Le placement sous mandat de dépôt du journaliste Saad Bouakba (79 ans) continue de susciter des réactions au sein de la classe politique. Le RCD réclame sa libération immédiate.
Dans un communiqué rendu public jeudi, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) exprime sa « profonde préoccupation » et appelle à la libération immédiate du chroniqueur, poursuivi pour des propos tenus lors d’une émission télévisée.
Pour le parti, si le sujet abordé par le journaliste peut être « sensible » ou « prêter à débat », la détention ne saurait constituer une réponse acceptable. Le RCD rappelle que les outils démocratiques – droit de réponse, débat contradictoire, critique publique – suffisent à réguler les opinions, même dérangeantes ou contestables. « La privation de liberté ne peut en aucun cas être une réponse légitime à une opinion », insiste-t-il.
Le communiqué replace cette affaire dans un contexte plus large. Le parti affirme alerter depuis plusieurs années sur la nécessité d’ouvrir le champ politique et médiatique afin d’éviter que des journalistes ou des acteurs publics ne se retrouvent incarcérés pour des prises de position. Il dénonce un « enfermement systématique » qui, selon lui, étouffe progressivement l’espace du débat public.
Le RCD critique également la mise sous scellés des locaux de la web-TV Vision-TV, qui avait accueilli Saad Bouakba dans plusieurs entretiens. La formation politique qualifie cette mesure d’« arbitraire », estimant qu’elle illustre la volonté du pouvoir de réduire les espaces d’expression indépendants. La fermeture d’un média, souligne-t-elle, prive les citoyens d’un droit essentiel : celui à une information pluraliste.
Le parti juge par ailleurs « incompréhensible » la sévérité des mesures prises, d’autant qu’elles visent un journaliste âgé de 79 ans. Selon lui, d’autres voies, plus respectueuses de la dignité humaine et des principes de justice, étaient possibles.
En appelant à la libération de Saad Bouakba et à la levée des scellés imposés à Vision-TV, le RCD réaffirme sa demande d’une « ouverture réelle du champ médiatique ». Pour le parti, seul un environnement libre et pluraliste permet aux citoyens de se forger leur propre jugement et de distinguer « le vrai du faux » dans un moment où le débat public apparaît de plus en plus restreint. Jusqu’à quand le régime demeurera sourd aux nombreux appels des partis, ONG, intellectuels et journalistes ?
La rédaction

