Paru le 30 juin 2025 aux éditions Baudelaire, l’essai Carta’ndité (Carte d’identité) de Barbarossa plonge au cœur des fractures identitaires algériennes, en convoquant histoire, génétique, anthropologie et mémoire collective. Un ouvrage aussi érudit qu’engagé, qui remet en cause les récits officiels et propose une autre lecture des racines algériennes.
Dans Carta’ndité, Barbarossa ne cherche pas à lisser ou réconcilier artificiellement les multiples facettes de l’identité algérienne. Au contraire, il les expose dans toute leur complexité, dans leur dimension historique, politique et humaine. À rebours des discours unificateurs ou réducteurs, l’auteur adopte une démarche rigoureuse et documentée, croisant les apports des sciences sociales, de la génétique des populations, de l’histoire et de la géopolitique.
Il en ressort une Algérie loin d’être un bloc homogène. Une terre de passages, de brassages et de résistances, marquée par l’empreinte des Numides, des Romains, des Byzantins, des Arabes, des Turcs, des Français… mais aussi par des résistances endogènes, des réinventions permanentes, des cultures vernaculaires longtemps marginalisées.
Barbarossa, psychothérapeute et diplômé en anthropologie, mène cette enquête avec une double exigence : celle du savoir, et celle du vécu. L’essai, tout en étant solidement référencé, reste profondément incarné. Il y tisse des fragments d’intime, interroge ses propres héritages, confronte les regards – ceux de la science, de la mémoire et de l’histoire populaire.
Dans un contexte où les crispations identitaires nourrissent les clivages, Carta’ndité vient rappeler que l’identité n’est pas une assignation mais une construction. Elle ne se décrète pas : elle se pense, se traverse, se vit, parfois dans la tension, souvent dans l’ambiguïté.
Un livre nécessaire pour celles et ceux qui refusent les visions figées, et qui croient encore en la possibilité d’une identité algérienne plurielle, vivante et en dialogue avec son histoire.
Djamal Guettala