Lundi 24 février 2020
Hervé Bourges, un ami de l’Algérie, est mort
« On dénonce à juste titre le terrorisme en France, mais on a fermé les yeux pendant dix ans sur les 200 000 victimes du terrorisme en Algérie », déclarait Hervé Bourges dans un entretien au Point. Homme des médias français passionné par l’Afrique, Hervé Bourges est décédé dimanche à l’âge de 86 ans.
Hervé Bourges a une grande histoire avec l’Algérie post-indépendance. Journaliste il a été proche de l’équipe de Ben Bella jusqu’au coup d’Etat.
Hervé Bourges gagna Alger dès juillet 1962, et choisit peu après la nationalité algérienne. D’abord conseiller de Ben Bella, puis directeur de la jeunesse et de l’éducation populaire, enfin conseiller du ministre de la justice, il fit partie, après le putsch de juin 1965, du cabinet de M. Boumaza, ministre de l’information, jusqu’à la démission de celui-ci, à la fin de 1966. Pendant plus de quatre ans, Hervé Bourges fut donc en contact étroit avec les nouveaux maîtres de l’Algérie.
« Quand je suis allé en Algérie, il n’était pas question pour moi de m’associer à un phénomène révolutionnaire, mais d’aider ce pays. Je suis resté moi-même là-bas. J’y ai travaillé six ans sans me rendre compte des dangers que je pouvais y courir. J’avoue ne pas avoir connu la peur dans ma vie. Ce n’était même pas du courage. J’avais été condamné à mort par l’OAS, j’avais été « plastiqué » aussi. Mais comme je n’avais pas de plan de carrière, j’étais peut-être un peu imprudent. Et puis, je n’avais pas encore l’appréciation de la réalité, chose que j’ai acquise par la suite en Algérie, et plus largement en Afrique », raconte-t-il dans un entretien au Point..
Dans « De Mémoire d’éléphant », il raconte cette partie de sa vie où il était au cabinet de Boumaza. Ben Bella l’avait même envoyé pour rencontrer Aït Ahmed qui avait pris le maquis en septembre 1963. Comme dans « L’Algérie à l’épreuve du pouvoir », paru chez Grasset.
Né le 2 mai 1933 à Rennes (Ille-et-Vilaine, nord-ouest), il fut diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ) en 1955. Sa vie fut ensuite un long parcours entre médias, politique et même diplomatie, un temps ambassadeur de France auprès de l’Unesco.