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jeudi 2 octobre 2025
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Pour se débarrasser des religions, il faut se débarrasser des prophètes

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Kacem Madani nous pose une question dans son titre. Peut-on se débarrasser des religions sans éduquer les croyants ? Bien entendu que c’est la solution qui paraît la plus raisonnable, surtout pour un enseignant. Il n’y a aucun doute sur sa pertinence et il y a certainement du vrai dans sa réalisation.

Mais cela fait de très nombreuses années que je répète dans ce même journal que la cause des croyances mystiques et irrationnelles, donc dangereuses, n’est pas exclusivement dans la mauvaise formation des masses illettrées. Il faut s’en préoccuper chaque jour mais c’est une illusion de pouvoir éradiquer les sectes sans éliminer les gourous. Et ces gourous sont déjà cultivés, c’est même une condition nécessaire de leur position.

Au départ, ces pauvres innocents ne croient en rien, ils ont peur de ce dont ils ignorent les causes. La foudre, les inondations, les maladies et les autres fléaux qui les angoissent. Et alors, il y en a toujours qui voient une opportunité à en prendre pouvoir sur les autres et leur expliquer que c’est le ciel qui condamne leur péchés à ne pas suivre ses règles. Et ceux qui édictent ces règles sont bien entendu ceux qui ont assez d’instruction pour les écrire et en discourir.

Ce sont toujours des illuminés mais jamais on ne peut les qualifier d’imbéciles. Le plus souvent il sont très malins et éduqués. Par ce qualificatif, comprenons qu’ils sont instruits, ont une parole et un écrit que ne maîtrisent pas les autres.

La Renaissance avait cru s’en débarrasser et rien n’y a fait même en leur démontrant par la science, la fausseté des croyances religieuses. La révolution française avait cru les éliminer. Puis ce fut au tour de la laïcité au cours du dernier siècle de  croire fermement qu’elle les a mises à genoux.

Tous ont cru que les lumières de l’éducation allaient faire disparaître les ténèbres. Tous ont échoué. Les religions reviennent comme elles sont toujours revenus. C’est ce qui se passe ces dernières décennies. Quelles que soient les religions, le retour de l’extrémisme religieux est impressionnant.

La principale erreur de ceux qui pensent que l’éducation allait les faire disparaître est qu’ils se sont trompés de cibles. L’erreur est d’avoir négligé le fait que la religion n’est jamais le fait de ces pauvres masses qui veulent s’instruire et ne demandent que cela. L’erreur est d’avoir cru que l’intervention des personnes cultivées allait définitivement terrasser l’irrationnel et les ténèbres.

Je persiste à accuser les vrais responsables de ce gigantesque fléau de l’humanité, ceux qui sont cultivés et qui, comme je l’ai déjà dit, en prennent avantage. Il en existe de plusieurs sortes et je  commencerais par les plus insidieux et les plus inattendus, celui des personnes comme Mohammed Arkoun.

Il a passé sa vie à nous dire le bon chemin, c’est celui de l’étude éclairée des textes de l’Islam. Il a essayé de nous convaincre qu’il faut s’attaquer à la racine du mal c’est-à-dire à la mauvaise interprétation des textes.

Il a été obnubilé, habité et totalement pris par cette croisade et tous ses livres nous ramènent à la gloire de l’Islam lorsqu’il était censé être dans la lumière de ses bonnes interprétation (une version universitaire hollywoodienne). Ses textes sont un véritable conte des mille et une nuits, déjà par ses titres. Vous y trouverez une flopée de références de savants éclairés qui auraient eu l’intelligence d’une lecture réformée. Beaucoup ont été des souverains disciples de la lumière des pensées. Ah bon ? Allez le dire aux pauvres peuples, femmes et autres serviles de leur pouvoir qu’ils n’ont rien compris aux textes religieux et à la bonne pensée des érudits.

Mais que fait Mohammed Arkoun ? La même chose que tous les prophètes antérieurs, il prône la réforme mais jamais la disparition de l’Islam. Il le glorifie, lui donne des habits respectables et il sait très bien que la définition du dogme de Dieu ne peut être remise en cause, c’est la base de la religion.

En faisant de l’Islam un objet d’études et une croisade médiatique (constante et soutenue), Mohammed Arkoun lui a donné les palmes académiques. Je me sentirais insulté si on doute de mon indignation la plus horrifiée pour le traitement inexcusable qu’on lui a fait en Algérie. C’est indigne et barbare de leur part.

