La Ligue tunisienne des droits de l’homme appelle les autorités à accélérer la mise en place de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur de la magistrature, estimant que leur absence favorise les dérives du pouvoir exécutif et menace directement les droits et libertés.
La Ligue tunisienne des droits de l’homme s’alarme encore une fois des dérives autoritaires de Kaïs Saied. Cette prise de position intervient à l’issue de la réunion du conseil national de la Ligue, tenue du 21 au 23 novembre 2025, dans un contexte décrit comme « très délicat » sur les plans politique, économique et social.
La Ligue dénonce une concentration excessive du pouvoir entre les mains de la présidence et un affaiblissement délibéré des institutions législatives et judiciaires. Elle alerte sur les restrictions grandissantes qui visent la société civile, la multiplication des procès politiques et des poursuites contre les opinions, menées selon elle sans les garanties élémentaires d’un procès équitable.
Le communiqué critique l’« instrumentalisation » du pouvoir judiciaire, illustrée par des décisions de suspension visant des associations actives dans les domaines des droits des femmes, des enfants et des droits socio-économiques. Pour la Ligue, ces mesures s’inscrivent dans une stratégie globale visant à faire taire les voix dissidentes et à réduire l’espace civique.
La situation des libertés demeure préoccupante : la Ligue déplore la dégradation de la liberté de la presse, les pressions exercées sur les journalistes et les poursuites qui les visent. Elle demande l’arrêt des procès contre les prisonniers d’opinion et l’abrogation du décret 54, considéré comme une menace pour l’expression libre.
Sur le plan environnemental, la Ligue qualifie la situation à Gabès de « catastrophique », appelant à déclarer la région zone sinistrée et à démanteler les unités polluantes. Elle critique également la recentralisation administrative et la gestion répressive de plusieurs mouvements sociaux.
Enfin, la Ligue réaffirme sa solidarité avec les peuples soudanais et palestinien et appelle à la promulgation d’une loi criminalisant la normalisation avec Israël.
Mourad Benyahia

