22 décembre 2024
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Quand des ministres du gouvernement Djerad se contredisent

COMMENTAIRE

Quand des ministres du gouvernement Djerad se contredisent

On ne sait pas ce qui a pris le professeur Mohamed Cherif Belmihoub, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la prospective de faire des déclarations en direct d’abord contradictoires non seulement avec ce qu’avance son collègue de l’Energie mais aussi avec le programme du gouvernement auquel il appartient.

Dans une interview accordée à la chaîne 3 de la radio nationale, il a déclaré que la situation économique actuelle du pays est si grave que l’Algérie pourrait cesser d’être un exportateur de brut d’ici les dix prochaines années.

Cette déclaration au demeurant discutable, a fait le tour du monde et a fait la « manchette » des principales revues spécialisées sensées être lues par les principaux investisseurs et bailleurs de fonds à un niveau international.

Ainsi le World Oil (01), profitant de  l’élan d’un officiel, s’est permis de porter un jugement sur l’organisation et la gestion de Sonatrach. Pour l’analyste de cette revue, il a insinué que l’instabilité des responsables est la cause de la déduction à laquelle est arrivé le ministre délégué.

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Il tente de prendre au mot les promesses de l’actuel PDG de Sonatrach qui « visait une augmentation des exportations de gaz de 25% en 2020 tout en réduisant les dépenses. » Entendu par là que ces deux promesses n’ont pas été concrétisées et qu’il serait comme ses prédécesseurs sur la sellette.

Il s’appuie sur l’analyse de ses trois collègues de Bloomberg qui annoncent une année 2021 peu réjouissante puisque l’exportation du pétrole brut de l’Algérie n’a pas dépassé 290 000 barils par jour en janvier, soit 36% de moins qu’en décembre « le plus petit chiffres  depuis 2017″(02).

Et de poursuivre : « Alors que la majorité des pays de l’OPEP ont dépassé leurs quotas, l’Algérie n’a généralement pas atteint son plafond. La production globale de pétrole a légèrement augmenté en janvier, mais reste à son niveau le plus bas depuis 2002. »

L’analyste d’Ecofin, il n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour titrer carrément, photo du ministre à l’appui que « l’Algérie pourrait cesser d’être un exportateur de brut dans les dix prochaines années. » (03)

Il est allé loin dans son réquisitoire en dépit des déclarations du chef de l’Etat lui-même en s‘appuyant sur des sources proche du  dossier que « le pays envisagerait de faire appel au FMI ou à des investisseurs étrangers pour obtenir les liquidités nécessaires à la poursuite du développement de ses opérations pétrolières. Le pétrole et le gaz représentent 95 % des exportations du pays et la vente des combustibles compte à elle seule pour 60 % dans la part de financement du budget national. » 

1- Ces membres du gouvernement ne respectent pas les consignes de leur président

Pourtant le président de la république dans les différentes conférences de presse qu’il a accordées à leurs responsables s’est montré très confiant jusqu’à  donner des chiffres pour rassurer l’opinion publique. Ainsi dira t-il notre pays dispose d’un matelas de devises de 60 milliards de dollars et une rentrée prévisible des ventes de Sonatrach de 25 milliards de dollars sans compter une production agricole de 25 autres milliards de dollars. Cela voudra dire que l’Etat maîtrise la situation socio-économique et ses relations avec ses principales entreprises publiques surmontent grâce au soutien de l’Etat toutes les difficultés liées à la crise sanitaire. Une aide substantielle est même prévue pour le secteur privé sous plusieurs formes que le gouvernement est en train d’étudier avec ses partenaires  les détails de leur contenu.

Lors de sa rencontre avec les walis, M. Abdelmadjid Tebboune avait confirmé, que l’Etat ne recourra ni à l’endettement extérieur ni à la planche à billets pour ses besoins financiers face à la chute des prix du pétrole, mais plutôt à l’emprunt auprès des citoyens ». (04) 

A une question des journalistes sur un éventuel retour à la planche à billets, le chef de l’Etat a rétorqué que la question est de savoir qui va payer cette dette au final, expliquant qu' »une telle démarche entraînera une hausse du taux d’inflation alors que le revenu restera stable. »

Il a relevé, dans ce sens que le secteur privé non structuré représente quelque 6.000 milliards de DA à 10.000 milliards de DA de fonds à injecter et a ajoute : « Je préfère emprunter auprès des Algériens au lieu d’aller vers le FMI ou d’autres banques étrangères. »

2- Ce n’est pas la première fois que ces dérives incendiaires se produisent

Il faut rappeler tout de même que certains ministres développent lors de leurs sorties médiatiques des discours émeutiers et ardents comme s’ils ne veulent pas respecter les consignes de rassurer les citoyens en ces périodes difficiles où  chaque jour près d’une dizaine meurent par le coronavirus.

