Mercredi 21 février 2018
Comment gagner illégalement sa vie en Algérie
En Algérie, si on n’a ni piston, ni diplôme, mais seulement de la débrouillardise, il ne faut pas désespérer, parce qu’il y a mille et une astuces pour gagner sa vie sans fournir le moindre dossier.
N’ayant pas de stratégie efficace de lutte contre le chômage et ayant beaucoup de choses à se reprocher, les gouvernants algériens ont choisi la facilité : fermer les yeux et laisser faire. Du coup, nombre d’Algériens se sont engouffrés dans la brèche en se lançant dans de petites affaires louches, aussi lucratives les unes que les autres.
Les uns, sans moyens, squattent une portion de la chaussée de plusieurs dizaines de mètres carrés et font d’elle un grand marché à ciel ouvert de fruits et légumes, qu’ils écoulent auprès d’une clientèle ravie de pouvoir s’approvisionner en produits frais à bas prix.
D’autres, ne manquant pas de suite dans les idées, achètent un tacot et deviennent des taxieurs pas aussi clandestins qu’on le croit, puisqu’ils activent en plein jour et passent par les barrages de sécurité comme tout le monde.
D’autres encore, audacieux ceux-là et un tantinet intelligents, font beaucoup mieux. Ils sont écrivains publics, ou courtiers dans l’immobilier. Avec seulement une chaise et une table posées près de l’entrée de la poste de la ville, pour les premiers, et un téléphone portable, un stylo et carnet pour les seconds, ils arrivent facilement à satisfaire une demande en nette évolution.
Ces « fonctions » ne sont bien sûr que des exemples parmi d’autres. Elles sont occupées par des gens qui les exercent en toute quiétude, dans l’illégalité totale, sans rien payer, au su et au vu de tous, y compris des services de sécurité. Quand quelqu’un les interpellent sur le caractère illégal de leur activité, ils répondront benoîtement que c’est mieux que d’aller voler.
Ils paraissent tellement ingénus qu’on les prend pour des enfants de chœur. Mais attention ! Dès lors qu’on cherche à éradiquer leur gagne-pain, ils deviennent très violents et n’hésitent pas à croiser le fer avec les forces de l’ordre. Choisissant la facilité, les pouvoirs publics préfèrent alors les considérer comme des travailleurs illégaux que de les voir devenir des protestataires légaux.