19.7 C
Alger
lundi 19 mai 2025
AccueilA la uneAzouz Nasri a la tête du Sénat :  une cooptation sous le...

Azouz Nasri a la tête du Sénat :  une cooptation sous le vernis électoral

Date :

Dans la même catégorie

Crise des visas : Alger menace Paris de réciprocité 

Les tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France prennent...

« Cheikh El-Hasnaoui : l’épopée d’un chanteur algérien moraliste et libertaire », de Mehenna Mahfoufi

L’ethnomusicologue Mehenna Mahfoufi signe une réédition revue et augmentée...

Salah Goudjil fait ses adieux au Conseil de la nation

On le croyait indéboulonnable, et le voilà qu'il quitte...

Benjamin Stora : « Je ne vois pas comment cette crise peut se dénouer »

Benjamin Stora est un historien français reconnu pour ses...
spot_imgspot_img
- Advertisement -

Présentée comme une élection, la désignation d’Azouz Nasri à la présidence du Conseil de la Nation, ce lundi 19 mai, s’apparente en réalité à une cooptation politique savamment orchestrée. Elle répond à une règle non écrite, mais désormais bien établie, qui régit la succession à la tête de la chambre haute : celle d’un choix arrêté en amont par les cercles dirigeants, loin de toute véritable compétition parlementaire.

L’ancien magistrat et membre du tiers présidentiel succède ainsi à Salah Goudjil, dans une continuité aussi bien institutionnelle que régionale. Les dés étaient jetés bien avant l’ouverture de la séance plénière, consacrée à l’installation des nouveaux membres de la chambre haute, conformément à l’article 133 de la Constitution.

Favori dès l’annonce de la vacance, Azouz Nasri a vu sa voie se dégager sans encombre, après le retrait successif de Belkacem Boukhari, Issa Bourkeba et Dahou Ould Kablia. Ces figures du sérail politique, récemment nommées au tiers présidentiel par Abdelmadjid Tebboune, étaient, selon la rumeur, pressenties comme prétendants à la succession de Salah Goudjil. Leur désistement progressif a renforcé l’impression d’un scénario verrouillé en amont.

L’unanimité affichée des groupes parlementaires à son égard masque mal le caractère consensuel et verrouillé d’un choix qui ne relève ni du hasard, ni d’une dynamique électorale propre à une institution parlementaire. Il s’agit plutôt d’une décision arrêtée au sommet de l’exécutif, dans le cadre d’un équilibre subtil entre représentations régionales, fidélités politiques et légitimité institutionnelle.

Azouz Nasri, natif (1945) de l’Est du pays ( wilaya de Sétif), vient ainsi remplacer Salah Goudjil, également originaire de cette même région stratégique (Batna). Ce relais régional illustre la volonté du pouvoir de maintenir un certain équilibre géopolitique à la tête des institutions, à un moment où la stabilité et la continuité priment sur toute volonté de renouvellement ou de confrontation politique.

Le profil de Nasri renforce cette lecture. Ancien président de la Cour suprême (1995-2001), membre du Conseil constitutionnel (1989-1995) et haut cadre du ministère de la Justice, il est une figure consensuelle du système judiciaire et politique. Son parcours, marqué par la fidélité aux institutions, en fait un garant de la stabilité, plus qu’un acteur de changement. Son bref passage par le parti Talaie El Hourriyet d’Ali Benflis n’a pas entamé son ancrage dans les cercles du pouvoir traditionnel.

Officiellement sénateur du tiers présidentiel depuis 2022, il accède aujourd’hui à la tête du Conseil de la Nation non pas par la dynamique d’un vote libre, mais au terme d’un processus contrôlé, symptomatique du mode de fonctionnement des institutions algériennes. L’absence de débat public, la neutralisation des candidatures alternatives et le silence des partis d’opposition soulignent encore une fois le caractère largement symbolique du scrutin.

Cette cooptation, habillée du vernis d’une procédure élective, rappelle combien la présidence du Conseil de la Nation reste une fonction politique hautement régulée, façonnée par les équilibres internes du pouvoir, et bien peu exposée à la logique parlementaire ou pluraliste. La continuité régionale entre Goudjil et Nasri s’inscrit ainsi dans une stratégie de gestion des territoires et des clientèles politiques, où l’Est du pays conserve un poids institutionnel déterminant.

Qui est Azouz Nasri ?

Azouz Nasri est né en 1945 dans la wilaya de Sétif. Diplômé de l’École nationale d’administration en 1969, il entame une carrière dans la magistrature, qu’il débute en 1976 en tant que procureur de la République près le tribunal de Skikda.

Il occupe par la suite plusieurs fonctions de haut niveau au sein de l’appareil judiciaire, notamment celles de procureur général dans plusieurs conseils de la magistrature entre 1978 et 1985, puis de président du Conseil de la magistrature de Constantine jusqu’en 1989.

De 1989 à 1995, il est membre du Conseil constitutionnel, avant d’être nommé président de la Cour suprême, fonction qu’il exercera de 1995 à 2001.

Sur le plan politique, Azouz Nasri a été membre du Comité central du Front de libération nationale (FLN), puis député de cette formation de 2002 à 2007. Proche d’Ali Benflis, il rejoint ensuite le Parti de l’avant-garde des libertés.

Le 15 février 2022, il est nommé membre du Conseil de la Nation au titre du tiers présidentiel par le président de la République. En mai 2025, il se présente comme candidat unique à la présidence du Conseil de la Nation avec le soutien du FLN. Il est élu à ce poste le 19 mai 2025.

Samia Naït Iqbal

Dans la même catégorie

Crise des visas : Alger menace Paris de réciprocité 

Les tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France prennent...

« Cheikh El-Hasnaoui : l’épopée d’un chanteur algérien moraliste et libertaire », de Mehenna Mahfoufi

L’ethnomusicologue Mehenna Mahfoufi signe une réédition revue et augmentée...

Salah Goudjil fait ses adieux au Conseil de la nation

On le croyait indéboulonnable, et le voilà qu'il quitte...

Benjamin Stora : « Je ne vois pas comment cette crise peut se dénouer »

Benjamin Stora est un historien français reconnu pour ses...

Dernières actualités

spot_img

1 COMMENTAIRE

  1. ET vous appelez ca un pays ? Une republique, pas seulement demoKhratique… pas si sur que ca… alors comoufflant avec ce truc « Populaire »… il ne leur manque que Ga3 !!! Pour dire toute la pouple !!!

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici