La crise humanitaire dans la bande de Gaza, soumise depuis 22 mois à une campagne militaire d’Israël sans précédent, a atteint des « niveaux inimaginables », ont dénoncé, mardi 12 août, 26 pays dans un communiqué commun.
« Une famine se produit sous nos yeux. Une action urgente est nécessaire pour stopper et inverser cette situation », ont déclaré les ministres des Affaires étrangères dans un communiqué commun.
Cette déclaration est signée par la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, et les ministres des Affaires étrangères de 17 États membres de l’Union européenne, dont la France, mais pas l’Allemagne.
Des divisions au sein de l’UE
Les Vingt-Sept se sont montrés particulièrement divisés sur l’attitude à adopter vis-à-vis d’Israël depuis le début de sa guerre à Gaza.
Plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont longtemps insisté sur le droit d’Israël à se défendre, dans le respect du droit international, tandis que d’autres, comme l’Espagne, dénoncent un « génocide » à l’encontre des Palestiniens de Gaza. Pourtant, ce n’est pas Israël qui est actuellement menacé d’extinction mais bien la population de Gaza. Berlin a toutefois amorcé un changement de cap majeur vendredi, en annonçant suspendre les exportations d’armes qu’Israël pourrait utiliser à Gaza. Cela suffira-t-il pour laver la conscience de l’Allemagne devant le drame humanitaire gazaoui ? Peu sûr.
Au sein même de la Commission, les lignes commencent, elles aussi, à bouger. Dans une interview donnée à Politico, sa vice-présidente Teresa Ribera a estimé que la situation à Gaza « ressemblait beaucoup » à un « génocide ».
La déclaration a été signée par les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Australie, de la Belgique, du Canada, de Chypre, du Danemark, de l’Estonie, de la Finlande, de la Grèce, de l’Islande, de l’Irlande, d’Italie, du Japon, de la Lituanie, Lettonie, du Luxembourg, de Malte, des Pays-Bas, de la Norvège, du Portugal, de la Slovaquie, de la Slovénie, de l’Espagne, de la Suède, de la Suisse et le Royaume-Uni.
Intensification des bombardements israéliens
La Défense civile à Gaza a fait état d’une intensification des bombardements israéliens sur la ville de Gaza ces derniers jours et annoncé la mort de 24 Palestiniens mardi à travers le territoire palestinien ravagé par plus de 22 mois de guerre.
« Le bombardement est extrêmement intense depuis deux jours. A chaque frappe, le sol tremble. Il y a des martyrs sous les décombres que personne ne peut atteindre car les tirs n’ont pas cessé », a témoigné Majed al-Hossary, un habitant de Zeitoun.
Le chef de l’armée israélienne a « approuvé » le nouveau plan des opérations militaires « à venir à Gaza », indique un communiqué de l’armée publié mercredi.
« Le chef d’état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, a tenu aujourd’hui (mercredi) une discussion au cours de laquelle il a approuvé le cadre principal du plan opérationnel de l’armée dans la bande de Gaza », selon le texte qui ne donne cependant aucune précision sur le calendrier.
Benjamin Netanyahu avait affirmé dimanche qu’Israël contrôlait militairement « 70 à 75% » de la bande de Gaza et qu’il restait à prendre la ville de Gaza ainsi que des secteurs du centre du territoire palestinien.
Face à une crise humanitaire d’une ampleur inédite, un front diplomatique large exhorte Israël à lever les obstacles à l’action des ONG internationales à Gaza.
Drame humanitaire sans précédent au Proche-Orient
Les souffrances humanitaires dans la bande de Gaza ont atteint, selon 29 partenaires internationaux, « des niveaux inimaginables ». Dans une déclaration conjointe, les signataires alertent sur la propagation de la famine et la nécessité d’une action « urgente » pour inverser la tendance. « L’espace humanitaire doit être protégé et l’aide ne doit jamais être instrumentalisée à des fins politiques », souligne le texte.
Le communiqué met en garde contre les nouvelles exigences restrictives d’enregistrement imposées aux ONG internationales opérant dans les territoires palestiniens occupés. Celles-ci, préviennent les ministres et responsables signataires, pourraient contraindre certaines organisations « essentielles » à cesser leurs activités du jour au lendemain, aggravant encore une situation déjà critique.
Les 29 partenaires demandent instamment au gouvernement israélien « d’accorder une autorisation à toutes les livraisons d’aide des ONG internationales et de lever tous les obstacles qui empêchent des acteurs humanitaires essentiels d’intervenir ». Ils réclament la mise en place de mesures « immédiates, permanentes et concrètes » pour permettre un accès « à grande échelle et en toute sécurité » des Nations Unies, des ONG et de l’ensemble des partenaires humanitaires.
Le texte précise que tous les points de passage et les routes doivent être ouverts afin de permettre l’entrée massive de vivres, de produits nutritifs, d’abris, de carburant, d’eau potable, de médicaments et d’équipements médicaux. Les signataires rappellent également que « la force létale ne saurait être utilisée sur les sites de distribution » et que la protection des civils, des travailleurs humanitaires et des personnels de santé est une obligation.
Avec AFP/RFI