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mercredi 24 septembre 2025
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Inondations en Algérie : entre dérèglement climatique et défaillances locales !

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Depuis dimanche dernier, les températures ont chuté marquant l’un des épisodes climatiques les plus intenses de ces dernières années. Selon les Bulletins météorologiques spéciaux (BMS) de l’Office national de la météorologie (ONM), ces conditions extrêmes devraient persister jusqu’à demain. Pluies torrentielles, chutes de neige abondantes et températures glaciales se conjuguent pour redessiner le paysage de plusieurs wilayas.

Ces intempéries, n’ont pas été sans conséquences : inondations locales, routes coupées et risques accrus de glissements de terrain compliquent le quotidien des habitants. 

Si certaines régions, comme la Capitale ou l'Est du pays sont concernés par ces risques d’inondations à l’orée de la saison automnale, tout le territoire est, en définitive, sensible à ce genre de catastrophes naturelles. 

Comment expliquer sinon, qu’une pluie, aussi torrentielle soit-elle, pouvait en quelques heures seulement, submerger des pans entiers d’une ville voire une capitale comme Alger ? 

Des quartiers entiers, des parkings, des routes et des tunnels, se sont retrouvés sous les eaux très rapidement, causant d’importants dégâts.

Les autorités concernées avaient pointé du doigt la météo, expliquant que primo « la quantité d’eau tombée en trois heures [à Alger] équivalait à la quantité d’habitude enregistrée durant un mois complet » et secundo « les avaloirs, quelles que soient leurs capacités, qui n’avaient pas pu absorber les quantités de pluie tombées en un laps de temps réduit ».

Aujourd’hui, force est de constater qu’en l’absence de toute stratégie d’intervention des communes à moyen et à long termes, les mêmes erreurs et les mêmes défaillances se reproduisent de manière cyclique, avec leur lot de drames humains et de dégâts matériels, à l’orée de chaque saison automnale.

A leur décharge, il faut dire que les responsabiliser sur tout et rien, c’est quelque part aller vite en besogne au regard de la faiblesse des moyens mis à leur disposition !
Dans l’absolu, que peuvent-elles faire devant le « dérèglement climatique» qui touche l’ensemble des pays du bassin méditerranéen ?

Anticiper pour le moins, les événements, alerter les populations, secourir les sinistrés, les reloger même provisoirement, car, c’est leur rôle ! Mais comme à chaque fois, la responsabilité est imputée à l’Office national de météorologie (ONM):

On lui reproche de ne pas cibler les localités exactes qui seront affectées par les intempéries, alors que son rôle se limite à donner des alertes à travers la diffusion des BMS (Bulletin météorologique spécial) en temps réel. 

 Raisonnablement, la météo ne peut faire face aux intempéries et aux inondations, d’autres facteurs interviennent justement dans cette situation. L’on cite souvent la mauvaise gestion des villes et la négligence. 

Les collectivités locales n’accordent pas beaucoup d’importance au curage des avaloirs et des regards de la voirie. Ces travaux qui devraient être entrepris en été, auraient certainement permis d’éviter leur obstruction par les premières pluies automnales et le refoulement de ces eaux !

Le risque zéro n’existe pas ! 

Quelle que soit l’importance des mesures préventives, il faut s’adapter pour faire face aux différents risques par la mise en œuvre de moyens humains et matériels appropriés. Les pouvoirs publics ont le devoir, une fois l’évaluation des risques établie, d’organiser les moyens de secours nécessaires pour faire face aux crises. Cette organisation nécessite un partage équilibré des compétences entre l’État et les collectivités territoriales. 

Le président d’APC est responsable de l’organisation des secours de première urgence en déclenchant le plan Orsec. 

Ce plan, qui s’appuie sur les informations contenues dans le dossier d’information communal sur les risques majeurs, définit les mesures immédiates de sauvegarde et de protection des personnes, l’organisation nécessaire à la diffusion de l’alerte et les consignes de sécurité et enfin la mise en œuvre des dispositions d’accompagnement et de soutien à la population.

Le laisser-aller, l’absence, parfois, de plans Orsec et les interventions conjoncturelles d’un personnel non formé pour la circonstance aggravent la situation, quand la catastrophe se produit. Les opérations d’entretien préventif, quand elles ont lieu, ne doivent pas, en principe, s’inscrire dans un calendrier saisonnier, dans la mesure où les calamités sont imprévisibles, n’ont cessé de répéter tous les spécialistes de la question.

Il y a aussi le manque d’informations concernant la consistance et l’état des moyens à mutualiser et à mobiliser à l’échelon national et aussi des ressources humaines à réquisitionner quand la catastrophe touche une ou plusieurs wilayas, ce qui laisse perplexe les responsables en charge de coordonner les secours, en l’absence d’un fichier central informatisé.


Dans ce registre, un responsable du ministère des Ressources en Eau avait annoncé, il y a quelque temps, qu’un « Plan national de protection des villes contre les inondations » avait été établi, dans le cadre d’une stratégie allant jusqu’à 2030 ».

On a entendu aussi parler « d’une étude sur le phénomène des inondations en Algérie et les moyens de réduire leur impact », financée par l’Union européenne pour un coût de 1,2 million d’euros.

Simples effets d’annonce ou projets concrets, toujours est-il qu’au jour d’aujourd’hui, les inquiétudes demeurent et les Algériens se souviennent encore des drames causés par :

– Les inondations de Bab El-Oued (10 novembre 2001) et les torrents de boue qui se sont déversés dans l’oued principal du Frais-Vallon faisant 1000 victimes et aucun responsable n’a été inquiété !

