Lundi 30 novembre 2020
Le féminicide, cet autre fléau de société
Selon la définition retenue par Le Petit Robert, le féminicide (ou fémicide, gynécide ou gynocide) est : «Le meurtre d’une ou de plusieurs femmes ou filles en raison de leur condition féminine », un terme qui n’est pas nouveau puisqu’il date du siècle dernier, mais néanmoins, l’usage est parvenu à s’imposer en termes de vocabulaire sur la scène médiatique à partir de 2015 notamment.
Composé de la racine latine du mot ‘’femina’’ qui veut dire femme et du suffixe ‘’cide’’ qui signifie frapper, tuer, abattre, massacrer auxquels ont ajoute le viol et les autres formes d’agression sexuelle donnant lieu à un homicide au premier degré comme mentionné dans les minutes de jugements rendus dans les cas de l’espèce.
Le vocable lui-même est loin d’être récent contrairement à l’information rapportée lors de la présentation du journal LCI du 03 septembre 2019, qui prétendait avoir été utilisé pour la première fois en 1976 par la sociologue américaine Diana Russell, pour désigner les massacres de femmes en Amérique latine.
Le terme apparait pour la première fois sous forme d’adjectif « en italique, dans un article consacré au corset dans l’hebdomadaire Le Monde illustré en 1863 »
Mais ce n’est qu’à la lumière des évènements d’Algérie que le terme retrouve son véritable sens étymologique lorsque Hubertine Hauclert, une féministe française l’utilisait dans un article publié en 1902 dans Le Radical algérien à propos d’une loi dite « féminicide »
Cette nouvelle réapparition du terme permettant de désigner une sous-catégorie du mot homicide, selon que l’on qualifie un acte répressible et immoral de patricide, fratricide, parricide ou infanticide, le féminicide en revanche n’étant que le résultat d’un acte misogyne commis contre la nature féministe de la femme, par la force de dissuasion.
Cette situation de domination de l’homme à l’endroit de la femme a pris des proportions alarmantes ces quelques dernières années pour avoir attenté à la vie de milliers de femmes, a provoqué au niveau de la plupart des États dans le monde une mise en place de mécanismes juridiques permettant de juguler avec un maximum de rigueur ce genre d’atteinte à leur intégrité physique.
Malheureusement encore, le respect des droits de la femme dans certains autres pays de l’hémisphère Sud à l’exception de la Corée du Sud, de la Malaisie, l’Australie et de la Nouvelle Zélande, ne faisant pas partie des mœurs de ces sociétés rangées par la pauvreté et l’aliénation forcée auxquelles elles sont assujetties par leurs propres gouvernements respectifs.
Nous pouvons le répéter sans pour autant nous tromper, que la violence que continue à subir de nos jours la femme est essentiellement due à la mauvaise interprétation intentionnelle ou pas des préceptes de la religion, et de certaines pratiques tribales selon lesquelles le mâle a naturellement prédominance sur la femelle dans un environnement hostile que sectaire qui relève pour le moins des temps archaïquement révolus.
Dans un article paru dans le site ONU-Femmes de France, à l’occasion d’une campagne de contestation et de sensibilisation mondiale aux fins de mobilisation contre les violences faites aux femmes et aux filles, une invitation a été formulée à chacune et à chacun de faire un pressing sur son gouvernement afin d’inscrire le féminicide dans le code pénal.
« Il est inhumain qu’à notre époque, des femmes risquent leur vie parce qu’elles sont femmes. Faire reconnaître le féminicide dans la loi est une étape absolument fondamentale dans la quête de justice », a indiqué Céline Mas, Présidente d’ONU femmes de France.
Et c’est dans cet esprit d’engagement que nos artistes, un groupe d’algériennes, de tous les âges, s’est joint à l’appel, toutes vêtues de sombre, symbolisant la situation de noirceur dans laquelle se retrouve enfermée la femme algérienne, qui continue malheureusement encore de subir la loi de la brimade, de la violence, de harcèlement et du crime d’honneur.
Dans un enregistrement admirablement confectionné, elles donnent le holà de leur ras-le-bol de ne pouvoir continuer à subir les affres d’infantilisation d’un machisme insensé.
Cette illustration parfaitement élaborée, vient ainsi interpeler les consciences les plus endurcies sur l’amère réalité quotidienne que ne cesse d’endurer cet être physiquement vulnérable mais dont le mental est très largement en avance pour son temps.
Beaucoup d’effort et de sensibilisation à consentir pour parvenir à faire éveiller les consciences dans un pays où la culture et l’ouverture de l’esprit ne font pas bon ménage avec la persistance d’une mentalité qui vénère plutôt la mort au détriment de la vie.
Soyons optimistes tout en étant alertes pour déjouer toutes velléités venant entraver l’élan d’espoir que peut susciter cette excellente illustration empreinte de respect et d’humilité, destinée à nous les hommes.