Depuis octobre 2023, plusieurs drapeaux israéliens flottaient sur la façade de la mairie de Nice. Un affichage décidé par le maire Christian Estrosi après les attaques perpétrées par le Hamas en Israël. Ce jeudi 26 juin, la justice française a tranché : ces drapeaux devront être retirés sous cinq jours. Une décision du tribunal administratif de Nice qui marque un tournant et rappelle, avec fermeté, les règles fondamentales de la République.

« Ces drapeaux ne peuvent pas être considérés comme un simple soutien aux otages. Ils symbolisent la revendication d’une opinion politique », a estimé la juridiction administrative. Une position appuyée par l’avocate Mireille Damiano, représentant les sept citoyens requérants, pour qui « un tel affichage dépasse la solidarité et engage une prise de position partisane sur un conflit international ».

Furieux, le maire de Nice a appelé à un rassemblement devant l’Hôtel de Ville ce jeudi à 11h30. Une manière de faire pression, mais aussi de politiser encore davantage un symbole contesté.

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Une République, pas un consulat

Cette décision intervient dans un climat tendu où les symboles politiques liés aux conflits internationaux s’invitent dans l’espace républicain. Dans les semaines précédentes, d’autres mairies, comme celles de Saint-Denis ou Gennevilliers, avaient été sommées de retirer les drapeaux palestiniens. Dans tous les cas, la justice rappelle que les bâtiments publics doivent rester des lieux de neutralité, d’unité et de respect du pluralisme.

Il ne s’agit pas de nier les tragédies humaines, ni les émotions que provoquent les conflits internationaux. Il s’agit de préserver un cadre républicain, où les collectivités locales ne deviennent pas les prolongements symboliques d’une diplomatie parallèle.

Entre le droit et les faits : les mairies sont-elles vraiment neutres ?

Sur le papier, la règle est claire : les mairies ne sont pas des tribunes diplomatiques ou idéologiques. Le principe de neutralité du service public impose à toute collectivité territoriale de s’abstenir d’exprimer une opinion politique, notamment sur des questions internationales.

Mais dans les faits, la réalité est toute autre.

Il n’est pas rare de voir des façades municipales illuminées aux couleurs de l’Ukraine, de l’Arménie, d’Israël ou de la Palestine. Des maires prennent régulièrement position publiquement sur des conflits qui dépassent le strict cadre communal. Des salles municipales accueillent des rencontres très politisées, parfois aux frontières de la diplomatie parallèle.

La mairie de Nice n’est donc pas une exception, mais le reflet d’une tendance : celle de collectivités qui s’emparent de symboles extérieurs pour parler à leur électorat, interpeller l’État ou s’inscrire dans des causes internationales.

Le tribunal de Nice a simplement rappelé une limite : quand un symbole devient durable, exclusif, et manifestement politique, il viole la loi.

Une confusion entretenue

En maintenant ces drapeaux pendant plus de huit mois, la mairie de Nice a entretenu une confusion : celle entre solidarité et alignement politique. Entre compassion et propagande. La France n’est pas Israël, pas plus qu’elle n’est la Palestine. Elle est un État souverain, dont les institutions locales doivent se garder de tout affichage sélectif.

Rappeler cela n’est pas un acte contre tel ou tel peuple, mais une exigence de justice et d’universalité, ce même principe que la République prétend défendre sur tous les fronts.

La mairie de Nice peut encore faire appel de cette décision. Mais le message, lui, est clair : les mairies ne peuvent pas être des vitrines de guerre à distance.

Djamal Guettala  

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