L’allégorie de Platon est la plus célèbre réflexion de la philosophie pour imager la frontière entre le monde éclairé par la connaissance et le monde sous-terrain, celui de l’ignorance par l’inaccessibilité à la lumière.
Essayons de rappeler d’une manière très simplifiée le sens de cette allégorie. Platon se place dans une hypothèse où des êtres humains seraient depuis toujours prisonniers dans une caverne. Ils ne sont jamais sortis de cette caverne et la seule connaissance du monde qu’ils ont est la réalité observée et vécue dans celle-ci.
La seule vérité qu’ils connaissent est donc celle que leur condition leur a apprise. Même la lumière de l’extérieur, ils ne la perçoivent que par sa réverbération sur les parois. Pour eux c’est la paroi qui existe, pas la lumière.
Ils ne sont pas pour autant malheureux car ils ne connaissent pas le monde d’en haut et ne peuvent pas se représenter ce qu’il est. Pas plus qu’ils ne connaissent la notion d’enfermement.
Platon prend une autre hypothèse, que se passerait-il si ce groupe humain se libérait en sortant de la grotte ? Il en résulterait que les humains libérés ne comprendraient pas le monde nouveau, ils n’en ont ni les codes ni même une représentation cohérente.
Mais il y a un autre enfermement, celui qui n’est pas un choix mais un état dans lequel vous a placé votre environnement. Pour l’Algérie, ce sont les hommes du pouvoir (civils et militaires) et la religion qui ont fait des Algériens des hommes de la caverne, privés de la lumière.
Le peuple algérien, pour les nouvelles générations, a été biberonné par l’exclusive représentation du monde enseignée par leurs maîtres, autrement dit, le régime dans toute sa complexité et diversité. Ils n’ont connu que les vérités qui leur ont été apprises et les moeurs sociales contraintes.
Enfermés dans un système clos, ils n’ont aucune notion de l’évasion, elle aussi une abstraction inconnue dans leur champ de perception. Mais en Algérie, comme dans tous les régimes autoritaires, il se passe quelque chose de très singulier.
La caste des dirigeants s’est également enfermée elle-même dans cette grotte. Elle s’est créé un monde imaginaire dont elle est totalement prisonnière. Elle n’a plus aucune faculté d’imaginer d’autres concepts comme ceux de la lumière, des connaissances et des libertés, ceux de l’extérieur de la grotte.
Cloîtrés dans les ténèbres de la caverne, ils ne connaissent que les réflexes de la brutalité par un rapport du plus fort au plus faible. Leur barbarie vient de l’enfermement dans une situation dont ils ont construit les murs.
Mais Platon va plus loin dans son allégorie. Il imagine l’hypothèse d’une sortie de certains qui finissent par se libérer avec une très grande force. Une fois sortis de la grotte, il leur faut s’adapter et s’instruire de la réalité du monde.
D’autres n’y arrivent pas ou s’y refusent. Même avec la liberté d’expression, l’éducation scolaire et universitaire, ils restent enfermés dans la grotte et son monde malgré leur sortie pour l’étranger. Ils restent encore persuadés de la bonne vertu du régime algérien, de son projet, des doctrines et des mœurs que les gardiens de la caverne leur ont insérés dans la tête.
Puis Platon prend encore une autre hypothèse, celle de certains qui se sont extraits de la grotte et qui souhaiteraient y revenir pour faire découvrir aux autres ce qui existe à l’extérieur.
Les habitants de la grotte, pour leur majorité, ne comprendraient pas ce langage qui leur est imaginaire et lointain. Et même, le risque est réel qu’ils se retourneraient violemment contre ceux qui ont essayé de leur faire découvrir la connaissance des lumières. Les Algériens qui ont pu voir la lumière se rendraient alors coupables à leurs yeux de blasphème, de tentative de sédition ou de négationnisme.
C’est bien ce qui se passe avec ceux qui sont restés trop longtemps à la lumière qu’ils ne peuvent briser la carapace des croyances de leurs compatriotes. Cette carapace faite de nationalisme et des ténèbres religieux.
