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mardi 9 septembre 2025
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Sept gosses et un bateau

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Sept gamins de quinze ans volent un bateau, traversent trois cents kilomètres de Méditerranée, débarquent à Ibiza comme s’ils avaient pris un bus scolaire. Voilà où nous en sommes. Pas besoin de romans ni de statistiques : une image suffit. Celle d’une jeunesse qui n’attend plus rien, qui préfère l’océan au pays.

On dira que c’est de l’inconscience. On dira que ce sont des mineurs, qu’il faut les rapatrier, qu’il faut sermonner les parents. On dira tout, sauf l’essentiel : s’ils ont pris la mer, c’est parce qu’ici, on leur a volé leur horizon avant même qu’ils ne volent ce bateau.

Depuis qu’il a été « élu » ou plutôt désigné, Notre Président enchaîne les promesses comme on raconte des histoires à dormir debout. Promis : des logements, des emplois, des réformes. Résultat : des queues interminables, du chômage, des prix qui flambent. Promis : une Algérie nouvelle. Résultat : un vieux décor repeint. Promis : écouter la jeunesse. Résultat : sept ados qui répondent par un bras d’honneur marin.

Le plus tragique, c’est que ce geste insensé fait rire certains et pleurer d’autres. « Bravo pour le courage », disent les uns. « C’est un scandale », disent les autres. Et au milieu, un État qui feint la surprise, qui promet une enquête, qui versera peut-être une larme télévisée avant de passer à autre chose. La mise en scène habituelle : le mensonge, cette fois sous forme de compassion.

Mais les gosses n’écoutent plus. Ils savent qu’on ne construit pas un avenir avec des discours creux. Ils savent qu’on ne mange pas de la dignité patriotique quand on a le ventre vide. Ils savent qu’aucun ministre ne les sauvera, parce que les ministres se sauvent eux-mêmes. Alors ils ont pris la barre. Sans expérience, sans carte, mais avec une certitude : mieux vaut se perdre en mer que se noyer à sec.

Voilà le bilan Tebboune. Six ans à jongler entre promesses creuses, blagues officielles et larmes de crocodile. Six ans à bricoler un pays qui se défait. Six ans pour accoucher d’une vérité simple : les jeunes n’y croient plus. Le pouvoir s’entête à jouer au père de famille, mais ses enfants lui échappent, parfois en pleine mer.

On peut toujours accuser l’Espagne, l’Europe, les réseaux sociaux. On peut inventer des complots, des manipulations, des agents étrangers. On peut tout dire, sauf la vérité nue : si sept mineurs prennent le risque de traverser la Méditerranée, c’est que le système a déjà coulé.

Alors oui, Tebboune aura marqué l’histoire. Pas par ses réformes, mais par sept gosses dans un bateau volé, filant vers Ibiza comme on fuit un incendie. L’Algérie nouvelle ? Elle est déjà partie avec eux.

Zaïm Gharnati

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2 Commentaires

  1. M.
    Votre billet est un gros mensonge.
    Ces jeunes sont bien portants et ne souffrent ni de pauvrete ni de misere.
    Lorsqu’on a entre 14 ans et 17 ans on ne reflechit pas , on est tres influencable .
    Ces jeunes sont victimes d’un matraquage mediatique de certains sur les reseaux sociaux , sur des pages electroniques , qui a longue de journee presentent l’Algerie comme un enfer et l’europe comme un paradis .
    Ces pauvres jeunes vont vite dechanter et se confronter a la realite europeenne amere ( chomage, vie et loyer tres cher , racisme , insecurite .) Tres jeunes, sans diplomes sans aucune experiemce , sans argent ils risquent d’etre exoloites par des reseaux mafieux . Je souhaite de tout coeur que l’Algerie fera tout pour les rapatrier pour leur bien et le bien de leurs familles .
    Ne vous en deplaise , la vie est plus facile et moins chere en algerie et les opportunites pour un jeune de construire son avenir son plus nombreux en algerie qu’en europe.

  2. Merci à Zaim Gharnati de soulever cette question tragique du désir insatiable de notre jeunesse de trouver ailleurs un bol d’air et de liberté, de fuir la mal-vie. Il convient tout d’abord de souligner que cela ne concerne pas seulement les jeunes, mais aussi les personnes âgées, et parfois même des familles entières.

    Ce qui me frappe le plus, c’est que ces harragas qui risquent leur vie, choisissent toujours un pays occidental, et donc un pays de culture chrétienne, comme terre d’exil ! C’est étrange, et il faut essayer de chercher à comprendre pourquoi. En effet, ils cherchent rarement à aller vivre dans un pays arabo-musulman. Une question pertinente.

    La proposition d’ouvrir un débat public large et libre et d’organiser des conférences pour discuter de cette question, de rechercher des solutions objectives est une bonne idée, mais à condition que le gouvernement n’intervienne pas. Nous connaissons le gouvernement algérien : rien n’est permis avec lui s’il n’organise pas lui-même ses propres conférences et discussions. Comme nous le savons, il trouvera toujours le moyen de nous expliquer que la faute incombe à Israël, au Maroc, à la France et aux ennemis de l’Algérie, à Boualem Sansal, à Kamel Daoud, à Macron etc…

    Notre 3hammi Tebboune nous expliquera que cela provient de pays jaloux de notre beau et vaste pays qui, selon lui, connaît une croissance économique fulgurante, un pays qui deviendra dans quelques années la première puissance africaine, voire méditerranéenne. 3hammi Tebboune nous dira que ce sont les pays ennemis de l’Algérie qui poussent nos meilleurs enfants à quitter le pays.

    Ainsi, tant que nous ne parviendrons pas à changer le régime algérien et sa gouvernance, tant que nous n’imposerons pas l’État de droit, un État civil plutôt que militaire, et un pouvoir judiciaire et des médias indépendants, on n’avancera pas beaucoup. Cela ne se fera que par une lutte pacifique permanente pour une transition démocratique inclusive avec un objectif et des échéances, période au cours de laquelle un gouvernement de transition sera désigné pour assurer la continuité de l’État. Si nous n’y parvenons pas à nous continuerons malheureusement à tourner en rond, nous continuerons de perdre certains de nos meilleurs jeunes, ainsi que de nombreux talents qui choisissent également la voie de l’exil.

    C’est une tâche certes difficile et ardue, mais elle doit être l’objectif premier de tout Algérien patriote qui aime son pays et qui est convaincu que sans changement de régime et sans libertés démocratiques, nous ne pourrons pas aller bien loin.

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