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mardi 16 septembre 2025
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Ce que révèle le saccage de la statue d’Aïn Fouara

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Allez comprendre quelque chose à cette obsession paranoïaque, maladive, assassine, macabre que suscite cette statue d’Aïn Fouara ? Je ne sais plus combien de fois a-t-elle été défigurée par des hommes, bien de chez nous? Trois ou quatre fois à ma connaissance si ce n’était pas plus! Et elle a été même, si ma mémoire est bonne, complètement détruite pendant la décennie noire.

« Menace sur la statue », pour emprunter le titre du nouveau roman de Tarik Djerroud, voilà de quoi il retourne, et c’est une menace presque perpétuelle qui souligne combien « le tabou » ronge encore certains esprits fossilisés à l’âge de la pierre. Je ne parle pas seulement du sexe, mais de religion, de politique. De tout ce « triangle de Bermudes », où l’on se noie, étouffés par la grande bêtise.

Si je peux mettre un intitulé à notre malheur algérien, ce sera : « l’impasse de l’absurde »! Et cette histoire pour le moins anecdotique n’est pas, ma foi, un cas nouveau ou rare. L’homme au marteau, on l’a fabriqué nous-mêmes, par nos propres mains : on l’a fabriqué d’abord à notre école, dans nos manuels scolaires, puis dans nos rues, par nos mentalités, par les « fetwas » des « chouyoukhs » du Moyen-Orient, par le biais des chaînes TV ridicules qui nous arrosent matin et soir par le poison idéologique.

L’homme au marteau, ou « Abou el Martou » pour les intimes, est un pur produit du terroir, assumons-le avec honnêteté. Il est forgé par des idéologies toxiques, des mentalités « schizophrènes », des comportements hypocrites. L’homme au marteau, c’est l’accumulation de nos frustrations collectives, lequel a trouvé dans la « pauvre » statue sétifienne aux amphores, le seul défouloir, l’unique brèche à ses colères. L’homme au marteau, à défaut de tête et d’esprit, cherche toujours et partout des boucs émissaires pour ses manques, ses lubies, ses pulsions. L’homme au marteau est à la fois victime et acteur de sa bêtise.

Un sein nu, même fabriqué en argile le dérange, mais pas le manque d’hygiène dans son quartier. Une jambe dévoilée peut soulever ses démons les plus fous, mais pas la bureaucratie qui mine sa mairie.

Une fille qui met du rouge à lèvres et se balade dans la rue peut même le mener au meurtre, mais pas un seul cri de dénonciation de sa part contre l’administrateur corrompu qui lui met les bâtons dans les roues, qui lui complique l’existence… et les exemples de ce genre sont légion. L’homme au marteau est un schizophrène qui « déraisonne » en organe phallique. Tout ce qui ne va pas dans sa logique est décidément contre lui.

Il est le seul qui a raison contre tous. Il n’aime ni l’art ni les artistes. Il déteste l’Occident « satanique », mais espère de toutes ses forces y vivre. Dans sa tête, il n’y a que deux couleurs : le blanc et le noir. Et si quiconque essaie de mettre une troisième couleur, ce sera une guerre sans fin.

Son cas est « tristement » désespéré, à la lisière du traumatisme psychiatrique, et il n’accepte la différence qu’unique, c’est-à-dire, celle qui vient de lui-même et qu’il veut imposer aux autres, sans discussion ni négociation.

On ne devrait pas se moquer de l’homme au marteau, on doit tenter de le comprendre, parce que, si on le comprend bien, on arrive à se comprendre nous-mêmes : on comprendra surtout pourquoi notre école a régressé, pourquoi nos meilleurs diplômés nous fuient chaque année par milliers pour des cieux meilleurs et plus cléments, pourquoi nos villes sont sales et moches, pourquoi les incivilités montent crescendo en milieu urbain, pourquoi on est de plus en plus misogynes et contre l’altérité, pourquoi on n’a pas de touristes chez nous alors que notre pays regorge de sites pittoresques universels, pourquoi on est parmi les grands importateurs du blé au monde alors que nos terres sont restées en jachère, pourquoi … et pourquoi !

Désolé, l’histoire de l’homme au marteau n’est pas un fait divers pour ceux qui ressassent sans cesse qu’on amplifie les choses, mais elle est en quelque sorte, l’explication concrète de notre malheur multidimensionnel !

De « l’homme au marteau », il y en a tout un tas, à vrai dire, beaucoup même : si l’on voit certains, beaucoup d’autres sont hélas cachés! Et c’est un constat amer. Que l’on condamne le « fou » Abou el martou à cent de prison ferme, en comparution immédiate, cela ne résoudra pas le nœud de « complexés » qui nous habite, qui nous ronge de l’intérieur, qui nous détruit, qui mutile… l’intelligence universelle.

Kamal Guerroua.

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