Sous le haut patronage du Premier ministre, la présidente de l’Observatoire national de la société civile (ONSC) et du Croissant-Rouge algérien (CRA), Dr Ibtissem Hamlaoui, a donné jeudi à Tizi Ouzou le coup d’envoi officiel des assises wilayales des comités de quartiers et de villages. Contrôle, verticalité… ce raout n’est pas dénué d’arrière-pensées.
L’événement, organisé à la Maison de la culture Mouloud Mammeri, s’est déroulé en présence du wali, Aboubakr Essedik Boucetta, du représentant du ministère de l’Intérieur, Djilali Hammam, d’élus et d’un large panel d’acteurs associatifs.
Sur le papier, ces assises visent à promouvoir la démocratie participative, renforcer le rôle des comités de proximité et impliquer les citoyens dans la gouvernance locale. Dans les faits, elles s’inscrivent dans une stratégie plus globale du pouvoir : celle d’un encadrement étroit du champ associatif et d’une participation citoyenne sous contrôle.
Un lancement symbolique mais lourd de sens
Le choix de Tizi Ouzou, présenté comme « wilaya pionnière » par la présidente de l’ONSC, n’est pas anodin. La région, qui compte plus de 1 100 comités de quartiers et de villages, incarne historiquement un modèle d’auto-organisation communautaire à travers le système ancestral de la Tajmaât. Cette institution traditionnelle, synonyme de délibération collective et d’autonomie locale, symbolise une forme de société civile enracinée dans la participation directe.
Or, c’est précisément cette tradition de gouvernance communautaire que le pouvoir tente désormais d’institutionnaliser — ou, selon certains analystes, de neutraliser. En plaçant le lancement des assises sous la bannière de l’ONSC, structure étroitement liée à la présidence, le message est clair : l’État veut être l’acteur principal de la « refondation » du lien entre société et institutions, dans un cadre maîtrisé et hiérarchisé.
Entre participation affichée et contrôle discret
Pour le politologue Mohamed Hennad, cette dynamique s’inscrit dans une logique de reprise en main du champ social. Selon lui, « les structures créées à la suite du hirak, telles que l’Observatoire national de la société civile ou le Conseil supérieur de la jeunesse, ne visent pas à organiser la société, mais à permettre à l’appareil sécuritaire de s’y infiltrer, afin d’éviter une réédition du soulèvement de 2019 ».
Le discours officiel, axé sur la citoyenneté active et la proximité, contraste donc avec une réalité où la société civile reste sous tutelle. La cérémonie de lancement de ces assises nationales, largement médiatisées, servent davantage à légitimer la gouvernance participative proclamée qu’à offrir un véritable espace de débat. Les associations présentes sont souvent invitées, voire désignées, dans un cadre institutionnel où la contestation ou la critique sont peu tolérées.
Une approche verticale de la société civile
La présidente de l’ONSC a insisté sur la nécessité d’impliquer les comités de villages dans la lutte contre les fléaux sociaux — notamment la drogue et la violence — et de renforcer leur rôle dans la sensibilisation et la cohésion communautaire. Mais cette approche réduit la société civile à un outil d’accompagnement social, cantonné à des missions de soutien moral ou de gestion de proximité, loin de toute revendication politique ou citoyenne structurante.
Cette orientation illustre ce que Hennad décrit comme une « domestication du civisme » : transformer la participation en instrument de stabilisation plutôt qu’en levier d’émancipation. Les comités de quartier, au lieu d’être reconnus comme espaces d’autonomie et de proposition, se voient intégrés dans un dispositif de gouvernance verticale, où la société civile devient un relais de la politique de l’État.
La symbolique du contrôle
Même la dimension cérémoniale de ces assises — remise de prix aux villages les plus propres, signature d’une convention entre le CRA et l’association Ikraa — participe à cette mise en scène d’une société civile disciplinée, valorisée dans la mesure où elle s’aligne sur les priorités institutionnelles. Les thèmes abordés (environnement, sécurité communautaire, lutte contre les risques) relèvent d’une approche technocratique, non politique, de la citoyenneté.
Ainsi, derrière le discours consensuel sur la « participation », se dessine une logique de canalisation du civisme, où les associations sont invitées à participer sans pouvoir réellement peser. L’État organise la société civile, mais n’accepte pas qu’elle s’organise elle-même.
Une Algérie nouvelle sous surveillance
En définitive, ces assises, censées consolider le rôle des comités de proximité dans la gouvernance locale, traduisent moins une ouverture politique qu’un effort de recentralisation du champ social sous couvert de modernisation participative. L’« Algérie nouvelle » vantée par le discours officiel reste ainsi marquée par un paradoxe : la volonté d’impliquer les citoyens sans leur accorder d’autonomie réelle.
Pour reprendre les mots de Mohamed Hennad, la société civile algérienne est aujourd’hui « non pas fécondée, mais stérilisée par le contrôle ». Les institutions créées pour la dynamiser pourraient, à terme, contribuer à l’étouffer si elles ne laissent pas émerger des espaces libres, critiques et indépendants — conditions essentielles de toute démocratie vivante.
Sofiane Ayache


Tout ça vous est servi avec un gros plat de spaghetti dans votre face, dans votre cuisine. Pour retrouver votre langue supposée nationale et officielle, faites un tour à la maison de l’artisanat, elle y serait enfouie là, peut-être, au milieu des poteries, ou dans une zerda de danses folkloriques.
Oui c’est vrai … J’avais oublié de mentionner : AUSSI langue nationale, disent-ils M. le commissaire.
AZUL !
L’association ‘Iqraa’ est partout ! C’est un véritable virus inoculé dans la société, en particulier kabyle. Elle contribue à donner -dit on – des « cours » d’alphabétisation ; en réalité, elle (kh)arabise et islamise à outrance ! . Est bien malin (!) qui pourrait débusquer la source (exacte) de ses colossaux fonds et moyens …
Allagh inu iqariyid d yiweth tmurth qarnas « q….r ».
« Contrôle, verticalité… ce raout n’est pas dénué d’arrière-pensées ». Depuis 1962, peut-être même avant, rien de ce genre ne se fait sans arrière-pensées, surtout s’agissant du milieu associatif. Quand le soi-disant Observatoire national de la société civile est présidé par une certaine « docteur sourire » qui se plaignait du hirak qui l’empêchait de faire sa sieste en toute tranquillité, on est en droit de se poser de sérieuses questions quant à la raison réelle derrière la désignation de la wilaya de Tizi Ouzou comme « wilaya pionnière ». Pionnière dans la domestication des 1 100 comités de quartiers et de villages? Plus que certain. Après tout, on a bien domestiqué la justice, la presse, l’intelligentsia et tutti quanti. Les comités de quartiers et de villages? Une formalité, sans plus. L’effet domino. Faire tomber Tizi et le reste suivra sans coup férir. Force est de constater qu’ils en ont dans le tibia. En attendant, à tous les représentants (réels et fantoches) des comités de quartiers et de villages, présents à ces soi-disant assises wilayales, je me permets de dire: Ettes, ettes. Mazal l’hal …! « Dors, dors. Il n’est pas encore temps… ». Ton temps de parole? tu peux toujours attendre. Dans une autre vie, incha Allah! Au risque de me répéter, ettes, ettes, maaaaaaaaaaaaaaaaaazal l’hal!