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Quand les olives tombent, la Kabylie se lève

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Il existe en Kabylie une saison qui n’est écrite dans aucun calendrier officiel, mais que tout le monde reconnaît immédiatement : la cueillette des olives.

Dès que les premières olives touchent le sol, un signal invisible traverse les villages, franchit les collines, descend les vallées.

C’est le moment où la Kabylie se lève, d’un même mouvement, comme un seul peuple.

Un peuple entier autour d’un même rituel

Pendant cette saison, c’est tout le village qui se mobilise.

Les champs se remplissent de silhouettes de tous âges :

les hommes, directement perchés dans les arbres, grimpant sans échelles avec une agilité incroyable, secouant les branches avec force et coupant parfois celles qui le nécessitaient pour faciliter la récolte et entretenir l’olivier ;

les femmes, droites et infatigables, étendant les draps, triant les olives, organisant le travail et chantant pour encourager tout le monde dès les premières heures du jour ;

les vieux, assis à l’ombre, gardiens de la mémoire, observant chaque geste et prodiguant des conseils que l’on respecte toujours ;

les enfants, insouciants, transformant les champs en terrain d’aventures ; les jeunes, fiers de renouer avec un héritage qu’aucune modernité ne parvient à effacer.

Les pièges aux oiseaux : les jeux d’enfance

Pour les enfants, l’hiver en Kabylie avait un autre charme.

Ils construisaient des pièges pour attraper les oiseaux de la montagne — imarga, ʿazzi, ijahmam — avec une ingéniosité qui ferait sourire aujourd’hui.

Un fil, une branche courbée, quelques grains de blé… et les voilà fiers comme des adultes quand le piège se refermait.

Les anciens les encourageaient, leur disant de continuer, d’en attraper encore un,

pour que toute la famille puisse y goûter le soir.

C’était un mélange de fierté, de complicité, et de bonheur simple.

Ce n’était pas la prise qui comptait, mais le rite, la participation, et la joie d’être ensemble dans les champs.

Les chants des femmes, l’écho du matin

À mesure que le soleil se levait derrière les crêtes, les voix des femmes commençaient à résonner.

Des chants puissants, réguliers, portés par l’air froid du matin.

C’étaient des chants de courage, de motivation, des mélodies qui donnaient de la force aux hommes dans les arbres et mettaient de la joie partout dans les champs.

La fumée des feux : la montagne vivante

Dans les champs, on voyait la fumée des petits feux.

On y chauffait du thé, on y grillait des galettes, on y réchauffait les mains engourdies.

Ces colonnes fines montaient lentement dans l’air frais du matin et rendaient la montagne vivante, habitée, humaine.

Le retour des ânes chargés d’olives

À la fin de la journée, quand les paniers débordaient et que la fatigue se mêlait à la satisfaction, arrivaient nos fidèles compagnons : les ânes

Ils avançaient lentement sur les sentiers, chargés de la récolte du jour.

Leur pas régulier accompagnait la descente vers le village, clôturant une journée de travail collectif.

Une nostalgie qui serre le cœur

Pour ceux qui vivent loin, cette saison est un souvenir qui ne vieillit pas.

Il suffit d’y penser pour revoir :

les collines humides, la lumière du matin, les chants qui résonnent, le bruit des olives qui tombent, l’odeur du bois brûlé, les rires, la fatigue heureuse.

La cueillette des olives, ce n’est pas seulement une récolte.

C’est la mémoire d’un peuple, un lien profond entre la terre et ceux qui l’aiment.

Et tant que l’olivier se tient debout, la Kabylie aussi se tiendra debout.

Aziz Slimani

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