Samedi 10 août 2019
Le panel de dialogue tâtonne sans un appui solide
Le coordinateur du panel de dialogue, Karim Younes a bien fait de rappeler, le lieu de naissance, jeudi dernier, lors de d’une conférence de presse au siège du mouvement associatif Nada que préside Abderrahmane Arar, l’initiateur de liste des 13 -7 pour des raisons diverses entre autres des désistements.
Il a aussi saisi l’occasion pour dire que la réception accordée par le chef de l’Etat, était bien à sa demande et non la leur.
En ce qui concerne les préalables, il précise que que « le panel ne renoncera pas à ses engagements mais il faut qu’on donne le temps au temps ». Pourtant, Karim Younès avait parlé d’une première semaine décisive et avait menacé de démissionner. Pour lui désormais, « il ne s’agit pas d’une partie de ballon mais un dialogue civilisé ».
Pourtant, la libération de Nadir Leftissi montre bien qu’on est encore dans une justice qui continue à réagir par coup de fil. Sinon, comment comprendre qu’un procureur qui demande dans son réquisitoire dix ans, la juge le relaxe tout simplement si ce n’est pas sur la base d’un dossier vide.
Les magistrats qui traitent ces affaires font des efforts pour encourager l’indépendance de la justice mais les parquets obéissent toujours aux ordres. Ce n’est pas toutefois l’avis des membres qui viennent de rejoindre ce panel. Bien qu’ils saluent à l’unanimité la libération d’Annaba, le président de la LADDH doute quant à lui : « On ne peut dire que ce sont des détenus d’opinion, ils ont des avocats, on suit de très près ce qui se fait mais on doit laisser la justice faire son travail ».
En tant que premier responsable de la défense des droits de l’homme, pour lui ce gap de 10 ans à la relaxe ne le choque nullement et la cinquantaine de jeunes qui croupissent dans des geôles pour pratiquement les mêmes motifs devront attendre leur tour malgré l’évidence de leur innocence.
Plus grave dans une discussion avec la presse, Ammar Belhimer fraîchement désigné par ses pairs pour présider la commission politique est allé jusqu’à exprimer une opinion en contradiction avec la ligne menée jusqu’à présent par le panel au sujet des préalables. « Les dossiers sont en instruction, nous n’avons pas, nous, à nous ingérer dans le fonctionnement de la justice, on n’a même pas le droit de commenter une décision judiciaire », a-t-il soutenu. Pour lui le panel devra se recentrer sur sa mission, mais ne dit pas qui la lui a fixée et pour le compte de qui ? Ammar Belhimer réduit le contenu de cette mission à celle « d’une médiation entre les acteurs politiques nationaux afin d’engager un dialogue qui pousse à aboutir à une feuille de route consensuelle pour la sortie de crise ». Voilà qui réduit à néant les fameux préalables !!!
Il faut dire que les médias publics, dont les plus lourds d’entre eux, ont fait tout un tapage médiatique jeudi dernier autour de ces 29 représentants du Hirak venus de 10 wilayas, sont tous sans exception pour une transition présidentielle.
Pourtant le 25éme vendredi dans la plupart des régions d’Algérie, les protestataires ont malmené ce panel de dialogue et ont catégoriquement refusé sa médiation qu’ils considèrent fomenter par le président par intérim Abdelkader Bensalah pour mener des consultations sur les modalités de la future présidentielle.
Cette instance est contestée par les protestataires et plusieurs personnalités ont refusé de la rejoindre.
Initialement planifiée pour le 4 juillet à l’expiration de la période d’intérim prévue par la constitution, pour élire un successeur à Bouteflika, la présidentielle n’a pu être organisée, faute de candidats. La majorité se méfie d’une telle instance, on revient à la situation initiale soit une présidence pour Bouteflika sans Bouteflika