Mercredi 27 octobre 2021
« Le droit d’emmerder Dieu » de Richard Malka
« L’islam peut être offensé, comme le christianisme, comme le judaïsme, comme toute autre religion. C’est ça la République. On ne peut pas sortir l’islam du pacte républicain. Ce serait le pire des services à lui rendre. » Richard Malka
Ce petit livre de moins d’une centaine de pages n’est ni plus ni moins que la plaidoirie de Richard Malka, avocat des parties civiles du procès de novembre 2020 à Paris, des attentats de janvier 2015. C’est une très belle conception de faire sortir les débats de la salle d’audience et de les exposer à la lecture de tous. Et à défaut de débats, ce sera au moins la vision des parties civiles.
C’est à travers un mensonge et une manipulation des imams danois que les caricatures publiées par le Jyllands-Posten en septembre 2005 ont circulé dans les pays musulmans pour mettre en ébullition les consciences. Aux caricatures danoises, les imams hypocrites et malhonnêtes ont ajouté deux images provenant des suprématistes américains et une affiche qui a fait son apparition à Tulle en Corrèze pour le concours du cri du cochon. Ce sont les premières manifestations de ces mensonges éhontés et répétés dont les islamistes ont toujours fait preuve, le dernier en date concerne le pauvre professeur Samuel Paty dont la tête a été séparée du tronc.
Charlie Hebdo a reproduit les caricatures danoises et a publié par la suite ses propres caricatures qui n’ont jamais été que le pendant de celles que le journal a publiées à propos des autres religions du Livre. Avant Charlie, c’est France-Soir qui a eu le courage de reprendre les caricatures danoises suscitant la colère du principal actionnaire du titre qui a débarqué manu-militari le directeur de la rédaction du journal.
Richard Malka pointe du doigt cette lâcheté et met en lumière les divergences des actions menées à la suite de ces publications. Les bassesses et les agenouillements furent nombreux de la part de maintes personnalités tant politiques que des arts. Richard Malka alpague un à un ces responsables, femmes et hommes, qui ont mis genoux à terre en mettant sur le dos de Charlie ce qu’ils ont appelé des provocations inutiles.
Parlant du délit de blasphème dont la Révolution française a été la première à le supprimer dès 1791, Richard Malka poursuit le parcours des lois à travers les siècles avec les avancées de 1881 et de 1905. Jusqu’à arriver à notre époque où une religion tente, à coups de tirs de mitraillettes et de couteaux de boucher, d’imposer sa vision rétrograde et obscurantiste à une société qui a hissé depuis longtemps l’étendard des Lumières. « La liberté de critique des idées et des croyances, c’est le verrou qui garde en cage le monstre du totalitarisme », assène-t-il sans relâche en constatant que nous avons plié face aux injonctions des fondamentalistes. Et plus loin : « C’est à nous de nous battre pour rester libres. Nous et ceux qui nous succéderont. Voilà ce qui se joue aujourd’hui ».
Richard Malka est à l’évidence une étoile du berger dans un ciel sombre. Il est de ceux qui portent haut le drapeau du triomphe de la liberté d’être soi pour ne pas subir les oukases et les mises en demeure de ceux qui ont pour objectif de nous mettre à genoux.
« À nous de rire, de dessiner, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute face à des fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de frustrations, en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme anglo-saxon et d’intellectuels héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot ». Comment être en désaccord avec l’ensemble de ce qui est martelé dans ce petit livre aux immenses principes ?
À l’amitié qui nous lie et à l’admiration que je lui porte, je crois que je mets encore plus haut le fait que Richard Malka appartienne à cette famille, qui est totalement mienne, de femmes et d’hommes libres et engagés qui refusent d’abdiquer devant les règles requises par les fanatiques.