1 février 2025
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Algérie : le silence des cimetières !

Il est indéniable que le sentiment de puissance produit une ivresse qui trouble le discernement et fait croire à une certaine omnipotence qui peut conduire à l’irréparable pour un pays comme l’Algérie.

Alors même que nous assistons à de grands chamboulements mondiaux, les dirigeants algériens s’accrochent à un logiciel de gouvernance éculée fait de répression tous azimuts, d’enfumage continu de l’opinion et de fermeture des moindres interstices démocratiques.

Pays riche de ses femmes, de ses hommes et de son histoire, l’Algérie se trouve aujourd’hui bloquée dans un carrefour, réduite à tourner en rond et à ânonner son mantra nationaliste.

Pour ne pas entendre la moindre critique, le régime a imposé le silence et un climat répressif irrespirable. Aucune voix discordante ou dissidente ne se fait plus entendre. Pouvoir et ses relais politiques et médiatique ne parlent que d’une voix. Il y a bien plusieurs médias et partis mais un seul son de cloche. A croire qu’on replonge dans l’ère du parti unique et de son tristement célèbre article 120 !

En même temps, les hommes aux manettes semblent dépassés et étrangers aux nouvelles réalités nationales et internationales. Résultat : un isolement de plus en plus manifeste sur la scène internationale.

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Refusant de s’amender, les autorités s’ingénient à s’enfoncer dans le noir couloir de l’improvisation permanente. La paralysie qui gangrène la société algérienne soulève de sérieuses questions, concernant les droits de l’homme, et la pratique démocratique mais aussi la place du pays dans la région et dans le monde.

La réponse du régime aux aspirations de changement de gouvernance exprimées au printemps 2019 a été sévère. Brutale. LCette répression a suscité de vives inquiétudes parmi les organisations de défense des droits de l’homme, qui dénoncent des violations systématiques des libertés fondamentales.

Les arrestations de journalistes, de blogueurs et d’activistes politiques témoignent d’une volonté manifeste de museler toute forme de critique. Les médias indépendants, qui avaient commencé à émerger après des années de contrôle étatique, sont désormais sous pression. Les lois sur la presse et les réseaux sociaux ont été durcies, rendant la critique du gouvernement de plus en plus risquée. Cette atmosphère de peur et de répression a des conséquences désastreuses sur le paysage médiatique et sur la liberté d’expression en Algérie.

Sur le plan international, la répression en Algérie n’est pas sans conséquences. Le pays, qui a longtemps été considéré comme un acteur clé en Afrique du Nord, se retrouve de plus en plus isolé. Les pays occidentaux, traditionnellement alliés de l’Algérie, commencent à exprimer leurs préoccupations concernant la situation des droits de l’homme.

Dans une de ses chroniques, Mohamed Benchicou écrivait en 2019 : « Abdelmadjid Tebboune a ainsi fait serment, la main sur le Coran et le cœur battant, de «défendre la Constitution, de veiller à la continuité de l’Etat », formules qui n’engagent à rien et qu’on oublie généralement l’heure d’après, «d’agir en vue de la consolidation du processus démocratique » et, relisons bien, «de respecter le libre choix du peuple» ». Le résultat on le connait aujourd’hui.

Les rapports d’organisations telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch mettent en lumière les abus commis par le gouvernement algérien, et ces critiques ne passent pas inaperçues sur la scène diplomatique. Dans un rapport publié en 2020, Amnesty a rapporté que « les autorités algériennes ont intensifié leur répression contre les manifestants pacifiques, les journalistes et les militants des droits humains ». Des centaines de cas d’arrestations arbitraires, de harcèlement, voire de torture ont été documentés. Human Right Watch a pointé dans ses rapprots que « des centaines de personnes ont été arrêtées simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique ».

Cette ONG comme bien d’autres, comme Riposte Internationale, a appelé les autorités algériennes à mettre fin à cette répression et à libérer les quelque 240 détenus d’opinion. Même la rapporteuse spécialie de l’ONU s’est alarmée de la situation des droits humains dans le pays. Elle a en vain recommandé aux autorités de libérer les prisonniers politiques et de lever la chape de plomb qui pèse dangereusement sur la société.

Incompréhension des enjeux

La diplomatie algérienne fait montre d’une méconnaissance manifeste des nouveaux enjeux. Son incompréhension du changement de paradigmes fait de l’Algérie une incapacité manifeste à se faire entendre à l’étranger. Alors que le pays tente de jouer un rôle de médiateur dans des conflits régionaux, son image est ternie par ses nombreuses crises et sorties de routes. Outre le Maroc avec lequel les relations sont coupées, l’Algérie s’est retrouvée confrontée à des tensions avec le Mali, l’Espagne et la France. La crise avec l’ancien colonisateur est au bord de la rupture diplomatique.

Même l’Union européenne qui a dénoncé les violations des droits humains en Algérie, n’est pas épargnée. Les efforts pour renforcer les relations avec l’Union européenne et d’autres partenaires internationaux sont souvent entravés par les préoccupations concernant la répression interne. Les investisseurs étrangers, qui pourraient contribuer à la diversification économique du pays, hésitent à s’engager dans un pays ou les autorités sont sourcilleuses et en conflit avec son environnement.

