Mercredi 16 décembre 2020
Le report du paiement des impôts de Sonatrach serait il monnayé par la DGE ?
Le déficit de Sonatrach est maintenant réel surtout après sa confirmation par le Président-Directeur Général (PDG) de Sonatrach dans l’entretien qu’il a accordé à la chaîne de télévision privée Echourouk TV (01) bien qu’il ait tenté d’en imputer les causes au Covid-19 qui a touché un peu selon ses propres termes « tous les groupes pétroliers dans le monde entier. »
Jusqu’ici il n’y a rien de nouveau puisque le ministère de l’Energie lui-même a reconnu le lundi 2 novembre dernier(02) que cette année 2020, le groupe Sonatrach, principal poumon économique du pays, s’apprête à encaisser des pertes record atteignant les 10 milliards de dollars. En réalité, ces pertes représentent le manque important à gagner jusqu’à fin septembre 2020 par rapport à la même période en 2019 «à cause de la pandémie de coronavirus, avec une baisse de 41% de son chiffre d’affaires à l’exportation. ».
Il s’avère, malheureusement, que ce bilan sous-estime la réalité amère des pertes que devra déplorer à la fin de l’année 2020 le groupe Sonatrach. En effet, la facture va largement dépasser les 10 milliards et risque d’atteindre même les 13 milliards de dollars. Et la pandémie du coronavirus Covid-19 n’est guère la seule et unique cause de ce gâchis financier, mais là n’est pas la question pour le moment.
Le PDG du groupe Sonatrach dans cet entretien a situé les recettes entre 20 à 21 milliards de dollars donc un peu loin des prévisions données et confirmées par le ministre de l’Energie entre 23 et 24 milliards de dollars il y a moins de deux mois de cela. (03)
On constate avec regret qu’on lance des chiffres à 1 milliard de dollars près pendant que le déclin de la production continue et les prix du Sahara Blend est resté en moyenne autour de 44,11 dollars le baril avec un point haut de 51,66 dollars le baril est un autre plus bas de 35,74 dollars le baril depuis le point de situation fait fin septembre.
Il faut souligner par ailleurs que ce chiffre des recettes de clôture 2020 autour de 20,334 milliards de dollars loin de celui de 2019 qui est de 32,986 milliards de dollars ne renferme pas que les ventes mais les « Take or pay » et près de 2 milliards de dollars, la part qui revient aux associés.
Toujours est-il et peu importe les causes sur lesquelles les pouvoirs publics vont certainement y revenir, le mastodonte terminera l’année 2020 avec probablement un crédit bancaire d’exploitation et surtout un rééchelonnement de sa dette vis-à-vis de la Direction des Grandes Entreprises de la Direction Générale des Impôts (DGE-DGI).
1- La réponse politiquement correcte du PDG de Sonatrach sur le recrutement
Pour lui, les services du groupe se limitent à exprimer les besoins sélectionnés par des concours et c’est aux structures du ministère du travail notamment l’Agence nationale de l’Emploi (ANEM) et ses différents satellites dans les régions du pays qui concrétisent la mise en œuvre effective de ces recrutements. La compétence dira t-il à partir de la 40éme minute de cette vidéo d’entretien(01) se fait par choix d’aptitude et de la compétence il se cite, du moins sans modestie «comme modèle de choix au poste qu’il occupe. » Or ce n’est ce pas l’avis de son ministre de tutelle.
En effet, pour Abdelmadjid Attar qui a pour habitude de na ne pas mâcher ses mots, avait déclaré en septembre 2018 que « la Sonatrach recrute par piston »(04). Il lui a valu une réponse sèche du PDG de Sonatrach de l’époque, Ould Kaddour, mais sans pour autant démontrer le contraire puisque des preuves formelles ont été données sur des recrutements de ses voisins aux postes supérieurs.
Le même Attar est revenu tout récemment en tant que premier responsable du secteur pour soutenir fermement qu’«il y a un sureffectif énorme à Sonatrach » (05) et « qu’elle affiche complet.» Il est fort probable que le ministre, pragmatique et homme de terrain ne visait pas les formes de recrutement dans leur contenu et circonstances mais les conflits qui peuvent engendrer lorsqu’ils se font par « coup de téléphone.»
En effet, depuis le début des années 80 qui coïncide avec le blocage de recrutement dans les entreprises publiques et l’abandon de la politique de plein emploi, cet artifice « Tag Alla Men Tag » existe surtout à Sonatrach et Air Algérie.
A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle et cela se confine entre le non conventionnel et le compréhensible. On ne peut en vouloir à u n haut responsable, fut- il : haut fonctionnaire, ministre, premier ministre au secrétaire général de la présidence ou toute autre institution étatique de ne pas vouloir du bien à leur progéniture, combien même au détriment d’une équité sociale.
2-Par contre, la fulgurante ascension promotionnelle, crée des tensions
Elle empêche l’acte de gestion et le bon déroulement du travail de se faire dans les bonnes conditions. Elle casse le rythme du travail en créant des conflits qui démotivent l’ensemble du personnel. On a vu par exemple lors du procès de Sonatrach, le PDG de Sonatrach qui a recruté son fils, ce qui pourrait se comprendre mais le propulser en quelques mois du simple agent à cadre supérieur, cela perturbe le système de subordination/ coordination. Depuis les instructions du président de la république de faire passer les lettres anonymes aux broyeurs, ces conflits sont devenus silencieux mais visibles dans le comportement des uns et des autres.
Ainsi, des cadres de la direction finances de Sonatrach, au demeurant très compétents, semblent ces derniers temps en manque de motivation habituelle qui ne l’expriment pas ostentatoirement mais facilement identifiable dans leurs visages. Il y a près de 3 ans, au temps de l’ancien PDG Abdelmoumène Ould Kaddour, un jeune cadre qui se trouve le neveu d’ un haut fonctionnaire de la DGE, du moins se vante en tant que tel après de ses collègues, a été intégré à cette direction.
Jusqu’ici, c’est compréhensible et ne sort pas de l’ordinaire ces quatre dernières décennies mais le propulser en si peu de temps de cadre à conseiller au vice président en passant par chef de département, n’obéit à aucune règle d’une évolution des carrières même si c’est un génie, pour la simple raison que cette évolution est entachée d’une inflation des besoins dont les conséquences est désastreuses pour tout le monde.
Cette pratique existe en dehors de ces exemples dans d’autres structures de Sonatrach. Cela a été constaté par le nouveau PDG lui-même dès sa prise de fonction. (6) En effet, à peine semble t-il, a commencé à mettre en place sa feuille de route pour aller à l’essentiel et le plus urgent, il a du trouvé une pile de doléances liées à ce qu’il a identifié et qualifié comme conséquence d’un manque de confiance dans la relation humaine dans le milieu de travail.
En précisant toutefois que « la direction générale est régulièrement interpellée par le partenaire social et les travailleurs, au sujet de la qualité des relations interprofessionnelles dans notre milieu de travail, et les effets qui impactent la sérénité et la stabilité du climat social qui y règne »
Rabah Reghis
Renvois
(01)https://www.facebook.com/EchorouknewsTV/videos/408320980368049
(03)-https://www.radioalgerie.dz/news/fr/article/20200721/196548.html
(04) https://www.adn-news.com/abdelmadjid-attar-on-recrute-par-piston-a-sonatrach/amp
(06)-https://www.tsa-algerie.com/les-consignes-du-patron-de-sonatrach-a-ses-managers/