23 novembre 2024
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A quoi bon d’être majoritaire dans Medgaz s’il n’y aurait plus de gaz à transporter ? (I)  

DECRYPTAGE

A quoi bon d’être majoritaire dans Medgaz s’il n’y aurait plus de gaz à transporter ? (I)  

Le groupe pétrolier vient publier en grandes pompes l’achèvement d’une opération d’acquisition de 19,10 % des parts de la  société espagnole CEPSA Holding dans la société Medgaz (01).

Ceci va permettre, lit-on dans le communiqué, au mastodonte d’augmenter sa participation dans ce gazoduc de 8,04%. De cette façon, la participation de Sonatrach s’élèvera de 42,96 à 51% et devient ainsi majoritaire dans la société internationale Medgaz SA, qui s’occupe de la gestion et l’exploitation de ce gazoduc sous-marin qui relie directement l’Algérie à l’Espagne à travers la station de compression  située à Béni Saf pour terminer au petit port Espagnol d’Almeria.

Cet ouvrage  de diamètre  24″, long de 210 km, dispose d’une capacité de 8,2 milliards de m3 par an. Maintenant les deux partenaires qui restent dans la société Medgaz SA, à savoir Sonatrach (51%) et l’Espagnole Naturgy (49%), vont prendre en charge, projet prévu bien entendu avant  la crise sanitaire liée la pandémie du coronavirus, l’augmentation programmée courant premier trimestre 2021 qui fera passer la capacité de 8,2 milliards de m3 à 10,2 milliards de m3 «par le rajout d’un turbocompresseur au niveau de la station de compression algérienne de Béni Saf dans la wilaya d’Ain Témouchent. (02).

Rappelons juste pour mémoire que ce projet ambitionnait une internationalité multidisciplinaire qui offre la voie « la plus directe et la plus économique  d’approvisionnement en gaz naturel dans sud de l’Europe.» Il était considéré comme un « projet d’intérêt commun » bénéficiant d’un appui inconditionnel de l’Union européenne qui lui a accordé à l’époque une aide financière de 2 millions d’euros durant la phase d’étude et de design ainsi que d’une autre tranche de 1,4 million d’euros lors de la phase de construction. 

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1- Maintenant, avec les nouvelles donnes, l’ambition  restera-t-elle de mise ?      

Le journal espagnol Cinco Dias a rapporté dans sa livraison du lundi 18 mai 2020 le compte rendu de la réunion de Naturgy Group,  soit près de trois semaines après l’annonce faite, le 29 avril, lors de la présentation des résultats du premier trimestre de l’année, le président de Naturgy, Francisco Reynés, a adressé un avis clair aux navigateurs : la société aurait recours à tout instrument juridique pour adapter ses contrats internationaux de gaz naturel aux circonstances actuelles du marché. Cela est dû à la profonde dépression des prix des matières premières dérivées, d’une part, de l’offre excédentaire enregistrée depuis l’année dernière en raison du ralentissement de l’économie et, d’autre part, de l’effondrement de la demande pour les mesures de confinement pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

L’analyse de Carmen Monforte, la rédactrice de l’article s’est « focalisée » sur le fournisseur traditionnel Sonatrach pour laquelle « il n’est plus question de continuer à payer Sonatrach et partant l’Algérie du gaz naturel qui viendrait par Medgaz à des prix très élevés par rapport aux prix pratiqués dans les marchés internationaux. » Il estime la chute à 30% depuis le début de la pandémie  du Covid-19 (03). Selon, ce que rapporte ce journal, Naturgy qui conteste tous ces contrats avec ses principaux fournisseurs avait entamé des négociations depuis le début de l’amorce de cette chute selon toute vraisssemblance en vain, d’où le recours à l’arbitrage international conformément aux clauses contractuelles.

Le premier, rapporte le journal  et le plus pertinent de tous, celui qu’il va dénoncer à son principal fournisseur, l’Algérie, via le colosse d’État Sonatrach, est déjà en cours. Il sera suivi d’autres arbitrages similaires contre le Nigeria, les États-Unis ou la Russie, qui s’ajouteraient à celui que la société espagnole maintient actuellement contre le Qatar. Le président de Naturgy et cela se comprend devant ses actionnaires devait exposer sa démarche par étapes.

La première consisterait à embaucher un cabinet d’avocats « de poids international et de prestige reconnu» pour lutter pour une révision « extraordinaire des prix »des contrats avec l’Algérie qui représente un volume global entre 8 et 9 milliards de m3  par an.  Des sources juridiques ont révélé à Cinco Dias les trois cabinets qui vont défendre ce dossier devant le tribunal arbitral de Paris « ou de Genève » surtout  « contre le colosse algérien de l’énergie. » Ce sont les sociétés Three Crowns, King & Spalding et Herbert Smith. 

2- C’était une situation sans surprise étant donné les circonstances actuelles

L’analyse, le dit elle-même, les contrats de cette stature en général prévoient une clause  de révision des prix: la conventionnelle, tous les trois ans, qui permet de les adapter quand il n’y a pas beaucoup de variation, et les extraordinaires, quand, comme actuellement, des changements se produisent profondément dans le marché.

Des indices comme le Henry Hub ont enregistré cette année le niveau le plus bas de son histoire et comparé à un prix habituel de sept dollars par million de BTU, il a atteint parfois un maximum de 14 dollars au moment où il se situe à peine à moins de 2 dollars. Les pires présages indiquent également qu’il pourrait tomber à zéro dollar s’il les activités ne reprennent pas pour éponger le surplus d’offre dans les stocks. Cette société semble, selon toute vraisemblance  pousser le bouchon trop loin pour exiger un retour au prix du marché qui rendrait le gazoduc non rentable, soit moins de 2 dollars comme l’exige le contexte conjoncturel. 

Ensuite, l’Union européenne est une entité toute puissante, elle est dotée d’un pouvoir supérieur à celui des Etats membres et donc celui d’imposer les règles quand bien même ceux-ci s’y opposeraient. 

C’est certainement sur cette fibre que le président de Naturgy « pompe sa poitrine » car la directive européenne donne raison systématiquement à ses membres lorsque les prix d’achat du gaz est jugé plus cher que celui du marché. C’est une difficulté en plus que rencontrerait Sonatrach et qui s’ajoute aux contraintes internes fortement perturbatrices. (A suivre) 

Rabah Reghis

Renvois 

(01)-https://sonatrach.com/presse/sonatrach-actionnaire-majeur-dans-le-medgaz

(02)-https://sonatrach.com/actualites/hydrocarbures-sonatrach-devient-actionnaire-majoritaire-du-gazoduc-medgaz 

(03)-https://cincodias.elpais.com/cincodias/2020/05/16/companias/1589648423_919328.html

Dans la deuxième partie, seront traités : 

3- Sonatrach a pris beaucoup de retard pour concrétiser cette ambition européenne  

4- Les dirigeants du mastodonte gèrent par effet d’annonce mais oublient l’essentiel.

5-C’est à Augusta qu’il faut récupérer de l’argent et non en amont pétrolier 

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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