Mardi 19 février 2019
#FreeFromHijab : Une campagne à soutenir
«Notre société est en fait une société qui opprime les femmes, mais elle opprime aussi les hommes. Et ce hijab fait partie d’un processus de déshumanisation de la société, parce qu’il fait des femmes des masses et des hommes des frustrés ». Djemila Benhabib
À circuler dans certains quartiers d’Alger, d’Oran ou de Constantine, n’était cette architecture spécifique à l’Algérie, on se serait cru à Kaboul, à Jalalabad ou à Kandahar. L’afghanisation de la société algérienne a débuté depuis longtemps et les mosquées dirigées par des salafistes ignares et crades sont devenues des lieux où les naufragés de la pensée vont se saouler à coups de sermons venant d’un autre âge et d’un autre lieu.
À écouter les admonestations et les harangues diffusées vendredi après vendredi à coups de hauts parleurs nasillards, on sait pertinemment qu’il s’agit de remontrances et de réprimandes qui ne visent le plus souvent que les femmes. Et ça nous vient de ces imams rances et putrides aux discours haineux qui ne connaissent de la vie moderne que leur téléphone ou leur voiture rutilante fabriqués des kouffars sur lesquels ils crachent jour et nuit.
La femme, voilà l’adversaire ! Que dis-je ? Voilà l’ennemi. Ce n’est plus le célèbre « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées » que le Tartuffe du XVIIème siècle professait, c’est désormais le Tartuffe islamiste élevé au lait du prosélytisme le plus rétrograde qui sévit d’El Kala jusqu’à Maghnia en désignant à la vindicte populaire toute femme digne et libre qui montrera ne serait-ce que les épis de ses cheveux. « Couvrez cette tignasse que je ne saurais voir. Par de pareils cheveux, Allah est offensé, Et cela conduit directement au brasier. »
La femme, voilà le diable ultime, le mauvais ange tentateur, le succube millénaire ! Et pendant ce temps, le pays est la cible d’un clan de vampires aux dents longues qui n’ont comme seul projet que de prolonger le règne d’un président empaillé qui servirait de caution à leur prédation. Et pendant ce temps, l’école dite républicaine est devenue le terrain de jeu des islamistes les plus hargneux pour vider la tête de nos chérubins et d’y mettre, au lieu de mathématiques et de rêves poétiques, des versets par tombereaux entiers.
Le pays comme l’école sont devenus, sous la houlette de ces immondes imams des lieux d’infections qui se répandent jusqu’à la putréfaction.
Et c’est toujours du corps de la femme qu’il s’agit, des corps à ceindre et à barricader du lever au coucher, à confiner et à encapsuler jusqu’à l’asphyxie. Et dans ce pays promis à glisser inexorablement dans une immense tombe qui n’a rien de pharaonique, sous les doubles coups de boutoirs du pouvoir et des islamistes, ce pays pris en tenailles par des goules du même acabit, voilà qu’à l’est du pays, vers Tébessa et Oum el Bouaghi, du côté de Tarf et de Mila, des jeunes femmes au comble du désespoir n’ont eu d’autre choix que se pendre avec l’instrument dont on les a affublées pour qu’elles s’esclavagisent totalement.
Quel degré de désespoir faut-il pour en arriver à cet acte extrême ? Dans quelle société vivaient-elles pour qu’elles deviennent les dépositaires d’un crime qui ne dit pas son nom ? Comment un peuple qui s’est révolté contre l’infamie coloniale peut-il se laisser berner par l’obscénité islamiste ? Les 200 000 sacrifiés qui ont été égorgés, éventrés, liquidés à coups de haches ou de fusils mitrailleurs, cette hécatombe aurait-elle été vaine finalement ? Aurait-on passé ces malheureux par perte et profit comme si rien ne s’était passé ?
Dans ce pays, et probablement ailleurs, l’espoir nous vient toujours du côté des femmes. Et cet espoir est toujours là quoi qu’il puisse nous en coûter. Voilà que sur les réseaux sociaux, des femmes par milliers, s’élèvent contre le port du voile. Elles témoignent de l’asservissement qu’elles subissent depuis leur adolescence ou même avant de la part des mâles de leurs familles. Elles dénoncent avec courage et lucidité le voile comme un instrument d’oppression et de domination.
Cette campagne est à l’évidence un acte de résistance héroïque face aux tenants du conservatisme le plus réactionnaire et les plus obscurantiste qui ronge l’Algérie de l’intérieur. Cet acte est à encourager comme il se doit. Il est grand temps qu’il y ait concomitamment une double libération : celle de l’Algérie toute entière face à ses suceurs de sang et celle de la femme face à la secte phallocratique qui a le vent en poupe.