Le journaliste palestinien Anas al-Sharif, figure bien connue des écrans d’Al Jazeera pour sa couverture inlassable de la guerre à Gaza, a été tué dimanche dans une frappe israélienne qui a visé une tente abritant des journalistes devant l’hôpital al-Shifa, dans la ville de Gaza.
Selon la chaîne qatarie, l’attaque a également coûté la vie à d’autres membres de son équipe, dont le correspondant Mohammed Qreiqeh et deux cameramen. Le lieu ciblé, une tente clairement identifiée comme espace de travail pour la presse, servait de point de rassemblement pour les reporters couvrant la situation dramatique des blessés et déplacés.
Des témoins sur place rapportent que la frappe est survenue alors que les journalistes préparaient des reportages sur l’afflux de victimes dans l’établissement, déjà submergé par les urgences depuis le début de la dernière offensive israélienne.
L’armée israélienne a reconnu avoir mené le raid, affirmant qu’Anas al-Sharif était un « membre actif » de la branche armée du Hamas, accusation rejetée par Al Jazeera et la famille du journaliste. L’ONG Reporters sans frontières a, pour sa part, dénoncé un « crime de guerre manifeste » et rappelé que les journalistes bénéficient d’une protection spéciale au titre du droit international humanitaire.
Âgé de 29 ans, Anas al-Sharif était originaire de Beit Lahia, au nord de Gaza. Depuis le début de la guerre, il avait documenté sans relâche les bombardements et leurs conséquences humanitaires, souvent au péril de sa vie. Sa mort porte à plusieurs dizaines le nombre de journalistes tués depuis le début du conflit, selon le Syndicat des journalistes palestiniens.
Près de 200 journalistes ont été tués à Gaza en 20 mois, dont au moins 45 dans l’exercice de leur profession, selon RSF. Cinq d’entre eux travaillaient pour la chaîne Al Jazeera.
Un homme assassiné. Une voix tue par l’armée israélienne. Son assassinat c’est aussi et surtout le monde qui sera privé des images qui relatent les innommables massacres de Palestiniens dans la bande de Gaza. La disparition de ce reporter reconnu pour son courage et son engagement suscite une vague d’indignation à travers le monde arabe et au-delà, et relance le débat sur l’impunité des crimes commis contre les travailleurs de l’information dans les zones de guerre.
Djamal Guettala