Mardi 21 février 2017
Un silence qui trouble les Algériens !
L’annulation de la visite de la chancelière allemande Angela Merkel en Algérie est une première dans les quatre mandats de Bouteflika.
Cette annulation de dernière minute remet au centre des inquiétudes la question de l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika. Sujet sensible s’il en est, dès qu’il est évoqué le banc et l’arrière du pouvoir se lance dans un formidable tir de barrage. Il est interdit de poser même la question, si l’on comprend le message distillé des lieux du pouvoir. Pourtant, à bientôt 80 ans, l’état de santé du président est cardinale, si l’on met l’Algérie au-dessus de tous les Algériens. Tout le reste n’est que simple démagogie et pur écran de fumée pour cacher aux Algériens ce que tout un chacun appréhende.
Déjà hier lundi, la présidence s’est contentée d’un bref communiqué précisant d’abord que l' »indisponibilité temporaire » du président due à une « bronchite aiguë ». Bien sûr pour couper court à toute supputation, la présidence a précisé que cette annulation est un report « d’un commun accord ». Une précision quelque peu étrange puisque cette annulation ne dépend pas de l’Allemagne mais de l’état de santé du président. De fait, la bienséance diplomatique veut que la chancelière allemande ne peut se déplacer à Alger sans recontrer le président.
Autre information glissée dans le communiqué : « Son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République »,.. »se trouve à sa résidence à Alger ». Voilà pour dire aux Algériens que le chef de l’Etat n’a pas été évacué à l’étranger comme les précédentes fois mais qu’il est bien dans « sa résidence ». Après cette brève information, on ferme les canaux. Aucun bilan médical n’est rendu public. Cependant tout un chacun doit s’interroger : « Si Angela Merkel ne devait pas venir en Algériens aurait-on appris l’indisponibilité du président ? » Peu sûr.
Cela étant dit, ces brèves informations ne rassurent pour autant nullement surtout quand on sait la centralité qu’occupe le président dans le pouvoir. Aussi les interrogations deviennent insistantes sur ce président qui ne s’adresse plus aux Algériens et ne rencontre plus aucun homme politique hormis une poignée de son cercle proche. Alors pour éteindre l’incendie des rumeurs, Ahmed Ouyahia, SG du RND mais surtout en tant que directeur de cabinet du président qu’il est allé faire le pompier.
Il a déclaré aujourd’hui que « rien n’empêche le président Bouteflika de poursuivre son mandat ». Le retour de la question de la légitimité du président à rester au pouvoir n’est pas anodin. En animal politique très discipliné, voire vindicatif, Ahmed Ouyahia entendait prévenir qu’il n’est pas question de remettre au centre des débats la santé du président.
Le président « marchera »
Mais tous ceux qui suivent l’actualité nationale se rappellent de cette déclaration d’Ould Abbès quand il avait soutenu en novembre dernier que « le président Bouteflika se remettra à marcher dans quelques mois ». Il a même crâné qu’il se présentera à un cinquième mandat. Les déclarations d’Ould Abbès (83 ans) ont prêté à sourire plus d’un par sa légèreté. Chez la petite tête des thuriféraires et autres groupies du pouvoir, plus c’est gros mieux ça passe. La sortie d’Ould Abbès arrivait une semaine avant que le chef de l’Etat ne soit évacué pour un séjour hospitalier à la clinique d’Alembert de Grenoble en France.
Dans la foulée, Bouteflika est sorti de sa résidence pour inaugurer la nouvelle ville non encore achevée de Sidi Abdellah. Un conseil des ministres a bien été aussi filmé sanctionné par un long communiqué. Mais point de déclaration à la télévision à la fin de l’année. En lieu et place du président, les Algériens ont eu droit à un monologue d’Abdelmalek Sellal.