Mais si on en revenait au sujet, tous les textes religieux sont des écrits en élucubration de gens lettrés. Penseriez-vous un instant que la Bible fut rédigée par de pauvres ignorants ? Et toutes les organisations religieuses, pensez-vous qu’elles aient été détenus par des illettrés ?

Ils sont et ont toujours été à l’origine de la manipulation ou de l’illumination. Quel que soit l’évolution du niveau d’élévation de l’instruction générale, il y en aura toujours qui profiteront du besoin irrationnel de se protéger des peurs. C’est le mécanisme premier des populistes, c’est à dire de la terreur.

Pour se débarrasser des religions, du moins dans ce qu’elles ont de plus dangereux, il faut s’attaquer aux personnes éduqués qui en sont les porte-paroles. J’ai vécu la période du départ du feu de l’islamisme en Algérie et je peux en témoigner.

C’est la nouvelle bourgeoisie post-indépendance qui a été la première à vouloir remplacer les anciens maîtres. Elle a recherché le moyen de créer des codes pour la nouvelle dynastie de sang bleu. Comme le discours de l’indépendance était de faire disparaître les codes de l’ancienne puissance coloniale, elle a trouvé dans les codes sociétaux arabo-musulmans le moyen de redonner fierté au nouveau nationalisme par leur intermédiation. 

Ce sont eux les premiers qui ont eu l’excentricité de porter un burnous à l’orientale et des babouches. C’est eux qui ont décoré leur bibliothèques de livres de religion avec autant de reliure dorées qui illuminaient de prétention le regard des invités.

Ils se sont mis à baragouiner un arabe classique qu’ils maîtrisaient autant que moi le grec ancien. Ils raclaient la gorge à tout moment pour annoncer la solennité de leurs paroles en répétant des expressions religieuses qui les rendaient encore plus ridicules.

Quant aux intellectuels, c’était le pain béni pour eux d’avoir le langage érudit devant une population qui se glorifiait d’avoir des savants nationaux qui légitiment la religion ancestrale.

Oui, le peuple doit être éduqué, tous les jours davantage, c’est une évidence. Mais lutter contre les extrémistes religieux, c’est déjà avouer que la guerre est perdue. C’est qu’il est trop tard car les vrais responsables sont toujours malins pour se présenter comme les défenseurs de la barbarie. C’est le cas flagrant du régime militaire algérien.

Il faut alors reprendre le combat de l’éducation mais à chaque fois, il faut se convaincre que des gens cultivés vont profiter de la moindre occasion de faiblesse, de peur et d’interrogation des peuples, pour remettre la religion au cœur de la société.

Éduquer les peuples est absolument nécessaire mais ne pas éliminer les prophètes illuminés dès leur première apparition délirante, c’est donner aux religions la même occasion de recréer les ténèbres.

Le voyage à la Mecque avec des gens qui tournent en blouse blanche autour d’une météorite n’est pas le seul fait de personnes en manque d’éducation. Et de très loin ! 

Autour de cette météorite, il y a des centaines d’adeptes de Mohammed Arkoun. C’est-à-dire un blasphème au cœur de la représentation du dogme.

Boumediene Sid Lakhdar

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6 Commentaires

  1. Pour se débarrasser des religions , il faut se débarrasser de ceux qui en profitent, ipicitou !

    Pinèze ! La zaouia matindézédienne est en train de se fracturer, Ya Boundyou ! On est en plein schisme… J’espère qu’on évitera la Saint-Barthélemy. Ces batailles légendaires entre religions ne sont, au fond, que le transfert du débat à ce propos — sur un terrain plus réaliste.