Ainsi le 13 juillet 2020, Le soir d’Algérie titrait en première page « le déficit de la CNR s’élève à 680 milliards de dinars » (05). En effet, le journaliste et chroniqueur Hakim Laâlam a reçu l’ex-ministre du Travail et de la sécurité  sociale, Acheuk Youcef Chawki dans le cadre de leur quatrième rencontre en direct dite LSA-Direct mais le sujet semble confiné autour de cet axe anxieux car en quoi l’opinion publique est-elle concernée par ce chiffre qui reste du domaine des gestionnaires car c’est à eux de trouver une solution pour combler leur déficit ?

Pourquoi crier tout haut ce chiffre ? Que vise-t-il ? Que peuvent faire les retraités sinon s’affoler de leurs maigres revenus mensuels après toute une vie active ? Enfin le 21 juillet, la journaliste Souheila El Hachemi recevait le nouveau ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar pour s’expliquer sur la nouvelle feuille de route pour la relance socio-économique initiée par M. Abdelmadjid Tebboune.

D’habitude réservé et direct, cette fois-ci il s’est confondu dans plusieurs contradictions notamment pour les deux principales entreprises publiques sur lesquelles repose toute l’économie du pays(06). En si peu de temps, moins d’un mois, il a pu juger que Sonelgaz est à genoux, est-ce une opinion ou un diagnostic de fond qui lui a permis une telle humiliation d’un nombre important de travailleur qui ont applaudi son arrivée pour résoudre les soucis et non d’en créer d’autres ?

Il faut dire que ce soit Sonatrach ou sa sœur Sonelgaz, l’Etat ne leur a jamais demandés d’être rentables ou de dégager des bénéfices mais de servir d’instrument puissant pour conduire la politique énergétique du pays. Sonatrach lui  cède le gaz au dinar symbolique alors qu’elle aurait pu le vendre directement au marché de spot à 100 fois ce prix. Mais les deux entreprises obéissent à des contraintes sociales dans le cadre du plan de développement que conduit l’Etat.

Juste un exemple édifiant, lorsque ces deux entreprises était en difficultés en 2017, l’Etat a eu recours à la planche à billet pour rembourser ses dettes envers ces entreprises non pas parce qu’elles sont défaillantes mais elles  ont accompagné l’Etat dans sa conduite d’électrifier le pays à 98% et ramener le gaz dans les villages les plus lointains à près de 58% l’un des taux le plus grand en Afrique. Le ministre lui-même se confond dans ses contradictions car il demande à Sonelgaz de brancher les zones industrielles pour leur permettre de créer des emplois « même si elles payent l’apport initial des 50% » Sonelgaz paie tout de suite avec quel argent si l’Etat ne met pas la main à la poche.

C’est donc une vieille tradition managériale créée entre l’Etat et ses instruments de développement et dans laquelle chacun trouve son compte et assume ses objectifs politiques. Il déclare aussi qu’il est pour la prime d’encouragement pour ces deux entreprises aussi bien Sonatrach que Sonelgaz et reconnaît que c’est un problème de négociation interne dans laquelle le ministère n’a pas à s’immiscer alors pourquoi créer la pagaille en leur demandant de se sacrifier pour donner quoi ? Leur temps ? Une partie de cette prime ? Je crois qu’il est exagéré de se focaliser comme toujours sur la théorie complotiste des parties étrangères et balayer plutôt devant sa porte. 

Rabah Reghis

Renvois

(01)-World Oil – Upstream News | Technology | Exploration | Drilling | Production | Statistics | Big Data | Oil Prices | Events

(02)-https://www.worldoil.com/news/2021/2/8/mismanagement-may-end-algeria-s-run-as-an-oil-exporter?fbclid=IwAR1HcBVXLMjcBbYGkPqNjr4qcmkWRUMsIS_WeHq0uwSBHv73USlChb2slQ4

(03)-https://www.agenceecofin.com/trade/0902-85004-l-algerie-pourrait-cesser-d-etre-un-exportateur-de-brut-dans-les-dix-prochaines-annees

(04)-https://www.aps.dz/economie/104609-l-algerie-ne-recourra-ni-a-l-endettement-exterieur-ni-a-la-planche-a-billets

(05)-https://www.lesoirdalgerie.com/actualites/le-deficit-de-la-cnr-seleve-a-680-milliards-de-da-45039                     (06)-https://www.youtube.com/watch?v=L9uV8Fr1lew&feature=share

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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