La situation économique de l’Algérie complique encore davantage ce tableau. Dépendante des revenus pétroliers, l’économie algérienne a été durement touchée par la chute des prix du pétrole. En réponse, le régime s’est raidi, renforçant son autoritarisme pour maintenir le contrôle total sur la société. 

En l’espèce, on peut dire qu’il a pour le moment réussi à étouffer toutes les voix dissidentes. Malgré sa durée, la grève des étudiants en médecine est marginalisée. Les médias n’en parlent que pour tenter de discréditer les grévistes, les accusant de marionnettes du Maroc.

Depuis avril 2020, c’est le silence des cimetières qui règne sur le pays. Les seules protestations qu’on entend ce sont les cris d’orfraies des obligés du régime qui sont actionnés, régulièrement, pour défendre l’indéfendable.

Pour tenter d’enrayer le démantèlement de l’Etat de droit, la communauté internationale. En appelant à la fin des violations des droits de l’homme et en soutenant les aspirations démocratiques du peuple algérien, les acteurs internationaux peuvent contribuer à un changement positif. Et donc empêcher une énième crise en Méditerranée après celle de la Libye.

Face à l’autisme en haut lieu, le chemin vers une Algérie démocratique et respectueuse des droits de l’homme est semée d’entraves. Pourtant, les choix que feront les autorités ici et maintenant détermineront non seulement leur avenir, mais aussi celui du pays et de sa place dans la région.

Yacine K.

3 Commentaires

  1. Les algériens doivent prendre conscience que l’enjeu n’est plus la corruption, la prédation, la privation des libertés mais la survie de l’Algérie. Les généraux algériens se savent en bout de course et ils préféreront mener le pays à sa destruction plutôt que de le céder à un gouvernement civil et démocratique. Il y a actuellement un véritable complot mené par les généraux contre les algériens et contre l’Algérie. Ils sont en train de créer les conditions d’un isolement total du peuple et du pays (seul moyen pour eux de garder le contrôle). Les généraux algériens sont en train de mener le pays vers la guerre et de faire subir à l’Algérie le même sort que la Syrie, la Lybie ou l’Irak. Que Dieu ait pitié de nous

  2. « Après nous, le déluge ». À la manière de Louis XV, roi absolu incarnant les principes de l’absolutisme, Tebboune & Co. nous avertissent de ce qui nous attend si d’aventure nous continuons de proclamer « manich radi ».
    « Une Algérie démocratique et respectueuse des droits de l’homme? » In our dreams dear Mr Yacine K.

  3. Je cite:  » Pour ne pas entendre la moindre critique, le régime a imposé le silence et un climat répressif irrespirable. Aucune voix discordante ou dissidente ne se fait plus entendre.  »

    Commencons par ceci:  » Pour ne pas entendre la moindre critique  » – Par enttendre et critique, il s’agit bien de COMPRENDRE. Et peut-on comprendre sans GRAMMAIRE? La reponse est Niet !

    Puis ceci  » Aucune voix discordante ou dissidente ne se fait plus entendre…  » – Le mot magique ici est « AUCUNE ». Ce que cela veut dire est qu’il y en a plus d’une qui voudraient s’exprimer, c.a.d. se faire comprendre. Franchement, j’en doute, qu’il y ait la moindre, sinon celle du MAK. Celle-la, il l’enttend et mieux encore la COMPREND et d’ailleur, il y repond. et cet echange-la, il n’y a d’autre maniere de le decrire sinon par « MENACE – REPRESSION. »
    Le 1er(MAK) s’exprime avec des parole et l’autre(REGIME) repond avec des coups de points puis de balles.
    Delirez comme vous voulez, c’est la realite’ et ce que je dis est la verite’.
    Le 1er cherche a se battre avec les mots et le second repond avec des coups. Le lien est etabli bouche-point. Tu l’ouvre je la casse !
    Cela a marche’ tellement bien que pour s’exprimer le MAKiste, c.a.d. le Kabyle a besoin d’aller de prendre ses distances, aller loin pour s’exprimer !

    Je me souviens encore des arguments des temps de bla bla bla entre Arouchs . . . Un veritable souk !!!
    Le regime dit OK, ce que vous voulez !
    Et que se passe-t-il? Les Kabyshes n’arrivent pas entre elles, a se mettre d’accord de ce qu’elles voudraient negotier ! Dans certaines regions de Kabyshie, on tiens a SOULEVER LE CUL la tete parterre. Il y en a meme qui se rappelent de Tarik ibn-qarqour, les fatimides, les khoroto-ides, et que sais-je encore… Jusqu’a maintenant, il y en a qui sont prets a couper la tete d’un autre Kabyshe pour avoir oriente’ le cul vers le nord plutot que l’Est.

    Imaginez le dialogue maintenant entre fake-KHRAbiens et KabyChiens !!!

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