Une des images satiriques d’El Manchar.

«El Manchar», seul site satirique dont l’humour était corrosif, a annoncé sa fermeture. L’équipe rédactionnelle préfère arrêter la mise ne ligne de son site devant le climat de « répression » instauré par le pouvoir de Tebboune depuis quelques mois.

« Le climat de répression des libertés, les incarcérations de citoyens à la suite de leurs activités sur les réseaux sociaux nous ont conduit à réfléchir sur les risques que nous encourons », explique El Manchar.

L’équipe de ce formidable média qui a pour habitude de brocarder avec un humour poilant et décapant les hommes politiques et l’actualité a préféré ne rien écrire que de se compromettre. Il a préféré se saborder « en attendant une Algérie meilleure » que de renoncer à sa liberté. Honorable décision s’il en est.

Cette annonce survient après le blocage de nombreux sites internet dans un climat d’interpellations et de condamnations d’activistes. Une soixantaine sont en détention.

L’annonce d’El Manchar a suscité une vague de sympathie et d’interrogations sur les réseaux sociaux, dernier espace de liberté. C’est qu’El Manchar avait ce talent de surprendre son lectorat, de décoincé les esprits les plus retors.

Face aux nombreuses réactions des internautes, la rédaction d’El Manchar a apporté cette précision : « Merci à tous pour vos messages de soutien. Nous tenons à informer nos abonnés des raisons de la suspension de notre journal. Nous n’avons pas été censurés ou bloqués par les autorités. Cette décision a été prise par l’équipe de rédaction ».

La même équipe a avoué ses craintes suite à certaines publications : « Nous avons vécu des moments de peur et nous avons résisté pendant 5 ans en essayant de contribuer à notre manière, par la satire, aux difficultés que notre pays et nos citoyens traversaient ». Ajoutant : « Nous ne pensions pas en arriver là ».

La cessation de publication de ce média est un coup dur à la diversité de l’information et un signal particulièrement inquiétant sur le recul des libertés d’expression dans le pays. 

Bon retour à vous.