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mardi 7 octobre 2025
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Sous la khaïma du Sahara à Marseille

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Entre Ghardaïa et Constantine, l’âme du désert s’invite à la Foire internationale de Marseille. Sous la tente de Nassro Hadj Moussa, le thé, le tissu et la mémoire s’unissent dans un même souffle d’Algérie.

Chaque automne, la Foire internationale de Marseille devient un carrefour de cultures et de senteurs. Mais c’est au Hall 6, plus connu sous le nom de Village du Monde, que l’on retrouve l’une des plus belles respirations du salon : la khaïma saharienne. Sous sa toile épaisse, tissée à la main, l’agitation du monde s’efface pour laisser place à une douceur rare — celle du thé, du silence et de la mémoire.

À l’origine de cette tente, il y a un homme : Nassro Hadj Moussa, diminutif de Nasseredine. Né à Constantine, la ville du pont suspendu et du malouf, il vit aujourd’hui à Ghardaïa, cité du M’zab aux maisons ocre et à la rigueur solaire. Dans sa khaïma, ces deux mondes se rencontrent : le Nord lettré et musical, et le Sud artisanal et spirituel.

Pour concevoir cette tente, Nassro n’a rien laissé au hasard. Il a choisi un tissu artisanal de Ghardaïa, confectionné selon des méthodes ancestrales. La laine, filée à la main, conserve l’odeur du sable et du feu. Les motifs géométriques, discrets mais puissants, rappellent les architectures mozabites, leur ordre, leur harmonie et leur sens du sacré. « Ce tissu, dit-il, c’est la peau du désert. Il protège et raconte. »

Sous la khaïma, Nassro accueille les visiteurs avec la générosité tranquille des gens du Sud. Il prépare lui-même le thé du Sahara, boisson devenue au fil du temps un véritable rite d’hospitalité. Le thé n’est pas versé, il est offert, dans un geste mesuré, presque cérémoniel. L’eau chauffe lentement sur le brasero, les feuilles de thé vert se mêlent à la menthe fraîche, puis Nassro verse de haut, sans trembler, pour créer la mousse parfaite — signe du respect accordé à l’invité.

Ce thé, amer et sucré à la fois, reflète l’équilibre du désert : la rigueur et la douceur, la solitude et la chaleur humaine. Chaque gorgée transporte vers les dunes, là où les caravanes faisaient halte pour échanger les nouvelles du monde. Boire le thé, c’est renouer avec un art du temps : celui qui s’écoule lentement, au rythme de la conversation et du feu.

Cette année, la khaïma s’est ouverte à une note constantinoise. Sur une table basse en cuivre, la djouzia, confiserie de miel et de noix, attend les visiteurs. La douceur du sucre se mêle à la fraîcheur du thé, tandis qu’en fond, s’élèvent les airs feutrés du malouf. Pas de musiciens visibles — juste la musique, venue de loin, comme une brise d’Andalousie passée par Constantine. Elle enveloppe la tente, adoucit les mots, relie les mémoires.

Ainsi, sous cette khaïma du Hall 6, Ghardaïa rencontre Constantine, et Marseille devient pour un instant un carrefour d’Algérie. Les tapis berbères, les lampes de cuivre, les verres de thé, tout semble dialoguer. Le désert y parle à la mer, la tradition à la modernité, la mémoire à l’exil. Car pour beaucoup de visiteurs, cette tente n’est pas un simple décor : c’est un retour symbolique, une parenthèse d’appartenance dans un monde trop rapide.

Nassro, lui, observe en silence. Il sourit, raconte volontiers l’histoire de la khaïma : son nom vient du verbe arabe khama, « abriter ». Jadis, elle était l’unique maison des nomades, montée et démontée selon le vent. Elle symbolisait la liberté, mais aussi la fragilité de la vie humaine face à l’immensité du désert. Aujourd’hui encore, elle conserve cette sagesse du provisoire : rien n’est figé, tout passe, sauf la mémoire.

Quand on quitte la tente, le vacarme de la Foire revient d’un coup. Les lumières artificielles, les cris, les stands saturés contrastent avec la paix intérieure que la khaïma dépose dans l’esprit. Dans la bouche, il reste un goût de menthe et de miel ; dans le cœur, une impression de retour à soi.

Sous cette toile venue de Ghardaïa, dans cette lumière qui rappelle le Sahara, Marseille se découvre un autre visage — celui d’un port d’accueil où la culture algérienne, patiente et fière, continue d’abriter les mémoires et les rêves.

Djamal Guettala

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