28 novembre 2024
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Retrait de Bouteflika : la France a tort de se frotter les mains

DECRYPTAGE

Retrait de Bouteflika : la France a tort de se frotter les mains

Le premier pays à avoir salué la nouvelle proposition d’Abdelaziz Bouteflika de reporter les élections a été la France.

En effet, dans un communiqué transmis lundi soir à l’AFP, moins d’une heure après les informations de la TV algérienne de 20 heures, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian «salue » la décision du président algérien Abdelaziz Bouteflika de ne pas briguer un cinquième mandat et de « prendre des mesures pour rénover le système politique algérien».

Il poursuit : «Au lendemain des grandes manifestations, qui se sont déroulées dans le calme et la dignité à travers toute l’Algérie, la France exprime l’espoir qu’une nouvelle dynamique à même de répondre aux aspirations profondes du peuple algérien puisse s’engager rapidement».

Ainsi, la diplomatie française, en dépit des informations qu’elle a obtenues de son poste diplomatique à Alger, a réduit la crise algérienne au «retrait de Bouteflika par son renoncement au cinquième mandat». C’est une appréciation très réductrice du mouvement de protestation de ces trois dernières semaines, quand bien il le symbolise tout haut par le slogan « non au cinquième mandat ».

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Pourquoi ? En vérité, les protestataires ne visent pas seulement Bouteflika mais aussi et surtout ceux qui le retiennent en otage et s’approprient en son nom ses prérogatives pour leurs propres intérêts.

Ce qui a échappé à la diplomatie française est que la réponse se trouve dans la dernière lettre qu’on impute à Bouteflika lui-même et dans sa première proposition, «il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi». Si c’est lui-même qui dit je n’avais pas l’intention de me présenter alors qui a ordonné à son directeur de campagne de déposer son dossier de candidature ? S’il est vrai que la diplomatie officielle française, choisit la voie du politiquement correct pour entretenir une relation complexe avec son ancienne colonie, elle cache très mal son ingérence directe.

François Bayrou, invité du grand dimanche sur Europe 1 (01), n’a pas manqué de le souligner en disant qu’il était plus libre que les officiels de s’exprimer sur le sujet. Maintenant pour revenir à la question algéro-algérienne, sur la forme, Bouteflika a fait un grand pas : celui de piétiner ce torchon de Constitution qui a permis à une minorité de confisquer la légitimité populaire depuis 1962. Les constitutionnalistes et surtout l’opposition qui s’accrochent sur cette question, veulent couvrir leurs échecs dans la mobilisation de leur base.

Quand 15 millions d’Algériens sortent dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol, c’est une situation exceptionnelle qui met en veilleuse toutes les lois y compris cette constitution.

Sur le fond, la position de Bouteflika ou de celui qui s’exprime à sa place n’a pas évolué d’un iota. Rappelons pour mémoire qu’il y a quelques mois son frère Said, avait négocié avec un leader de l’opposition le report qui n’a pas abouti pour des raisons diverses entre autre cette histoire de constitution.

Ensuite, il s’est porté candidat, une initiative qu’il motive par une demande populaire et propose une conférence inclusive et un changement de la constitution. Après la première marche du 22 février, il recule pour maintenir les élections mais il s’engage à organiser une présidentielle anticipée au bout d’une année.

Maintenant, il annule tout en prolongeant le quatrième mandat.

C’est un pas important mais malheureusement, il a confié la transition à des éléments du système dont la rue exige le départ. Si Bouteflika est vivant, il reste supportable sur une courte période, il aurait fallu confier la transition à des personnalités politiques issues du mouvement lui-même et qui ne sont pas structurées dans des partis politiques.

Il y en a plusieurs qu’il conviendrait de ne pas nommément citer pour ne pas froisser ceux qu’on risque d’oublier par imprudence.

Ce projet qui semble agréer l’armée et à en croire les mauvaises langues la France aussi pour l’avoir connu par le biais de Ramtane Lamamra la veille de son annonce, est à parfaire.

A commencer par le débarquement illico du nouveau premier ministre, du vice-ministre, voire même de Lakhdar Brahimi qui étaient tous parties prenante dans le système. Dans le cas contraire, il serait difficile de calmer l’ardeur de la rue.                                                              

R. R.  

Renvoi :

1- https://www.europe1.fr/politique/manifestations-en-algerie-francois-bayrou-salue-des-manifestations-exemplaires-et-essentielles-3871193

Auteur
Rabah Reghis

 




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