– Celles de Ghardaïa en 2008, quand des pluies diluviennes se sont abattues sur la région pendant 48 heures. En amont, elles ont trouvé comme réceptacle des oueds et de là, les eaux ont déferlé, débordé et emporté tout sur leur passage, à travers huit communes, dont celle située dans la vallée du M’zab, Ghardaïa !

Le bilan s’est soldé par 49 morts, des dizaines de blessés et autant de personnes traumatisées, sans compter les dégâts matériels qui se chiffrent en milliards !

Le « déchaînement des éléments » est-il le seul responsable de ce qui s’est passé à Ghardaïa, mais aussi à Bab El-Oued et toutes les régions qui en gardent encore les stigmates ?

Mais s’il venait à se produire une quelconque catastrophe dans une région où « on aurait fermé les yeux sur des habitations édifiées sur des conduites de gaz, ou des bâtisses construites dans des lits d’oueds, ou plus encore des travaux de réalisation ou de réfection bâclés par des entreprises non compétentes et qui auraient impacté, gravement, sur des citoyens ou leurs biens », chaque responsable, direct ou indirect, de cette situation aurait à répondre de sa négligence.

Il faut aussi reconnaître qu'en l'état, nos communes sont démunies devant ces périls !La plupart d'entre elles ne disposent même pas d'un « système d'alerte et d'information de la population ». 

A cela il faut ajouter le manque d’organisation des services de nettoyage et d’entretien ainsi que le laxisme de certains responsables locaux qui ne prennent pas les mesures d’anticipation qui s’imposent en cette basse saison et qui ne donnent même pas suite aux BMS spéciaux qui leur sont transmis !

Les oueds menacent nos villes et les alertes météo vont être fréquentes et il n’est pas question de se défausser sur les autres, comme l’a fait, par exemple, l’ancien maire d’Alger-centre dans un entretien qu’il a accordé à un journal en ligne. S’expliquant sur les inondations provoquées par les premières pluies qui ont bloqué la circulation automobile pendant des heures, il a affirmé : « je pense que cela s’est produit à cause des travaux qui sont en cours et notamment le sable utilisé dans les chantiers ».

A la question de savoir qui était responsable, le maire bottant en touche, a pointé du doigt les entreprises SEAAL et Sonelgaz « qui font la sourde oreille à nos réclamations en refusant de remettre en état les lieux quand elles interviennent sur la chaussée, laissant sur place les gravats qui obstruent les avaloirs et les égouts!».

Pour notre bonne compréhension, rappelons que la gestion du risque d’inondations est partagée entre l’Etat et les Collectivités Locales.

En matière d’intervention, la coordination interministérielle doit revêtir, obligatoirement, un caractère intersectoriel, ce qui n’est pas souvent le cas et les résultats s’en ressentent.

Said Sayoud, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités Locales et des Transports, vient d’intégrer, très opportunément, dans la stratégie de son département, outre «l’amélioration des services publics » qui était pour lui une exigence, et qui est devenue aujourd’hui une réalité, la nécessité d’enclencher «un plan de réforme des collectivités locales » susceptible de les doter en nouveau mode d’organisation et de gestion, en mécanismes et outils, de manière à leur permettre de réaliser leurs objectifs.

Il faudrait organiser des cycles de formations en matière de « gestion des risques» pour les présidents d’APC, les doter en moyens de réalisation et d’intervention (camions et engins de toutes sortes), ces efforts doivent être absolument poursuivis, si l’on souhaite mettre au premier plan l’intelligence et l’innovation économiques, sortir de la dépendance des hydrocarbures et vivre de ce que nous pourrons produire.

Cela passe, nécessairement par l’engagement des responsables locaux, la dépénalisation de l’acte de gestion, mais également et surtout, par la « réforme des finances et de la fiscalité locales », celle-là même qui permettrait aux maires de valoriser leur patrimoine, profiter de leurs ressources et gisements fiscaux et partant, monter des projets et les financer sans recourir aux subventions de l’Etat.

En un mot, il s’agirait de faire fonctionner les communes comme des «entreprises» !

De ce qui précède , la problématique des inondations doit être, à l'orée de cette basse saison, une priorité pour le gouvernement de Ghrieb Sifi, car dans notre pays au climat semi-aride, voire aride dans la majeure partie, leur survenance ne peut-être qu'un paradoxe, mais quand cela se produit, l'impact est dramatique, autant sur les personnes que sur les biens !

En définitive, la récurrence des inondations en Algérie ne peut être imputée au seul « déchaînement des éléments ». 

Si le dérèglement climatique amplifie les phénomènes extrêmes, les faiblesses structurelles, le manque d’anticipation et la gestion conjoncturelle des crises aggravent leurs conséquences. 

L’heure n’est plus aux constats ni aux effets d’annonce : il s’agit désormais d’ériger la gestion des risques majeurs en priorité nationale, en dotant les collectivités locales de moyens réels, en instaurant une culture de prévention et en renforçant la coordination intersectorielle. Car, dans un pays où l’eau est rare mais où les pluies se transforment en drames, chaque retard dans l’action coûte cher, en vies humaines comme en patrimoine collectif.

Cherif Ali, ancien chef de daïra

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1 COMMENTAIRE

  1. Nier sa propre histoire c’est choisir d’ignorer ses propres realite’s. Toute la chaine de l’Atlas de l’Atlantique a la Lybie n’a pas pousse’ comme ca par hasard. Elle se trouve au bord de la plaque techtonique Africaine et a 2 doigts de l’intersection avec 2 autres: Eurasienne et Atlantico-Americaine. Et ca dance sans arret dans la region. Il n’est pas a exclure qu’un beau matin, l’ouverture au Gibraltar ne cracque davantage laissant rentrer des quantite’s incalculables d’eau dans la mediteranne’e, causant des tsunamis inemaginables – avec les eaux allant jusqu’a Tamanrasset. Ca s’est deja passe’ !!!

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