Si le Mouvement d’autodétermination de la Kabylie (MAK) présidé par Ferhat Mehenni, un ancien chanteur et activiste berbériste, se conjugue à une exclusivité « ethnico linguistique » réductrice de la réalité amazighe, le Parti national du Rif est une émanation de l’époque de la République du Rif (1921-1926) dirigée par Abdelkrim al-Khattabi qui a été défait par l’armée française, se rend captif le 26 mai 1926 puis il s’exile jusqu’à sa mort survenue au Caire en 1963.
D’un certain point de vue, on peut considérer que le PNR réuni récemment à Alger pour proclamer son indépendance vis-à-vis du royaume est la conséquence logique de la répression du régime marocain envers les leaders du mouvement Hirak marocain dont plusieurs de ses membres actifs croupissent toujours dans les prisons.
Il se fait que le manque de dialogue et d’ouverture de la monarchie marocaine avec l’opposition politique à quoi se rajoute un alignement diplomatique du régime sur les positions occidentales dont celle dela relation avec l’Etat d’Israël que l’opinion marocaine rejette dans sa totalité, ne fait qu’accroître l’impopularité d’une monarchie qui hélas n’a su se réformer dans la pratique et les usages de la gouvernementalité des hommes et des femmes. De ce constat, l’opposition se renforce.
Le cas du régime algérien qui a pour principal trait un nationalisme débordant de par son idéologie compensatoire, n’offre aucune perspective politique à une population de plus en plus indifférente à la lutte des clans du pouvoir.
Dans les deux pays et plus spécifiquement en Algérie, depuis l’avortement du mouvement Hirak, la nouvelle équipe au pouvoir qui en chassant la précédente n’a fait que perpétuer le système clanique dans le seul but d’entretenir l’illusion d’un changement politique qui n’a pas eu lieu. En ces termes, les deux régimes maghrébins à quoi se rajoute le nouveau maitre de Tunis, se distinguent par un renforcement de l’autoritarisme d’Etat.
En effet, tous les opposants à ces régimes sont incarcérés ou exilés sous le simple motif d’une expression contrevenante. Et pourtant, l’Algérie et le Maroc ne trouvent pas mieux que d’instrumentaliser leur opposition et se déchirent sur l’affaire du Sahara occidental afin de masquer leur impopularité.
Toujours est-il que le problème de l’émanation du pouvoir de l’Etat est toujours suspendue à la question de la légitimité populaire.
Fatah Hamitouche
Notes:
°L’appellation des groupes tribaux ou supratribaux pose un vrai problème à l’onomastique parce que leur désignation est souvent vague voir incertaine.
1- R. Letourneau, La décadence saadienne et l’anarchie marocaine au XVIIe siècle, Annales de la faculté d’Aix Tome XXXII, 1958.
Sur la thématique du Bled Siba et le Makhzen, nous omettons quelques réserves sur la théorie énoncée par Abdellah Laroui dans son ouvrage intitulé: Les origines culturelles et sociales du nationalisme marocain (1830/1912), La Découverte; Paris, 1977.
« Il se fait que le manque de dialogue et d’ouverture de la monarchie marocaine avec l’opposition politique etc… »
Et la monarchie kharabe d’ânejiri dialogue t’elle avec son peuple ?
Je ne parle même pas des Kabyles, car la grande majorité du peuple Kabyle ne reconnaît pas cette mafia, la preuve le zéro vote.
Avant d’accuser la monarchie Marocaine, vaut mieux comme disent les Africains, avant de grimper au cocotier,il faut s’assurer d’avoir les fesses propres.
A l’inverse de L’ânejiri, au Maroc même les autoroutes sont en tifinagh, et en Ânejiri ????