Vendredi 29 janvier 2021
Lounis Aït Menguellet revisité : « Ddin amcum », entre culte turpide et dettes…mystiques !
Que dire de l’album « Isefra » qui n’ait été dit ? (*) sinon que Lounis nous a servi du grand Aït Menguellet avec des textes d’une beauté rare, ciselés au mot près.
Pour la petite histoire, rappelons qu’à la sortie de l’album, une polémique s’était très vite installée et enflée autour du titre « Ddin amcum », et qui signifie, selon nous, culte turpide ou maudite religion. Sommé, encore une fois, de s’expliquer, Lounis se défend d’agresser quelconque croyance, en expliquant que la chanson parle de « tlaba », c’est-à-dire de dettes. De toute évidence, on ne peut qu’être d’accord qu’il s’agit bien de dettes. À part que, selon notre propre interprétation, ces dettes sont plutôt d’ordre… mystique !
Pour paraphraser l’ami Jiji, citant Nazim Hikmet : « les chants des hommes sont plus grands que les hommes ». De ce fait, il nous est permis de donner une signification différente de celle qui en est mise en avant par l’auteur. D’ailleurs, en règle générale, dès lors qu’une œuvre est distribuée sur le marché, elle n’appartient plus à son auteur mais au grand public et à ses fans. Yek akka a Dda Lounis neɣ alla !?
« Ddine amcum », entre culte turpide et dettes mystiques
Les unes aux autres
Les générations se succèdent
Les années s’amoncellent
Qui sait quand prendront fin nos tourments
Qui sait si le jour viendra où nous serons
Ni créanciers
Ni endettés
Avec le culte turpide nous rompront
Il y en a qui font de la peine
Laminés par les dettes mystiques
La religion les rend malade
Tout autant que si leurs poches étaient vides
Dès qu’il se débarrasse de l’une
Voilà que pour le tourmenter la suivante rapplique
Chaque fois qu’une autre l’atteint
Elle vient lui user la chair
Qui sait si le jour viendra où il sera
Ni créancier
Ni endetté
Du culte turpide il sera délivré
Depuis que se vend le néant
Vous l’achetez toujours à crédit
Couverts de ramilles en guise de voile
De chaque transaction vous êtes dupés
Les habiles entassent le grain
Pendant que vous monnayez la religion
Extirpe-toi vite de cet engrenage
Avant que la lumière ne te soit voilée
Qui sait si le jour viendra où tu sera
Ni créancier
Ni endetté
Du culte turpide tu seras délivré
Nous tissons nos dettes telle une toile
Chaque étoffe placée avec soin
Les uns en paroles d’autres par écrit
La nuit d’acquittement nous rêvons
Le quidam ne trouve jamais son compte
Où qu’il aille de dettes il est criblé
Avec ou contre son gré il est piégé
À ses dettes vous en rajoutez
Il s’impatiente du jour où il sera
Ni créancier
Ni endetté
Du culte turpide il sera délivré
Un jour je me suis réveillé de bon matin
Avec mon âme je me suis réconcilié
J’ai circonscris la calamité
Je me suis entendu avec moi-même
Pour restituer et récupérer
De ma religion je me suis séparé
Mes créanciers ont repris ce que je leur devais
On ne peut rien me reprocher
J’ai vécu jusqu’au jour où je suis enfin
Ni créancier
Ni endetté
Du culte turpide je suis délivré
Renvoi