Nivelles
© Véronique Perrault

Cela faisait des années que j’en rêvais. Cette fois, c’était la bonne. Pour la première fois, j’ai enfin assisté à un carnaval belge et c’était celui de Nivelles, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente en valait la peine. Oui, cela faisait des années que je rêvais d’y assister.

D’être au cœur de cette effervescence, de voir les gilles surgir en cadence, d’entendre le martèlement de leurs sabots sur les pavés, le son vibrant des tambours et le tintement des clochettes cousues à leurs costumes. Cette année, enfin, j’ai vécu mon premier carnaval. Et quelle expérience ! 

Les gilles trépignaient d’impatience depuis un an, prêts à faire résonner à nouveau leurs sabots sur les pavés de la Grand-Place, au rythme des tambours et du tintement des clochettes cousues sur leurs costumes. Ils attendaient ce moment, piaffant de pouvoir à nouveau envahir les rues, danser, et partager leur ferveur avec la foule. Difficile d’évaluer combien de personnes ont envahi les rues de Nivelles ce 9 mars 2025, mais une chose est certaine : la foule était au rendez-vous.

Et les gilles ont été particulièrement choyés cette année. Un soleil éclatant a inondé la ville, faisant briller les cuivres et réchauffant les cœurs. Pas une goutte de pluie en ce dimanche festif, une météo idéale qui a permis aux gilles d’arborer fièrement leurs imposants chapeaux de plumes d’autruche durant le cortège de l’après-midi – même si la chaleur sous leurs bosses de paille a dû se faire sentir !

Dès l’aube, la ville s’est animée pour accompagner les figures emblématiques du folklore : gilles, arlequins, paysannes… Le carnaval nivellois, qui en est déjà à sa 121e édition, a poursuivi ses festivités jusqu’au lundi soir, avec en point d’orgue le célèbre brûlage des bosses auquel je n’ai pas eu la chance d’assister.

Les rues étaient noires de monde pour acclamer les centaines de gilles qui, comme le veut la tradition, ont lancé à la foule des milliers d’oranges tout au long de leur parcours. Symbole de prospérité et d’espoir, ces fruits jetés avec ferveur marquent la volonté de chasser l’hiver et d’invoquer le renouveau.

Malgré une petite pluie tombée le lundi après-midi, l’enthousiasme des festivaliers est resté intact. Dans un défilé haut en couleur, majorettes, sorcières, lanceurs de paniers, fanfares et arlequins ont traversé la ville, de la gare jusqu’à la Grand-Place, sous les acclamations d’un public conquis, souvent le verre à la main.

Le moment le plus attendu ? L’apparition majestueuse des gilles dans leurs costumes traditionnels, accompagnés de leurs proches. En dansant, ils ont distribué leurs oranges comme des offrandes, perpétuant un rite ancestral qui unit les femmes et les hommes depuis des siècles. Car si chaque carnaval est une fête, il est avant tout le reflet d’une mémoire collective, celle de croyances millénaires destinées à conjurer le mauvais sort et à célébrer le renouveau.

À Nivelles, cette tradition bat son plein. Année après année, elle rassemble des générations entières autour d’un même élan de joie et de convivialité. Une véritable explosion de couleurs, de musique et de ferveur populaire qui, pour ma part, restera gravée dans ma mémoire.

Et une certitude : ce n’était que la première fois, sûrement pas la dernière.

Kamel Bencheikh, écrivain.

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