Un influenceur ultraconservateur américain, puisque c’est cela de nos jours les grands penseurs, philosophes, politiciens éclairés, militants de la bonne cause et d’un don charismatique pour capter des revenus immenses sur les réseaux sociaux, a été tué d’une balle lors d’une réunion publique dans une université américaine de l’Utah.
Charlie Kirk, âgé de 32 ans, avait été l’un des principaux soutiens de Donald Trump et a « influencé » une quantité invraisemblable de jeunes américains pour son élection. Il en est devenu un des plus proches, l’hommage très appuyé du président n’en laisse aucun doute.
Ce citoyen de Chicago avait abandonné ses études pour se consacrer au militantisme d’extrême droite. Cofondateur alors seulement âgé de 18 ans d’un mouvement de jeunesse, une association qui est devenue plus tard le plus gros mouvement des jeunes conservateurs. Il était évident qu’il arrivât un jour à entrer dans la sphère de Donald Trump.
Et ce sera terminé de mon exposé sur une très courte biographie car ce n’est pas l’information en elle-même qui me pousse à ce papier mais ce qu’elle signifie pour moi. Si cette signification a de multiples portes d’entrées, il en est une qui m‘intéresse aujourd’hui.
Comme tous les ultraconservateurs américains l’un de leurs points doctrinaires est la défense acharnée pour la liberté du commerce et de l’utilisation des armes. Une liberté qu’ils disent être garantie par le second amendement du Bill of Rights (chartre des libertés incluse dans la Constitution américaine) dont les termes sont les suivants,
« Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne doit pas être transgressé. »
Je rejoins le bord des nombreux juristes qui n’ont cessé d’affirmer que l’interprétation du mot milice et des conditions de la légitimité de ses droits est erronée. Nous savons le désastre qu’a produit cette mauvaise interprétation. Les Etats-Unis en sont arrivés à la légitimation de la vente d’armes comme on achète un Coca- Cola.
La violence quotidienne par les tueries et aussi par les tueries de masse est devenue l’une des marques de ce pays. Bien entendu cette affirmation est souvent caricaturale mais elle est néanmoins réelle dans une proportion qui reste encore très élevée.
Dès la naissance de ce second amendement c’était évident que la droite américaine, conservatrice ou fasciste, allait s’en accaparer. Je renvoie le lecteur à la liste des identifiants de la doctrine fasciste et moi-même en avait fait état dans ce même journal à de nombreuses reprises.
C’est ainsi que par ce détour nous revenons à Charlie Kirk. Sa défense pour l’achat et le port des armes (donc une légitimation de leur utilisation pour la défense des citoyens) avait été martelée dans toutes ses interventions publiques et dans les réseaux sociaux.
Un suspect de 22 ans, Taler Robinson, a été dénoncé par son père. On peut sans réserve affirmer que c’est pour protéger son fils d’une mort certaine dans une chasse à l’homme sans complaisance.
Il n’est pour l’instant que suspect mais on peut à l’évidence constater qu’il n’y a eu aucune retenue à croire que ce gamin est coupable. Cela n’a pas été jugé comme impossible dans cette ambiance légale généralisée.
Certes une action meurtrière envers un acteur politique peut arriver et arrive encore dans n’importe quel autres pays dans le monde et que les personnes en souffrance psychiatrique sont dans les suspects toujours possibles.
Charlie Kirk, un autre gamin de la politique lorsqu’il s’était engagé à 18 ans, a laissé derrière lui une épouse et deux bambins maintenant orphelins. Dans son dernier souffle, a-t-il eu le temps de se réjouir que son discours sera la preuve de sa légitime et utilité pour le peuple américain ?
Il avait tant fait pour armer les américains comme si l’acte sacrificiel aura été l’ultime gloire de son combat.
Sid Lakhdar Boumediene