Nous publions ci-dessous le communiqué d’Amnesty International (AI) sur la dramatique situation à Gaza. L’ONG appelle à arrêter les opérations militaires et l’opération d’expulsion des Palestiniens de Gaza.
Le gouvernement israélien doit immédiatement renoncer aux projets de vastes opérations militaires récemment dévoilés qui prévoient notamment l’annexion de territoires et le déplacement forcé de Palestinien·ne·s dans la bande de Gaza occupée et assiégée, qui constitueraient une grave violation du droit international, a déclaré Amnesty International le 7 mai 2025.
Israël continue de commettre des actes de génocide, tout en étant pleinement conscient des dommages irréversibles qu’il inflige à la population palestinienne de Gaza. Toute initiative d’Israël visant à déplacer des Palestinien·ne·s vers le sud de la bande de Gaza et à les confiner dans des « bulles fermées », ou à continuer d’imposer des conditions de vie inhumaines pour pousser la population palestinienne à quitter Gaza, constituerait un crime de guerre de transfert illégal ou de déportation. De tels agissements commis dans le cadre d’une attaque de grande ampleur ou systématique dirigée contre la population civile constitueraient également des crimes contre l’humanité.
Après avoir imposé un siège total à Gaza pendant deux mois, l’intention déclarée d’Israël d’étendre son offensive militaire déjà dévastatrice, de renforcer encore son occupation illégale de la bande de Gaza et de déplacer de force des Palestinien·ne·se pourrait achever de détruire la population palestinienne de Gaza qui, depuis des mois, lutte pour survivre dans le contexte du génocide israélien en cours
Depuis octobre 2023, le monde est témoin de vagues répétées de déplacements forcés de Palestinien·ne·s dans des conditions inhumaines à Gaza. La manière dont ces vagues de déplacement ont été opérées a été déterminante, Israël infligeant à la population palestinienne de Gaza des conditions de vie calculées pour entraîner sa destruction physique. À l’heure actuelle, près de 70 % de la bande de Gaza font l’objet d’un ordre d’« évacuation » ou sont interdits d’accès.
Les nouveaux projets d’Israël indiquent que les autorités prévoient une escalade effroyable en s’emparant de territoires, en y établissant une « présence physique soutenue » et en déplaçant pour une durée indéterminée la majorité de la population.
« Ces plans témoignent du mépris total d’Israël pour le droit international et pour les droits des Palestinien·ne·s. Amnesty International réitère son appel sans équivoque au Hamas et aux autres groupes armés pour qu’ils libèrent immédiatement et sans condition les otages civils. Israël semble utiliser la libération des otages comme prétexte pour justifier d’autres crimes et violations commis contre les Palestinien·ne·s et la poursuite du génocide dans la bande de Gaza, que certaines des familles des personnes toujours détenues à Gaza ont dénoncés », a déclaré Erika Guevara Rosas.
Les projets d’Israël visant à contrôler et à militariser la distribution de l’aide humanitaire compromettront également la fourniture indépendante et impartiale d’une aide essentielle pour une population qui en a cruellement besoin. Ces plans ont été largement condamnés par les agences des Nations unies et les organisations humanitaires, qui ont unanimement rejeté toute tentative d’instrumentalisation de l’aide.
Le siège actuel, qui bloque totalement l’arrivée d’une aide vitale, y compris la nourriture, les médicaments et le carburant, depuis plus de deux mois, est utilisé par Israël comme une arme de guerre et en tant que sanction collective illégale. Il s’agit d’une violation flagrante du droit international humanitaire, qui interdit strictement les sanctions collectives et exige de toutes les parties qu’elles autorisent et facilitent la fourniture d’une aide humanitaire impartiale aux civil·e·s dans le besoin.
Toute tentative d’instrumentalisation de l’aide humanitaire à des fins de déplacement forcé ou pour établir des zones de distribution d’aide discriminatoires violerait le droit international et devrait être rejetée
« La communauté internationale doit rejeter sans équivoque ces plans dangereux et faire pression sur Israël pour qu’il respecte ses obligations au titre du droit international et garantisse l’accès sans entrave de l’aide humanitaire partout à Gaza. »
La majorité des Palestinien·ne·s de Gaza sont les descendant·e·s de celles et ceux qui ont survécu à la Nakba de 1948 et ont déjà subi des décennies de déplacement et de dépossession de la part d’Israël, se voyant aussi refuser leur droit au retour. Les derniers plans d’Israël risquent d’aggraver davantage encore cette injustice historique.
« Au lieu de mener des politiques conduisant à de nouveaux déplacements forcés et potentiellement à une annexion illégale, Israël doit immédiatement mettre fin au génocide qu’il commet à Gaza et à son occupation illégale du territoire palestinien, conformément à l’avis consultatif de la Cour internationale de justice rendu en juillet 2024, et démanteler son système d’apartheid contre les Palestinien·ne·s », a souligné Erika Guevara Rosas.