23 novembre 2024
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Kamal Hamadi : la richesse d’une carrière artistique (II)

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Kamal Hamadi : la richesse d’une carrière artistique (II)

Auteur et compositeur de plus de 2000 chansons Kamal Hamadi est l’auteur et le compositeur de plus de 2000 chansons faites en kabyle et en arabe algérien.

Il convient de souligner que tous les artistes kabyles des années 1950 ont chanté en arabe à l’exception de Kamal Hamadi qui n’a jamais interprété de chansons dans cette langue. Ses chansons ont été chantées par plus de cent interprètes.

Beaucoup d’entre eux perceront dans le domaine de la chanson et deviendrons des stars. Il a composé des chansons pour des Algériens, des Marocains et des Tunisiens. Il a composé pour Ahmed Wahby, El-Ghalia, Noura, Saloua, Jahida, Zoulikha, Nabila Naia, Hassiba Amrouche, Hanifa, Bahidja Idriss, Souad Hadji; Lony Hanna, Karima, Malika Meddah, Soulef, Dhikra, Jamoussi, Driasa, El-Ankis, Mustapha El-Anka, Cheikh El-Anka, Cheb Mami, Cheb Khaled, Aït-Menguellet, Aït-Meslayene, Slimani, Athmani, Smaïl Ahmed…

Durant sa carrière, toujours active, il a côtoyé tous les grands de la chanson kabyle et arabe de l’Afrique du Nord. Slimane Azem, Cheikh El-Hasnaoui, qu’il admirait de loin, Hnifa pour laquelle il composera de nombreuses chansons, Marguerite-Taos Amrouche avec laquelle il animera pendant près de trois ans une émission radiophonique sur Radio-Paris (1959-1962), Zerrouki Allaoua qu’il invitera à l’une de ses émissions à Alger et qu’il accompagnera sur scène lors d’un concert donné par le chanteur à la salle Ibn Khaldoun en octobre 1965, Ahmed Wahby, Ahmed Smaïl, Mohamed Jamoussi, qui fut son maître puis son compagnon de route, Amraoui Missoum, et d’autres encore, ont fait partie de l’univers artistique de Kamal Hamadi.

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Il est dépositaire d’un patrimoine inestimable.

Car, en plus de posséder un abondant répertoire, chanté par lui-même ou par d’autres interprètes, il connait et débite avec une impressionnante facilité des centaines de chansons kabyles et arabes traditionnelles et modernes.

Il est rare d’aborder un sujet musical algérien qu’il ne connaisse pas. Il est capable de donner de mémoire, de façon toujours fidèle, toutes les informations relatives à un grand nombre de chansons composées au cours de ces dernières cinquante années.

En Algérie, Kamal Hamadi a longtemps fait partie du groupe chargé de l’identification des œuvres musicales déposées à l’Onda (Office national des droits d’auteurs). Parce qu’il a dirigé l’orchestre lors de l’enregistrement de très nombreuses chansons en studio, il se souvient de tous les détails propres aux différentes séances des artistes kabyles.

Chaque fois que l’occasion se présente d’aborder avec lui un tel sujet, il ne manque jamais d’agrémenter les discussions de nombreuses anecdotes portant sur les paroles, la musique, les conditions d’enregistrement, les interprètes, les musiciens, la genèse de telle ou telle œuvre, etc. Sa bonne connaissance de l’art musical algérien fait de lui un érudit incontournable pour le chercheur qui, de façon sérieuse, veut aborder ce domaine.

Il sait toujours débusquer les emprunts faits par des auteurs ou des compositeurs à une chanson existante. Mais, il reste toujours discret et ne reproche jamais à quiconque de plagier ou de s’inspirer d’une musique ou d’une poésie déjà connue. Il affiche toujours une attitude tolérante alors que de nombreux jeunes artistes kabyles ne manquent pas d’en reprendre tout ou partie d’une chanson, la sienne, sans en demander l’autorisation. Une telle connaissance, acquise au fil du temps et d’expérience, l’a 9 personnellement enrichi.

De nature curieuse, il écoute de nombreux genres musicaux algériens et étrangers, orientaux et occidentaux, découverts tout au long des voyages effectués à travers le monde aux côtés de son épouse, Madame Noura (1942-2014), la star de la chanson algérienne.

Les rudiments de formation musicale acquise auprès de grands maîtres, tel Mohamed Jamoussi, et l’érudition construite à la volée suite à la fréquentation assidue de nombreux musiciens illustres comme Ahmed Wahby, Khelifi Ahmed, Ahmed Zehar, Amraoui Missoum, Rabah Driassa, etc., lui ont permis de posséder et de maîtriser les modes et les rythmes de nombreuses traditions musicales régionales d’Algérie autres que kabyles.

Il fait partie des rares artistes kabyles à mener une carrière artistique professionnelle, au sens où, dès lors où le succès de ses chansons fut installé au cours des années 1950, il quitte tout autre métier et se consacre entièrement et définitivement à la profession de musicien.

Toutefois, pendant deux ou trois années, il gérera à Paris 20e une petite boutique de disques qu’il cédera vers 1982. Pendant sa longue carrière il voit arriver la musique utilisant des arrangements polyphoniques alors que lui-même reste fidèle à l’homophonie.

Par un style musical et poétique toujours à la portée de tous, il imposera une dynamique de succès avec laquelle il devient le modèle que beaucoup veulent égaler ou tout au moins imiter. En un mot, il est permis de dire que Kamal Hamadi est ce que d’aucuns appellent si justement un monstre sacré de la chanson. Il est de la même trempe que les grands Cheikh El-Anka, Slimane Azem, Cheikh El-Hasnaoui, Amraoui Missoum, Mohamed Jamoussi, Mohamed Iguerbouchen. Son ingéniosité n’a d’égale que sa modestie qui le rend accessible à tous ceux qui aiment la musique et veulent la faire apprécier aux autres.

Ainsi, en 1988, il lancera la jeune Karima qui interprétera l’un des plus grands succès de la chanson kabyle des années 1980 intitulé Ass-a nezha (Aujourd’hui nous voilà joyeux) : Ass-a nezha, es teslit telha Ass-a nezha, es wexxam yebbha… Aujourd’hui nous voilà joyeux, pour la belle mariée Aujourd’hui nous voilà joyeux, car le parti est illustre 10 Puis il fera découvrir tout dernièrement Dina Yani, collaborera avec Safi Boutella au dernier album de Djamal Allam, etc.

Sa curiosité naturelle et l’intérêt particulier qu’il accorde à la notion de mémoire et donc à tout document d’archives, ont permis à l’artiste de constituer une collection iconographique et sonore incomparable.

Grâce à sa documentation personnelle, il nous fait découvrir entre autres joyaux Lla Ounissa (1949) qui possédait l’une des plus belles voix kabyles de tous les temps. Grâce à son esprit d’initiative, nous avons hérité de morceaux de flûte joués et enregistrés au cours des années 1960 par le grand flûtiste kabyle algérois Sid Ali Sidah. Les airs de cette flûte sont très connus du public grâce à la radio algérienne de langue kabyle qui les a régulièrement diffusés soit comme générique d’émissions soit comme musique d’animation. (A suivre) 

M.M.

Auteur
Mehenna Mahfoufi

 




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