Mardi 13 février 2018
Algérie: la sérieuse histoire du projet d’une mer dans le Sahara
Qui se souvient en Algérie, de Rabah Bencherif du PNSD, dans les années 1990 qui voulait creuser une mer dans le Sahara? Eh bien, cet homme n’avait rien inventé, puisqu’un officier français à la fin du 19e siècle, François Elie Roudaire, ingénieur militaire, topographe avait fait la même proposition et a failli même réalisé ce rêve fou.
Le magazine Géopolitis de Franceinfo, s’est penché récemment dans un article intitulé Tunisie, Algérie: la folle histoire d’une mer dans le Sahara, sur cette idée qui aurait pu voir le jour, tant l’initiateur du projet, avait réussi à convaincre les autorités françaises de l’époque.
L’idée est d’inonder un vaste «bassin d’une surface égale à dix-sept fois environ celle du lac de Genève, en communication avec la mer au moyen d’un canal de 240 kilomètres de long débouchant dans le golfe de Gabès»… A charge pour cette mer, grâce à l’évaporation, de créer un climat humide favorable à la végétation et à une modification du climat, pouvait-on lire dans l’article de Géopolitis.
Le topographe Roudaire cherche alors à entraîner avec lui le héros du moment en matière de grands travaux, Ferdinand de Lesseps, à qui il écrit pour expliquer son idée qui doit provoquer «…une immense amélioration du climat de l’Algérie et de la Tunisie, puisque l’humidité provoquée par l’évaporation de la vaste étendue d’eau sera entraînée par les vents dominants du Sud sur ces pays, formant une couche d’atmosphère humide qui atténuera considérablement l’intensité des rayons solaires, retardant le refroidissement de la terre par les radiations pendant la nuit. La mer proposée étant aussi navigable pour les navires ouvrira aussi une nouvelle route commerciale pour les districts situés au sud des Aurès tandis que les cours d’eau qui convergent du Sud, de l’Ouest et du Nord vers les chotts, mais qui sont maintenant secs pendant la plus grande partie de l’année, redeviendront des rivières, comme ils l’ont été, sans aucun doute, aboutissant finalement à la fertilisation de vastes étendues de terres désertiques sur leurs rives.»
Le projet est pris très au sérieux, en ces temps des grandes conquêtes et des travaux pharaoniques. « Il est débattu dans de nombreuses instances scientifiques et politiques. Grâce à cela, il obtient le financement d’expéditions destinées à vérifier la faisabilité du projet. », lit-on dans l’article de franceinfo. Le projet va essuyer également de nombreuses critiques, et on craint que les travaux ne soient un grand gouffre financier.
« Pourtant, malgré les critiques, les difficultés géologiques rencontrées sur le terrain, les doutes sur l’utilité d’une telle mer… une très sérieuse et officielle nouvelle «Commission supérieure pour l’examen du projet de mer intérieure dans le sud de l’Algérie et de la Tunisie» voit le jour en 1882 et se lance dans une analyse minutieuse du projet. ».
Le dossier sera finalement rejeté et abandonné après son étude. «Est d’avis qu’il n’y a pas lieu, pour le gouvernement français, d’encourager cette entreprise», conclut le rapport de 550 pages adressé au président de la République, signé par C.de Freycinet, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères. »
Le projet fou de changer le climat du désert n’a pas survécu à ses créateurs… si ce n’est sous forme de livre du célèbre Jules Verne sous le nom de L’invasion de la Mer (histoire qui porta aussi le nom de La Mer saharienne).