Il n’y qu’une seule solution dans cette situation d’impasse dans la grotte. L’organisation autoritaire de la communauté et ses croyances irréelles conduiront un jour où l’autre à renverser le sens de la terreur.
Ce jour-là, il en sera fini pour les dirigeants. Ils avaient refusé de laisser se propager la lumière qui leur a été apportée par ceux qui avaient pu fuir de la grotte, ils seront confrontés aux créatures qu’ils ont créées et qu’ils ont dominées. Mais ces créatures suivront-elles ceux qui voulaient leur apprendre le monde de la connaissance ou des hommes de caverne remplaceront-ils d’autres hommes de caverne et ainsi de suite ?
Beaucoup de dirigeants risquent pourtant de finir dans une autre grotte, enterrés par ceux qui ont enfin vu la lumière ou qui voulaient leur prendre la place de dominants. Et cette grotte est définitive, bien souterraine.
Le système algérien et les imams auraient dû lire Platon. Mais peut-on lire sans lumière ?
Boumediene Sid Lakhdar
Entre la caverne de Platon et la neuroscience, c’est kif kif !
Les récentes études en neuroscience ne font que démontrer que notre cerveau est un studio de cinéma où se fabriquent les films que nous produisons à partir de ce que nous voyons mais aussi de ce que nous imaginons. Que nous ne cessons d’interpréter les choses que nous percevons, et la production de sens opère à notre insu et en amont de notre prise de conscience », pose-t-il.
Toutes ces images s’intriquent avec celles produites par l’imagination, le rêve, les hallucinations et la mémoire, passées au filtre de notre inconscient. Bref, nous nous faisons des films, à l’origine du sens que nous attribuons au monde. Nos consciences sont donc hantées de croyances.
Toute ces croyances, préjugés,… sont diffusés par la famille, l’environnement social …
C’est pour cela que la religion avec ses dogmes, ses interdits, ses croyances, son imaginaire donne une vision du monde, l’école, les médias, le monde politique y participent !
On comprend qu’en Algérie, c’est basique ! La junte se complait dans la vision du monde islamiste avec des ennemis extérieurs et intérieurs !
«Première sortie» est le titre d’un film sorti en 1999. Une histoire du tout début des années 60. C’était alors la crise des missiles. Un ingénieur construit un abri nucléaire et y stocke des provisions suffisantes pour des dizaines d’années. Un incident lui fait croire que la guerre a déjà commencé et s’y enferme avec sa femme. Un enfant va leur naitre dans le bunker. Trente ans passent et les provisions s’amenuisent. Le papa envoie le fiston – qui ne connaît rien au monde extérieur – à la recherche de provisions.
Ça ressemble au scénario de l’épuisement des hydrocarbures. Avec l’érosion totale de la notion de travail, notre l’inadaptation aux échanges ( et puis changer quoi ?).
Si l’agriculture saharienne de Tebbun ne transforme pas les dunes de sable en glaciers pourvoyeur d’eau, il faudrait traîner chaque saison le Sahara 2000 km vers le Nord pour l’arroser une fois lés eaux fossiles épuisées. Avec les palmeraies multi-millénaires noyées par les eaux salées déversées par la culture des patates.
Le «drill baby drill» de M. Trump, la paix en Ukraine ramenant le pétrole russe au marché, le calme à Gaza, tout ça peut ramener le prix des hydrocarbures au plus bas. Les choses peuvent changer par la force des choses.
« Mais peut-on lire sans lumière ? »
Une question pour Socrate peu être.
Mais comme Socrate n’a jamais existé, d’après vous, alors il ne reste qu’à demander aux aveugles. Parce qu’eux ils y arrivent bien, à lire dans le noir. Il yen a même qui sont devenus très célèbres dans différents domaines, musique, mathématiques,…; certains arrivent même à surprendre voire à surpasser leurs collègues évoluant en pleine lumière.