    Iben moua , j’ai renoncé à l’idée de Dieu ! Car je n’ai pas envie de lui sacrifier les trois derniers neurones qui glandouille dans ma cervelle d’abruti.
    Si l’homme veut renoncer à sa liberté de conscience, personne ne l’obligera à la reprendre. La liberté est un choix personnel, un engagement intime, que nul ne peut imposer ni retirer.
    Comme le disait Marx, critiquer la religion en tant qu’idée ou croyance ne changera rien à la réalité concrète : ce sont le droit, les institutions politiques et les structures sociales qu’il faut interroger et transformer. Ce n’est pas la simple remise en question de Dieu ou des prophètes qui libère l’homme.
    Et comme le rappelait Sartre, que Dieu existe ou non, cela ne changera rien à notre condition misérable d’être humain confronté à la liberté, à l’angoisse et à la responsabilité. Ce sont nos actes, notre engagement, et non la métaphysique, qui façonnent notre vie.
    Nous y voilà, Il Professore se prend pour un bourgeois gentilhomme sans même s’en rendre compte. Il veut se débarrasser des prophètes pour prendre leur place… tout en laissant Dieu tranquille. Mais voilà, il ne peut rien faire contre l’idée de Dieu, alors il s’attaque aux facteurs, aux intermédiaires — aux « plombiers » de la foi. En somme, il coupe la trique !
    En vérité, ceux qui veulent se débarrasser des prophètes ou des religions sans savoir comment font une « athéologie » aux arguments pas meilleurs que ceux de la théologie. Tout cela n’est qu’une construction théorique, un tissu d’idées souvent aussi fictives que les dogmes religieux.
    Quand Hegel parle de la phénoménologie de l’esprit, qu’est-ce d’autre que de la littérature philosophique ? Qu’est-ce que l’esprit ? À quoi correspond-il rationnellement ? Quel est son substrat biologique, chimique, ou autre ? Pourtant, son œuvre est considérée comme un chef-d’œuvre de la pensée humaine.
    En pratique, si l’on regarde l’évolution des sciences, tout ce qui a été écrit sur l’homme et ses origines en dehors des religions est un fatras de conjectures souvent aussi mensongères et fragiles que les récits religieux.
    Regardons avec quels artifices langagiers Il Professore essaie de se convaincre qu’il a raison de ne pas croire. Il ne dit pas : « Je ne crois pas à ce que disent les prophètes parce que j’étais aux côtés de Jésus et que la multiplication des poissons ou la résurrection de Lazare, ce n’est pas vrai. » Non, il ne dit même pas qu’il n’y croit pas, car, après tout, on ne ressuscite pas. Il affirme que c’est faux. Mais il ne sait pas. Oui, Il Professore ne sait pas. Désolé pour lui, mais il n’est pas moins charbonnier que celui qui croit.
    Et même si j’étais croyant, cette plaidoirie athée ne me détournerait pas de ma foi. Pourquoi ? Parce que la foi ne repose pas sur la certitude scientifique ou sur des arguments philosophiques infaillibles. Elle est une expérience intime, une confiance personnelle, une quête qui dépasse la simple démonstration rationnelle.
    Les attaques contre les miracles ou les récits religieux ne peuvent pas ébranler la foi sincère, car celle-ci ne se nourrit pas uniquement de preuves tangibles, mais aussi de sens, d’espérance, d’un lien profond avec le divin. La foi accueille le mystère, elle tolère l’incertitude, elle vit dans une relation qui dépasse le cadre du discours intellectuel.
    Ainsi, même confronté à la critique la plus sévère, le croyant peut trouver dans sa foi une force intacte, une lumière qui ne faiblit pas sous le poids des doutes. Ce que rejette Il Professore, ce n’est pas tant la croyance que la dimension transcendante de l’existence, celle qui donne sens et profondeur à la vie humaine.
    En somme, cette rhétorique athée, aussi convaincante soit-elle pour certains, ne dissout pas la richesse de la foi vécue. Elle peut troubler l’esprit, mais rarement le cœur.
    Pour conclure, il faut bien comprendre que Il Professore est lui-même prisonnier de sa propre culture et de ses conditionnements intellectuels. Il ne l’a pas choisi, mais il s’en défend comme il peut en rejetant la croyance. Pourtant, dans cette posture, il n’est pas plus libre que celui qui croit. Il est enfermé dans un cadre mental tout aussi rigide, tout aussi limité.
    La liberté véritable ne se mesure pas à la distance qu’on met avec Dieu, mais à l’authenticité du chemin que chacun choisit de suivre, qu’il soit croyant ou non.

  2. Cher Monsieur @Boumediene Sid Lakhdar ,

    Merci poir votre contribution. Oui il y a l’illettrisme du peuple voire son arriération, il y a les gourous comme par exemple les imams mais aussi les enseignants devenus des imams en puissance et qui perdent de plus en plus leur vrai rôle de pourvoyeur de savoir et de sciences , il y a également comme vous dites d’autres gourous plus redoutables comme certaines personnes éduquées et instruites (qui peuvent être soit des intellectuels islamistes, soit des cadres de partis politiques islamistes ou du FLN et même de l’Etat, qui en sont les premiers porte-paroles etc..) . Il y a donc tout ce beau monde qui instrumentalise l’islam, mais on oublie l’ADN ou l’ARN dit normal ou l’ARN dit Messager qui est à la base, à l’origine de tout cette situation à savoir ce que j’appelle l’idéologie politico religieuse arabo islamique exclusive imposée de forces et sans consultée personne par le pouvoir de 62 (armée des frontières ou clan d’Oujda). Le mal vient d’abord de là.

