Lundi 9 décembre 2019
Élections dans l’émigration : les mensonges de Gaïd Salah !
Ce dimanche 8 décembre 2019, il y avait foule à l’angle du Passage du Trône et du Boulevard de Charonne. Beaucoup plus que la veille. Malgré une sévère grève des transports qui frappe toute la France, des dizaines puis des centaines et enfin des milliers d’Algériens ont convergé, dès les premières heures, vers le consulat général niché dans cet endroit central du 11e arrondissement de Paris.
Ils ne sont pas venus voter, ils sont là pour protester fermement contre la mascarade électorale du 12/12 mais dont les bureaux de vote ont été ouverts depuis hier pour l’émigration. Ils étaient là aussi pour conspuer les rares brebis galeuses arrivées têtes baissées et accompagnées de CRS pour voter comme du temps de la colonisation.
Les slogans et les chants entonnés devant un impressionnant et menaçant cordon de police restent les mêmes que les dimanches précédents. Ils font écho à ceux déployés dans les rues algériennes depuis le 22 février 2019 pour dire « ulac lbut ulac », « makanc intixabat maɛa lɛisabat », « pouvoir assassin, Macron complice », « vote = faute », « dégage Gaïd Salah », etc.
La face sombre du régime
Malgré cette évidence criante, malgré cette énorme foule qui rejette de façon radicale et manifeste ces élections factices, Gaïd Salah, instigateur de cette mascarade, ne trouve rien à dire ou à faire que de mentir éhontément. Toute cette masse de citoyens dressée clairement contre lui et contre son obsession électorale, il la comptabilise à son compte. Sans aucune retenue ! « Les images marquantes et expressives de notre communauté à l’étranger, à qui nous adressons tous nos remerciements et exprimons toute notre reconnaissance pour le patriotisme dont elle a fait montre en s’acquittant hier de son devoir et droit électoraux, sont la meilleure preuve du lien affectif, profond et solide de nos ressortissants avec leur patrie en dépit de leur éloignement » a-t-il affirmé, sans scrupules, dans un discours prononcé lors de son classique meeting militaire tenu cette fois au siège du commandement des Forces Terrestres. De tels mensonges confirment la vraie et sombre face du régime.
Terriblement isolé et malhonnête, il est diamétralement opposé au monde coloré et bon enfant de la rue. Il est prêt à faire bruire rudement ses bottes et susceptible de pointer ses armes vers la foule sur laquelle il a, à plusieurs reprises, déjà tiré. Sans retenue !
Une horloge bloquée aux années soixante-dix
Ahmed Gaïd Salah veut tout contrôler. En allant de caserne en caserne, de QG de région militaire à un autre, il veut tout avoir dans ses mains. En contrôlant les garnisons, il compte quadriller la société toute entière. Il réaffirme la suprématie du militaire sur le civil pendant que la rue algérienne scande « ddawla madaniya maççi ɛaskariya ». Il ne veut entendre et ne donner à voir que ce qui l’arrange. Il parle « des images sincères qui constituent une réponse forte à tous les traîtres et les sceptiques quant à l’authenticité de ce peuple et son aptitude à surmonter les épreuves, quelles que soient les circonstances « . Tout mensonge est bon pour faire croire à une adhésion enthousiaste des Algériens au système.
Des journalistes qui se plient à cette chorégraphie, il en trouve toujours. Le monde fantasmé et rigide du commandement militaire se satisfait de ce jeu théâtral. Son horloge est bloquée aux années soixante-dix, au temps du boumediénisme arrogant, violent, funeste. Plus la date fatidique du 12 décembre approche, plus la propagande passe à une vitesse supérieure et plus Gaïd Salah redouble de férocité et de tours de passe-passe.
Il ne se rend pas compte que les Algériens en ont assez de fausses informations. Il ne se rend pas compte que ce genre d’intox sorti des manuels poussiéreux de stratégie soviétique ne convainc plus personne. Ce décalage a un coût, il risque de lui coûter sa chute. Sa suffisance lui aura, en effet, ôté toute lucidité.
Certes il n’a pas subi d’AVC comme son ex-mentor, mais, à entendre ses discours, cela ne le protège ni contre la dissonance cognitive, ni contre les troubles délirants !
Et pour le peuple algérien forcément le combat continue …
Hacène Hirèche (Consultant Paris)