23 novembre 2024
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Amar Oukil : entre talent et destin tragique !

Impérieuse culture du terroir 

Amar Oukil : entre talent et destin tragique !

Le premier élément qui mérite d’être signalé concernant Amar Oukil est que bien qu’ayant milité au sein de l’Organisation clandestine du FLN (OCFLN) en France, pendant la révolution, le statut de Moudjahid ne lui a jamais été reconnu.

Pourtant, il suffit d’écouter son premier titre « Cmen di fir bu urfan » (*), traduit ci-après, pour déceler le patriotisme sous-jacent et sans ambiguïté de son auteur, avec des phrases clefs comme « partout le combat est acharné » intelligemment glissée au beau milieu des strophes de cette chanson aux allures d’innocentes « ch’tiḥ r’diḥ ». D’ailleurs, pendant longtemps, il était interdit de certaines radios, étant soupçonné, à juste titre, de nationaliste.

Né en 1932 à Bounouh (Draâ El-Mizan) Oukil Amar choisit l’exil en 1956 où il se soumet, comme la plupart des chanteurs de l’époque, aux dures conditions d’ouvrier. Se découvrant une vocation de chanteur, il enregistre son premier succès « Cman di fir bu urfan » à la fin des années 1950. Un tube et un refrain qui ont marqué toute la génération pré-et-post-indépendance.

Dans les années 1960, les succès s’enchainent sur les ondes de la chaine 3 de la radio algérienne : « Louiza », « Aman uzaɣar », « Ya taleb yeɣran », etc.

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Comme tout émigré, à l’indépendance, il partage sa vie entre la France et des séjours au pays. Ce n’est que dans les années 1980 qu’il décide de rejoindre les siens et de rentrer pour de bon.

Terrassé par un AVC, début 2012, il est hospitalisé à Paris avant d’être rapatrié et admis à l’hôpital Aïn-Naâdja d’Alger pour des soins intensifs.

Malheureusement, des séquelles irréversibles le handicapent d’une terrible extinction de voix, ne s’exprimant que par des gestes avec ses proches.

Rajouté à ce malheur, lui qui a rendu hommage à la révolution et milité au sein de l’OCFLN, il ne doit sa subsistance qu’à une maigre pension attribuée par la caisse de retraite Française, pendant que les terrés aux frontières se partagent les milliards !

Récemment, début janvier 2021, une délégation d’officiels locaux accompagnés d’une équipe de tournage vidéo lui a rendu visite chez lui à Bounouh (**).

Il est important de rendre hommage aux étoiles de cette stature de leur vivant pour leur témoigner un tant soit peu de reconnaissance, leur faire savoir que nous ne les oublions pas, et qu’ils font partie d’un patrimoine qui se transmettra au-delà des siècles et des générations.

« Cman di fir bu urfan », Le train de fureur rugissant

Le train de fureur rugissant

À grande vitesse se déplaçant

Vers la ville sa destination

 

Il roule en bruissant

Pour porter les nouvelles

À ceux qui sont en exil

 

Emblème enlaçant la lune

Sous des pluies déchaînées

Partout le combat est acharné

 

Perdrix par le lapin apprivoisée

La buse en témoin

Le vautour en gardien de la cour

 

La biche est sortie se balader

En chevillière argentée

Vers la fontaine elle suit le sentier

 

Oh chance maudite

Qui m’a d’elle séparé

Sept ans comme si ce n’était pas assez

 

Moi je suis à Paris

Eh oui à Paris

Dans les usines simple ouvrier

 

Les repas chez le cafetier

Tout cela à crédit

Et refuge sous les celliers

 

Oh Dieu sois indulgent

Edulcore les cœurs

Et allège tous nos tourments

Auteur
Kacem Madani

 




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