Lundi 28 décembre 2020
L’Algérie encore une fois plongée dans l’inconnu !
Tebboune absent du pays depuis 2 mois. Pourtant la présidence a évoqué un retour proche.
L’absence de Tebboune et le retour en Algérie de Khaled Nezzar, deux événements tenus à distance par la communication des autorités algériennes. Les quelques bribes d’informations rendent difficile la compréhension de ce qui se passe réellement au sommet de l’État.
C’est l’épisode de Bouteflika qui est en train de se jouer. Une situation qui est au bonheur des spéculateurs qui alimentent les polémiques et les rumeurs avec une certaine compétition dans les réseaux sociaux qui se moquent du citoyen comme d’une guigne.
Le pays est comme pris en otage et fonctionne a minima. Comme par exemple en continuant malheureusement à mettre les jeunes Algériens en prison pour des délits d’opinion. Il y a comme une sorte de blocage, de flou et d’incertitudes qui sont installés à la suite d’un ensemble de décisions hasardeuses prises par le gouvernement, l’accumulation d’événements et l’absence d’organisation d’une révolution qui débuta depuis le 22 février 2019. Toutes les grandes décisions sont suspendues. La loi de Finances 2021 n’est toujours pas signée, comme d’ailleurs la Constitution passée avec un taux médiocre de 24%.
La nouvelle constitution qui a recueilli donc moins de 10 % des votants, est un argument politique solide pour interpréter l’échec du pouvoir qui tente par les différents moyens de calmer les tensions et la grogne de la rue algérienne.
Celui qui a pu nommer Tebboune à la présidence est décédé il y a un an. De fait le chef de l’Etat se retrouve sans son mentor. Sans avoir eu le temps de régler ses comptes avec ses ennemis, le général-major, Gaïd Salah, a créé un désordre difficile à rétablir au sommet de l’État. Les décisions de justice prises contre certaines personnalités qui font la pluie et le beau temps dans l’enceinte du pouvoir sont un grand problème pour les nouveaux héritiers officiels que sont le général Chengriha et Tebboune. .
Le retour de Nezzar au pays sans qu’il soit inquiété et la libération probable de Toufik et Tartag dans les prochains jours augurent une possible redistribution des cartes en haut lieu. A Alger on évoque une repise de leur statut d’intouchables et leur rôle dans la gestion des affaires politiques. La maladie de Teboune est une aubaine pour eux.
Si on reste dans les spéculations et les hypothèses, la dernière intervention de Tebboune faite sur Tweeter après une longue convalescence et son contenu ont suscité des réactions qui laissent prédire qu’il y a un dysfonctionnement au sommet de l’État. Et le silence de Khaled Nezzar, habituellement peu avare en déclarations, face à un tapage médiatique concernant son retour protocolaire au pays pourrait signifier un probable accord tacite en vue d’une redistribution des cartes.
Pour le moment, ce qui est important pour le pouvoir est de poursuivre sa politique de fuite en avant. Le nouveau chef de l’Etat est choisi, la constitution est révisée en dépit de tout… en attendant que les lampistes annoncent l’organisation des élections législatives, jamais deux sans trois. Cette échéance ouvre les appétits de partis qui font le pied de grue depuis quelques mois à El Mouradia.
Les événements extérieurs qui s’accélèrent accentuent la pression sur les gestionnaires de l’État. Des enjeux énormes qui mettent l’Algérie dans une situation de fragilité diplomatique. La crise politique et sécuritaire en Libye et les pays du Sahel sont une menace au niveau des frontières et les installations pétrolières, à laquelle s’ajoute au problème sahraoui.
Sans perdre de vue l’ensemble des pays arabes et le Maroc qui viennent d’annoncer leurs rétablissements des relations diplomatiques avec l’État d’Israël, et la Turquie qui vient de lui consolider davantage sa confiance. Ces décisions mettent inévitablement l’Algérie dans une situation bien embarrassante.
Quoi qu’il en soit, il n’y a qu’un gouvernement fort et solide, politiquement et économiquement, pour peser dans la scène politique internationale. Faire appel à la Russie, la Chine et d’autres puissances pour avoir un soutien diplomatique, en contrepartie d’achat de leurs armes et brader l’économie, n’est plus possible comme avant pour les décideurs, les caisses sont vides et la situation politique interne est en calamiteuse. L’Algérie est devenue l’un des maillons faibles dans le bassin de la Méditerranée.
Dans ce cas, c’est le citoyen algérien qui subit, souffre en silence et ne voit pas le bout du tunnel. À qui la faute ? Au pouvoir en place bien entendu. Mais doit-on rester éternellement à l’accuser alors qu’une occasion a été offerte par ce même citoyen pour le changement ?
À cet effet, une autre question impossible à éviter : peut-on s’organiser? Les nombreuses initiatives qui ont été mises sur pied n’ont pas réussi à fédérer les citoyens, certes elles ont créé des débats et des discussions, mais pas plus que ça. Entretemps, le citoyen avec pugnacité continue à manifester son désaccord face au pouvoir. Il refuse la politique de l’inconnu.
L’Histoire à retenir aujourd’hui avec la révolution, nous avons, à nouveau, à faire des choix politiques : rester dans la politique de Boumediene, ou reprendre le combat d’Abane.