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mardi 12 août 2025
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Pour se débarrasser des religions, il faut se débarrasser des prophètes

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Kacem Madani nous pose une question dans son titre. Peut-on se débarrasser des religions sans éduquer les croyants ? Bien entendu que c’est la solution qui paraît la plus raisonnable, surtout pour un enseignant. Il n’y a aucun doute sur sa pertinence et il y a certainement du vrai dans sa réalisation.

Mais cela fait de très nombreuses années que je répète dans ce même journal que la cause des croyances mystiques et irrationnelles, donc dangereuses, n’est pas exclusivement dans la mauvaise formation des masses illettrées. Il faut s’en préoccuper chaque jour mais c’est une illusion de pouvoir éradiquer les sectes sans éliminer les gourous. Et ces gourous sont déjà cultivés, c’est même une condition nécessaire de leur position.

Au départ, ces pauvres innocents ne croient en rien, ils ont peur de ce dont ils ignorent les causes. La foudre, les inondations, les maladies et les autres fléaux qui les angoissent. Et alors, il y en a toujours qui voient une opportunité à en prendre pouvoir sur les autres et leur expliquer que c’est le ciel qui condamne leur péchés à ne pas suivre ses règles. Et ceux qui édictent ces règles sont bien entendu ceux qui ont assez d’instruction pour les écrire et en discourir.

Ce sont toujours des illuminés mais jamais on ne peut les qualifier d’imbéciles. Le plus souvent il sont très malins et éduqués. Par ce qualificatif, comprenons qu’ils sont instruits, ont une parole et un écrit que ne maîtrisent pas les autres.

La Renaissance avait cru s’en débarrasser et rien n’y a fait même en leur démontrant par la science, la fausseté des croyances religieuses. La révolution française avait cru les éliminer. Puis ce fut au tour de la laïcité au cours du dernier siècle de  croire fermement qu’elle les a mises à genoux.

Tous ont cru que les lumières de l’éducation allaient faire disparaître les ténèbres. Tous ont échoué. Les religions reviennent comme elles sont toujours revenus. C’est ce qui se passe ces dernières décennies. Quelles que soient les religions, le retour de l’extrémisme religieux est impressionnant.

La principale erreur de ceux qui pensent que l’éducation allait les faire disparaître est qu’ils se sont trompés de cibles. L’erreur est d’avoir négligé le fait que la religion n’est jamais le fait de ces pauvres masses qui veulent s’instruire et ne demandent que cela. L’erreur est d’avoir cru que l’intervention des personnes cultivées allait définitivement terrasser l’irrationnel et les ténèbres.

Je persiste à accuser les vrais responsables de ce gigantesque fléau de l’humanité, ceux qui sont cultivés et qui, comme je l’ai déjà dit, en prennent avantage. Il en existe de plusieurs sortes et je  commencerais par les plus insidieux et les plus inattendus, celui des personnes comme Mohammed Arkoun.

Il a passé sa vie à nous dire le bon chemin, c’est celui de l’étude éclairée des textes de l’Islam. Il a essayé de nous convaincre qu’il faut s’attaquer à la racine du mal c’est-à-dire à la mauvaise interprétation des textes.

Il a été obnubilé, habité et totalement pris par cette croisade et tous ses livres nous ramènent à la gloire de l’Islam lorsqu’il était censé être dans la lumière de ses bonnes interprétation (une version universitaire hollywoodienne). Ses textes sont un véritable conte des mille et une nuits, déjà par ses titres. Vous y trouverez une flopée de références de savants éclairés qui auraient eu l’intelligence d’une lecture réformée. Beaucoup ont été des souverains disciples de la lumière des pensées. Ah bon ? Allez le dire aux pauvres peuples, femmes et autres serviles de leur pouvoir qu’ils n’ont rien compris aux textes religieux et à la bonne pensée des érudits.

Mais que fait Mohammed Arkoun ? La même chose que tous les prophètes antérieurs, il prône la réforme mais jamais la disparition de l’Islam. Il le glorifie, lui donne des habits respectables et il sait très bien que la définition du dogme de Dieu ne peut être remise en cause, c’est la base de la religion.

En faisant de l’Islam un objet d’études et une croisade médiatique (constante et soutenue), Mohammed Arkoun lui a donné les palmes académiques. Je me sentirais insulté si on doute de mon indignation la plus horrifiée pour le traitement inexcusable qu’on lui a fait en Algérie. C’est indigne et barbare de leur part.

Mais si on en revenait au sujet, tous les textes religieux sont des écrits en élucubration de gens lettrés. Penseriez-vous un instant que la Bible fut rédigée par de pauvres ignorants ? Et toutes les organisations religieuses, pensez-vous qu’elles aient été détenus par des illettrés ?

Ils sont et ont toujours été à l’origine de la manipulation ou de l’illumination. Quel que soit l’évolution du niveau d’élévation de l’instruction générale, il y en aura toujours qui profiteront du besoin irrationnel de se protéger des peurs. C’est le mécanisme premier des populistes, c’est à dire de la terreur.

Pour se débarrasser des religions, du moins dans ce qu’elles ont de plus dangereux, il faut s’attaquer aux personnes éduqués qui en sont les porte-paroles. J’ai vécu la période du départ du feu de l’islamisme en Algérie et je peux en témoigner.

C’est la nouvelle bourgeoisie post-indépendance qui a été la première à vouloir remplacer les anciens maîtres. Elle a recherché le moyen de créer des codes pour la nouvelle dynastie de sang bleu. Comme le discours de l’indépendance était de faire disparaître les codes de l’ancienne puissance coloniale, elle a trouvé dans les codes sociétaux arabo-musulmans le moyen de redonner fierté au nouveau nationalisme par leur intermédiation. 

Ce sont eux les premiers qui ont eu l’excentricité de porter un burnous à l’orientale et des babouches. C’est eux qui ont décoré leur bibliothèques de livres de religion avec autant de reliure dorées qui illuminaient de prétention le regard des invités.

Ils se sont mis à baragouiner un arabe classique qu’ils maîtrisaient autant que moi le grec ancien. Ils raclaient la gorge à tout moment pour annoncer la solennité de leurs paroles en répétant des expressions religieuses qui les rendaient encore plus ridicules.

Quant aux intellectuels, c’était le pain béni pour eux d’avoir le langage érudit devant une population qui se glorifiait d’avoir des savants nationaux qui légitiment la religion ancestrale.

Oui, le peuple doit être éduqué, tous les jours davantage, c’est une évidence. Mais lutter contre les extrémistes religieux, c’est déjà avouer que la guerre est perdue. C’est qu’il est trop tard car les vrais responsables sont toujours malins pour se présenter comme les défenseurs de la barbarie. C’est le cas flagrant du régime militaire algérien.

Il faut alors reprendre le combat de l’éducation mais à chaque fois, il faut se convaincre que des gens cultivés vont profiter de la moindre occasion de faiblesse, de peur et d’interrogation des peuples, pour remettre la religion au cœur de la société.

Éduquer les peuples est absolument nécessaire mais ne pas éliminer les prophètes illuminés dès leur première apparition délirante, c’est donner aux religions la même occasion de recréer les ténèbres.

Le voyage à la Mecque avec des gens qui tournent en blouse blanche autour d’une météorite n’est pas le seul fait de personnes en manque d’éducation. Et de très loin ! 

Autour de cette météorite, il y a des centaines d’adeptes de Mohammed Arkoun. C’est-à-dire un blasphème au cœur de la représentation du dogme.

Boumediene Sid Lakhdar

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