La 18ᵉ édition de la Foire internationale du livre de Ouagadougou (FILO) s’est achevée, laissant derrière elle l’écho d’un rendez-vous intellectuel et culturel d’une rare intensité.
Pendant six jours, la capitale burkinabè a été le théâtre d’échanges passionnés, de débats stimulants et de rencontres littéraires où se sont croisés auteurs, éditeurs, lecteurs et passionnés venus du continent et d’ailleurs.
Cette édition a rappelé, une fois encore, que la littérature africaine n’est pas un simple objet de curiosité pour l’Occident : elle est vivante, multiple, et porte les voix de ses peuples. Des conférences, ateliers et séances de dédicaces ont ponctué la foire, offrant un espace où la réflexion et la création s’entrelacent, de la poésie à la nouvelle, du roman aux langues nationales. La traduction et la diffusion des œuvres africaines ont été mises à l’honneur, affirmant la nécessité de rendre ces voix accessibles au plus grand nombre et de valoriser le patrimoine littéraire du continent.
Les distinctions attribuées au cours de cette édition témoignent de l’attention portée au talent et à la créativité. Dans les catégories langues nationales, poésie, conte, nouvelle et roman, les lauréats ont reçu attestations, trophées et enveloppes dont les montants varient de 100 000 F à 1 000 000 000 F CFA. Au-delà de la récompense matérielle, ces distinctions symbolisent la reconnaissance de la vitalité et de la diversité de la littérature africaine, tout en encourageant de nouvelles générations d’écrivains à investir la scène littéraire.
Sakina Cylia, présidente de l’Union des écrivaines africaines, a salué la portée intellectuelle et politique de l’événement lors de la cérémonie de clôture. « Bravo d’avoir organisé un évènement intellectuel d’une telle valeur ajoutée. Ce type de rencontre nous rappelle que l’Afrique n’est plus le patrimoine folklorique de l’Europe et que sa voix peut enfin s’exprimer pleinement », a-t-elle déclaré, soulignant la rupture avec les représentations anciennes et la nécessité de faire émerger une Afrique qui se raconte elle-même. Son engagement a contribué à faire de la FILO un espace de dialogue culturel entre le Nord et le Sud du continent, un lieu où se confrontent et s’enrichissent les imaginaires.
Cette édition a accueilli des participants venus de plusieurs pays, renforçant la dimension internationale de l’événement et la diversité des échanges. Les débats ont abordé des thématiques variées, de la littérature jeunesse aux questions de patrimoine, de mémoire et d’identité, montrant que le livre reste un instrument privilégié de réflexion et d’émancipation. La FILO s’impose ainsi comme un véritable catalyseur culturel, un carrefour où le mot, la pensée et la créativité deviennent des actes d’engagement.
Au terme de six jours d’effervescence et de découvertes, la FILO confirme sa place incontournable dans le paysage littéraire africain. Elle rappelle que le livre, loin d’être un objet figé, reste un instrument de transformation sociale et un vecteur de rayonnement pour un continent en quête de reconnaissance et de voix propres sur la scène mondiale.
Djamal Guettala

