23 novembre 2024
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Les marcheurs hurlent : nous jurons devant Dieu que nous n’avons pas voté !

DISSIDENCE CITOYENNE

Les marcheurs hurlent : nous jurons devant Dieu que nous n’avons pas voté !

Le vent violent annoncé n’est pas au rendez vous. Le climat est plutôt clément et le ciel gris. A 14 heures déjà la rue Didouche Mourad se remplit de monde.

La circulation piétonne est aussi pénible que durant les vendredis à grande affluence. Les marcheurs sont en rendez vous en masse. Les résultats du scrutin annoncés en fin de matinée  y sont sûrement pour quelque chose. Assommés par la journée éprouvante du 12, par toute la pression qui l’ a précédé et par le fait d’avoir réalisé que le scrutin s’est déroulé malgré eux puis ses résultats annoncés, ils se remettent en selle , recouvrent leurs esprits et reprennent le chemin de la lutte en sifflant  le début de la deuxième manche.

Ils scandent sans se lasser : « Allah ou  Akbar mavotinach’ i.e. Nous jurons devant Dieu que nous n’avons pas voté  en levant l’index au ciel ou encore allah ou Akbar soudoun9 mouzaouar Dieu est grand l’urne est bourré. Le taux de participation déclaré, de plus de  41% à l’intérieur du pays, leur paraît surréaliste au vue du monde qui arpente les rues depuis plus de 10 mois. Ils répètent : celui qui a voté est un traître à la nation.

Ils honorent les populations kabyles, en reprenant ce slogan inventé à Constantine, pour avoir réussi la prouesse de réduire le taux de participation dans ces régions à près  de 0% en scandant : « ya  Leqbayel bravo 3likoum El djazair taftakhar bikoum » i.e. Hé Kabyles bravo à vous l’Algérie est fière de vous.

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Ils promettent de ne point se lasser et répètent qu’ils sont maîtres à bord. Le candidat Tebboune, arrivé en tête tête reçoit la patate, non pas chaude mais brûlante, que lui jette l’état major de l’armée dans les mains. Il est désormais au centre de la contestation, tandis que l’état-major de l’armée et le vieux Général,  ne sont plus cités aussi fréquemment que les semaines précédentes. 

Pendant que,  dans le quartier général de campagne du candidat Tebboune, on fête la victoire, les marcheurs éclatent des sacs de farine dans l’air, se poudrent le nez et crient  : « Tebboune el cocaïne olé ola hab iouali rais » i.e Tebboune la cocaine  olé ola veut devenir président ; « 3ib a3likoum Tebboune elcocain yahkam fikoum » i.e. honte à vous Tebboune la cocaine vous commande ou encore « ma ma ma ma ma djina madjabounach ma ma ma ma Tebboune mayahkamnach » i.e. ma ma ma ma nous sommes là par nous même personne nous a ramené ma ma ma ma Tebboune ne nous gouverne pas. 

Virulents, ils ne perdent pas de temps, et passent à l’offensive avant même l’officialisation des résultats par le conseil constitutionnel. Ils reprennent durant toute la procession leur tube ya 3issaba i.e. Hé gang dans laquelle ils accusent les tenants du pouvoir d’avoir proposé 5 chacals comme candidats.

Ils ne cessent de réclamer la chute du régime tout en ne se lassant pas de jeter les généraux à la poubelle. Ils crient : « istiqlal! Istiqlal! Liberté! Liberté » et répètent qu’ils ne sont point intimidés par l’évocation de la décennie noire.

Ces jeunes, sur le qui-vive depuis plus de 10 mois, pleins de rêves et d’espoir luttent pour une Algérie meilleure que l’on leur a toujours contesté. Beaucoup de personnalités politiques et influenceurs reprochent à la protesta de n’avoir pas su faire émerger des leaders ou une direction. Pourtant la protesta, au fil de ces 10 mois a réalisé un sans faute, a su garder sa cohésion, transmettre ses messages avec intelligence et subtilité selon les conjonctures, et est parvenu à garder son action pacifique. 

Les marcheurs ont accompli cet exploit seuls et esseulés devant l’indifférence du monde qu’on qualifie de civilisé. Ils méritent tout le respect et toute l’attention des personnes et personnalités plus âgés et plus expérimentées afin de les aider dans la lourde tâche qui les attend : construire une Algérie, libre démocratique lancée sur le chemin du progrès social, du développement et de la prospérité. Ils doivent être entendus et considérés selon leur juste valeur : ils méritent beaucoup mieux que de mourir en mer.

Auteur
Djalal Larabi

 




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