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mardi 1 juillet 2025
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Rodolphe Saadé chez Tebboune : simple rencontre économique ou manœuvre diplomatique ?

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Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a reçu dimanche à Alger Rodolphe Saadé, président-directeur général du groupe maritime français CMA CGM, leader mondial du transport maritime de conteneurs. La rencontre, à laquelle ont assisté le directeur du cabinet de la présidence, Boualem Boualem, et le ministre des Transports, Saïd Sayoud, suscite de nombreuses interrogations quant à son timing, ses motivations et ses objectifs.

Un rendez-vous à forte portée symbolique

À en juger par la présence du ministre des Transports à la réception présidentielle accordée à l’homme d’affaires français, il s’agirait d’un échange autour du renforcement des investissements et de la coopération dans le secteur des transports maritimes, un domaine stratégique pour l’Algérie, qui cherche à moderniser ses infrastructures portuaires et à améliorer la fluidité de son commerce extérieur. Présente en Algérie depuis plusieurs années, CMA CGM apparaît comme un acteur clé pour appuyer cette ambition.

Mais au-delà de l’aspect économique, c’est la dimension politique de cette visite qui retient l’attention. Rodolphe Saadé n’est pas un homme d’affaires comme les autres. Proche du président français Emmanuel Macron et à la tête de gros médias français, il est souvent présenté dans les médias comme l’un des relais officieux de l’Élysée dans les cercles économiques et diplomatiques à l’étranger. Dans un contexte de relations tendues entre Alger et Paris, sa présence à la présidence algérienne ne peut qu’alimenter les spéculations.

Vers une médiation discrète ?

Depuis plusieurs mois, les relations entre la France et l’Algérie traversent une phase de crise inédite, marquée par des différends persistants sur la mémoire coloniale, les questions migratoires et un manque de synchronisation diplomatique. L’affaire de l’enlèvement d’Amir Dz en région parisienne fin avril 2024 est venue percuter de plein fouet la dernière tentative de réchauffement entre les deux capitales. La crise a atteint une telle intensité que les ambassadeurs respectifs des deux pays ont été rappelés, et que les gouvernements ont procédé au renvoi réciproque de près de 30 diplomates.

Dans ce climat glacial, la venue de Rodolphe Saadé pourrait-elle s’inscrire dans une tentative de médiation informelle, à la demande de l’Élysée ? La question mérite d’être posée. L’homme d’affaires, dont l’influence dépasse largement le monde maritime, pourrait être chargé d’initier un canal de communication indirect entre les deux capitales, là où les voies traditionnelles semblent aujourd’hui bloquées.

Une stratégie algérienne de diversification des partenaires ?

D’un autre point de vue, cette rencontre pourrait également témoigner d’une volonté algérienne de maintenir une forme de dialogue économique avec la France, en dépit des tensions politiques. En recevant un capitaine d’industrie au profil international, le président Tebboune envoie peut-être un message clair : Alger reste ouverte aux investissements, mais sur des bases redéfinies, respectueuses de sa souveraineté.

Le geste pourrait aussi être lu comme une façon de reprendre l’initiative sur le plan diplomatique, en dictant les termes d’un éventuel « dégel » avec Paris à travers des acteurs économiques choisis.

Une visite à suivre de près

En l’absence de déclaration officielle sur la teneur exacte des échanges, les intentions réelles derrière cette réception présidentielle restent, pour l’heure, dans le domaine des hypothèses. Mais dans le contexte actuel, rien n’est anodin.

Que l’on soit dans le cadre d’un lobbying économique ou d’une mission de bons offices,  la réception de Rodolphe Saadé par le président Tebboune illustre combien les lignes entre économie et diplomatie peuvent se brouiller lorsque les canaux traditionnels de dialogue sont grippés.

Les jours à venir permettront peut-être d’éclaircir les véritables enjeux de cette visite, qui, à défaut d’avoir été bruyante, n’en est pas moins lourde de signification.

Samia Naït Iqbal

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2 Commentaires

  1. Je cite: « …Tebboune envoie peut-être un message clair : Alger reste ouverte aux investissements, mais sur des bases redéfinies, respectueuses de sa souveraineté. »

    Vous rigolez decidemment. Les Visas diplomatiques etaient prevus pour des hommes d’affaires tel le monsieur – pas pour les apprenti-sorciers de jouer aux Caids en France. Ce n’est pas un no-man’s Land – et c’est la que la souverainete’ rentre en jeu. C’est la bagra qui manque d’education, sino0n celle de la trafiquoterie… et la chasse aux sorcieres. On s’attend a cette perspective et non les etats d’ame des impostures… Contrairement aux Algeriens, les Francais tiennent a leur pays !

  2. on comprend mieux pourquoi Sansal croupi en prison ; Macron ne fera rien pour lui car c’est un proche de Saadé et de ses contrats juteux qu’il n’est pas question de compromettre.

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