La récente déclaration du Ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, louant les vertus du développement d’une « pensée critique sociétale » comme rempart contre la propagande, mérite une analyse approfondie, particulièrement à la lumière du contexte sociopolitique algérien actuel. Dit-il vrai quand on connaît la réalité ?

Si l’intention affichée de prôner l’esprit critique au sein de la société est en soi louable, sa résonance se heurte violemment à une réalité marquée par un espace politique restreint et des libertés publiques sous tension. En d’autres contexte, cette déclaration aurait été comprise mais quand on connaît l’impitoyable arbitraire imposée à la société, il y a lieu d’en sourire.

Le communiqué du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), signé par son président Atmane Mazouz, met en lumière avec une acuité frappante ce paradoxe. L’appel à la pensée critique, bien que perçu comme une reconnaissance de la nécessité d’un débat public riche et d’une résistance intellectuelle face aux manipulations, sonne étrangement creux dans un pays où les conditions de son épanouissement sont manifestement absentes.

La contradiction soulignée par le RCD est criante. Comment encourager une pensée critique lorsque l’espace politique est « verrouillé », que les libertés d’expression, de réunion et d’organisation sont bridées, et que la presse nationale peine à gagner la confiance d’une opinion publique de plus en plus désabusée ? Un environnement propice à l’émergence d’une pensée critique robuste nécessite intrinsèquement la libre circulation des idées, un débat public ouvert et transparent, et des médias indépendants capables d’informer sans contraintes. Or, le constat dressé par le RCD est celui d’une Algérie où ces fondements sont fragilisés, voire activement sapés.

La dénonciation récurrente de la « propagande étrangère » dans les discours officiels perd de sa substance lorsque les propres canaux d’information nationaux sont perçus comme des instruments de communication gouvernementale. Le désintérêt croissant des citoyens pour ces médias n’est pas uniquement une réaction à une influence extérieure, mais bien le symptôme d’un manque de pertinence et de crédibilité d’un paysage médiatique jugé déconnecté des préoccupations réelles.

L’étouffement de l’espace politique, dont le RCD se dit être une des premières victimes à travers sa marginalisation, symbolise une volonté de limiter, voire d’éliminer, les voix dissidentes et autonomes. Cette tendance à favoriser un champ politique « aseptisé », où seules des formations jugées inertes ou inféodées semblent prospérer, révèle une appréhension du pluralisme et un refus d’embrasser la diversité des opinions comme une richesse nationale.

Le RCD, dans son communiqué, ne se contente pas de pointer cette incohérence. Il appelle à une prise de conscience des conséquences de cette situation et à un passage concret des paroles aux actes. La réouverture des espaces médiatiques, la garantie de l’indépendance de la presse, la réhabilitation des partis politiques représentatifs, la protection des libertés fondamentales et la promotion d’un débat public transparent sont autant de mesures concrètes avancées pour créer un environnement véritablement propice à l’exercice de la pensée critique.

L’espoir exprimé par le RCD que les paroles du chef d’état-major ne soient pas de simples « effets d’annonce » témoigne d’une attente légitime de changement. Le moment semble crucial pour traduire cette reconnaissance de l’importance de la pensée critique en politiques concrètes. Ce n’est qu’à ce prix, souligne le communiqué, que l’Algérie pourra véritablement se prémunir contre toute forme de propagande, qu’elle soit interne ou externe, et renouer avec un chemin de confiance et de souveraineté populaire. La liberté et l’esprit critique demeurent, en effet, les boucliers les plus efficaces contre la manipulation et la désinformation. La balle est désormais dans le camp du pouvoir : saura-t-il saisir cette opportunité pour aligner ses actes sur ses paroles ?

Samia Naït Iqbal

2 Commentaires

  1. Il n’y a plus d’espoir à avoir. Le pouvoir est désormais entièrement aux mains des arabo islamistes et des militaro islamistes qui tous vouent une haine féroce à l’égard de la liberté, de la démocratie et du bonheur des algériens. Jusqu’en 2019, il y avait encore un équilibre entre les forces bêtes et méchantes de la régression et celles, un peu plus brillantes, qui, malgré ses trahisons, voulaient quand même voir le pays et le régime s’ouvrir. Désormais à la tête de l’Etat, de l’armée, des Renseignements, des Affaires étrangères, il n’y a plus que des débiles mentaux, mythomanes et paranos, imbus d’eux mêmes, butés, psycho rigides, sans culture ni éducation, sans finesse, sans intelligence. Ils enregistrent echec sur échec dans tous les domaines et surtout sur le plan diplomatique et au lieu de regarder en face leur incompétence, leur absence de légitimité, ils nous ressortent la main de l’étranger. Il y a deux faits qui montrent à quel point le niveau des dirigeants de l’armée est tombé en dessous de tout : le 1er c’est le long voyage de Chengriha en Inde. Il y est allé pour parler d’armement, à croire qu’il ne sait pas qu’Indira Gandi n’y est plus 1er Ministre. Le 2eme c’est l’affaire Amir DZ qui nous a fait découvrir le caractère misérable, minable, cheap, amateur de nos services de renseignement. Au lieu de surveiller les mouvements des groupes djihadistes à nos frontières, nos services de renseignements sont utilisés pour intimider les opposants algériens en France à coup d’opérations aussi tordues qu’amateur. Qui donc peut croire que notre chef des renseignements est l’homme qu’il faut face aux menaces à nos frontières ?

    • « notre » hadak, « notre » hadik… Et notre ta soeur qu’est-ce que tu en fais ? Avec un Q plein de Dipers combien de temps avant que ces khra moutent une apres l’autre?

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