En Tunisie, la présidente de l’association Mnamti, Saadia Mosbah, militante contre le racisme et pour les droits des migrants, dénonce depuis sa détention à Nabeul des conditions difficiles et réclame d’être jugée en liberté. Sa situation met en lumière les pressions exercées sur la société civile tunisienne et les atteintes aux droits fondamentaux.
La présidente de Mnamti et militante des droits humains, Saadia Mosbah, a indiqué dans une lettre rendue publique par la campagne « Contre la criminalisation de l’action civile », mardi 21 octobre 2025, qu’« elle n’a toujours pas été informée de la décision de la chambre d’accusation, plus de deux mois après son rendu », considérant cela comme « une privation de son droit constitutionnel à l’information et une atteinte à sa dignité ».
Dans une autre lettre, datée du 3 septembre 2025 et envoyée depuis la prison de Béni Khalled (Nabeul), elle précise que « son état de santé est stable, mais qu’elle vit dans un état constant de tristesse et d’inquiétude, redoutant de mourir en détention ».
La militante critique également la lenteur des procédures judiciaires. Le juge d’instruction a désigné un expert-comptable pour examiner ses documents, mais celui-ci ne l’a jamais contactée ni demandé la moindre pièce. « C’est incompréhensible », écrit-elle, exprimant frustration et méfiance envers le traitement de son dossier.
« Je veux être jugée libre »
Saadia Mosbah souligne qu’elle n’a aucune objection à comparaître devant la justice, mais exige que son procès se déroule en liberté et dans le respect intégral de ses droits. Elle réclame aussi le droit de recevoir ses proches sans restriction et annonce son intention de saisir les instances internationales après la décision de la Cour de cassation si ses demandes ne sont pas respectées.
Conditions de détention difficiles
La militante dénonce des conditions de vie éprouvantes : « Comme toutes les détenues, je souffre de la soif en raison de l’absence d’eau potable, surtout lors des périodes de forte chaleur, et de la faim ». Elle signale également que « l’on m’empêche de choisir les livres que je souhaite lire et leur arrivée peut prendre plusieurs mois », estimant que « cette restriction porte atteinte à mon droit à la lecture, qui constitue un moyen d’expression et de liberté ».
Pression sur le travail associatif
La campagne « Contre la criminalisation de l’action civile » avait déjà exprimé, le 6 août 2025, son indignation face à la décision de la chambre d’accusation de rejeter partiellement le dossier et de rouvrir l’instruction dans l’affaire concernant Mnamti. Selon la campagne, cette évolution est « dangereuse pour la justice et le travail civil ».
Elle précise que « la décision a réactivé plusieurs accusations qui avaient été précédemment abandonnées contre Saadia Mosbah et plusieurs autres membres, constituant ainsi un ciblage direct des activités solidaires et civiques ». La campagne estime également que « cette décision reflète une politique de pression sur la liberté d’association et la liberté d’expression en Tunisie, mettant en évidence des violations claires des garanties constitutionnelles et des normes internationales relatives aux droits civils ».
Il convient de rappeler que l’association Mnamti avait annoncé, le 7 mai 2024, l’arrestation de sa présidente après une perquisition à son domicile, avant que le juge d’instruction ne décide de son placement en détention. La campagne sécuritaire qui a suivi a touché plusieurs militants associatifs travaillant avec des migrants et des demandeurs d’asile, ce que le Forum tunisien des droits économiques et sociaux a qualifié de « ciblage d’activistes des droits humains et de l’immigration, ayant mené des activités légales et transparentes, souvent en coordination avec les autorités ».
La situation de Saadia Mosbah interpelle la société civile et la communauté internationale sur le respect des droits fondamentaux et sur la protection des acteurs associatifs en Tunisie. Ce pays que dirige d’une main de fer Kaïs Essaïd s’illustre plus désormais par le nombre de détenus d’opinion qui croupissent en prison que par sa transition démocratique.
Mourad Benyahia
Ca s’appele la justice arabo-islamique – ni plus ni moins ! Baisser la tete a genoux signifie PACIFIE’ ! Les reste est la recompense…