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jeudi, 30 octobre 2025
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Tanzanie : une élection verrouillée autour de Samia Suluhu Hassan

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La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan se présente à une élection présidentielle sans opposition, dans un climat politique étouffé où les principales voix dissidentes ont été écartées, emprisonnées ou réduites au silence.

La Commission électorale nationale a validé la candidature de la cheffe de l’État, investie par le Chama Cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir sans discontinuer depuis l’indépendance. En revanche, elle a banni de la compétition le principal parti d’opposition, le CHADEMA, au motif qu’il aurait refusé de signer le code de conduite électoral. Son leader emblématique, Tundu Lissu, est détenu depuis avril, poursuivi pour “trahison” — une accusation jugée politique par ses partisans et plusieurs ONG internationales.

L’autre grande formation d’opposition, ACT-Wazalendo, a elle aussi été neutralisée. Son candidat, Luhaga Mpina, ancien député du CCM ayant fait défection, a été disqualifié pour “irrégularités dans les primaires”. Son secrétaire général, Ado Shaibu, a dénoncé une décision “honteuse” et une “preuve du manque d’indépendance” de la Commission électorale.

Dans ce contexte, Samia Suluhu Hassan affronte uniquement des candidats issus de petits partis sans audience nationale, transformant le scrutin en plébiscite sans suspense. Les rassemblements de l’opposition ont été interdits, les manifestations réprimées et les réseaux sociaux restreints, notamment Twitter (X), bloqué partiellement à la veille du vote.

Arrivée au pouvoir en 2021 après le décès de John Magufuli, figure autoritaire mais populaire, Samia Suluhu Hassan brigue un premier mandat électif complet. Première femme présidente du pays, elle avait dans un premier temps tenté d’assouplir la ligne politique de son prédécesseur, en relançant le dialogue avec la communauté internationale et en promettant une ouverture démocratique. Mais à l’approche du scrutin, ces promesses se sont évanouies.

Selon Al Jazeera et Reuters, plusieurs disparitions forcées de militants ont été signalées ces derniers mois. Les organisations de défense des droits humains évoquent une dérive autoritaire, où les institutions sont instrumentalisées pour préserver le pouvoir du CCM. Les observateurs indépendants font état d’un taux de participation faible et d’un climat de peur dans certaines régions, notamment à Dar es Salaam et Zanzibar.

Pour la présidente sortante, ce vote doit “confirmer l’unité et la stabilité de la nation”. Dans un message publié sur X avant les coupures, elle a appelé ses partisans à “maintenir l’unité pour assurer la victoire du CCM”.

Au-delà de la victoire attendue de Samia Suluhu Hassan, cette élection interroge sur l’avenir politique d’un pays longtemps cité comme modèle de stabilité en Afrique de l’Est. La Tanzanie donne aujourd’hui l’image d’un régime verrouillé, où la stabilité semble se payer au prix de la démocratie 

Mourad Benyahia 

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