    Oui l’épidémie qui se propage gravement en Algérie a son origine à l’indépendance en 1962 , d’autres diront, et ils ont raison, que çà remonte plus loin au mouvement national lui-même phagocyté par des idéologues musulmans très influents, par les Frères Musulmans très actifs à l’époque, par le pouvoir Egyptien de l’époque, par les Wahhabites etc ..etc .. qui ont réussi a faire d’un combat contre le colonialisme français une sorte de guerre de religion  » fissabi lillah ». D’où le terme de « moudjahiddine » attribué à nos martyrs. En effet, l’un des décideurs influents au sein du mouvement national qu’est Messali El hadj a été phagocyté personnellement par l’idéologue Chakib Arslan le prince druze libanais, le cheikh syrien et panarabe Muhammad Rashid Rida. Ils sont forts ces gus, car ils ont réussi à convertir un ancien communiste.

    Résultat , dès 1962 il y a eu ruissellement progressif, je dirais normal et automatique, sur la société, sur les institutions, sur l’Etat, sur la société civile, sur les familles, sur les partis politiques, sur l’éducation nationale, sur la justice, sur administration etc.. Pour se faire, il ne faut pas oublier que ce redoutable pouvoir de 62 a mis en place une politique de propagande à la Goebbels pour formater les cerveaux et les consciences des algériens sur la base de cette idéologie politico religieuse redoutable.

  3. Monsieur @Boumediene Sid Lakhdar ,

    Laissez moi juste ajouter que je suis entièrement d’accord avec vous concernant le jugement que vous portez à l »endroit de Mohamed Arkoun et pour dire avec vous qu’il fait « la même chose que tous les prophètes antérieurs » . Bon c’est un gus qui a une tête bien sympathique, il a produit des conférences pour s’attaquer à l’islam politique, rigoriste, fondamentaliste, il ne mérite pas le mépris du pouvoir algérien, ni son refus de vouloir être enterré dans son village natal, mais il ne remet pas en question le Coran lui-même car il est lui-même persuadé que c’est Allah qui nous a vraiment envoyé ce livre .

    Arkoun veut nous faire croire qu’il existe un islam modéré , c’est bien gentil , mais c’est complètement irrecevable car la référence d’un musulman qui se respecte c’est le Coran lui-même et les Hadiths.

    Or combien même on n’est pas exégète théologien ou savant de l’islam, on remarque très vite certaines absurdités dans ce livre, ses nombreuses contradictions, ses répétitions schizophréniques persistantes, le cynisme de Allah à vouloir effrayer, à menacer de brûler éternellement tous ceux qui refusent de se soumettre à lui, à exécuté tout musulman qui décide de sortir de l’islam, tout çà avec son sexisme maladif envers les femmes qu’il considère comme objet sexuel au service du mâle, qu’il considère comme une mineure à vie n’ayant pas les même droits sur terre que l’homme, et même dans l’au-delà chez lui où il a déjà préparé et désigné 72 houris à tout homme qui se soumet à lui.

    Tout çà est-ce digne d’un être supposé surnaturel de surcroit omnipotent, omniscient et intemporel ????? Jamais, mouhaal oua abadène !

  4. La meilleure des religions est pas de religions.
    Tous je bien TOUS ce qui gagnent leur vie grâce, à cause, par et kes marchands du temple ; sont à bâtir.
    Puisque dieu peut tous il n à qu’à configurer ses êtres avant leur naissance et faire des mises à jour comme Google

  5. Nous devons continuer de résister, de dénoncer, de donner des coups de boutoir quand l’occasion nous est offerte, détruire leurs idoles -ils en ont bien sûr- … C’est tout. Et ce, jusqu’à la fin des temps.

  6. Je pense y’a si Boumediene que les intellectuels musulmans, tel que Mohamed Arkoun veulent juste nettoyer l’Islam tout en gardant la charpente. Mais si on s’amusait à ce faire, il ne resterait que des bribes décousus du texte coranique ! Les penseurs musulmans offrent un gradient d’idées avec pour unique épicentre, la Kaaba ! Dès lors, ils défendent tous un bifteck tombé du ciel…

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