24 novembre 2024
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Al Djazaïr : le mot et la chose, Etat et peuplement

DECRYPTAGE

Al Djazaïr : le mot et la chose, Etat et peuplement

Il me semble que toute personne sérieusement intéressée par la science historique ne peut, quelle que que soit la raison, nier que tout Etat est une construction historique.

Ainsi, tous les Etats du monde révèlent de l’élaboration de cette structure politique (chapeau anthropologique) qui de surcroît est  diversement  consacrée par les sociétés humaines. Or, la guerre des mémoires que se livrent les autorités algérienne et française à de quoi surprendre par l’ampleur des malentendus qui alimentent la surenchère politico-médiatique. 

Pour tout dire, le mot Al Dazaïr  est une pure invention des géographes et historiens musulmans qui ont considéré selon leur point de vue que la partie centrale de l’Afrique du Nord est une Ile (Djazira). Cette appellation a fait réagir en son temps l’écrivain et nationaliste algérien Kateb Yacine. 

En cela, le mot n’apparaît qu’au moment de la conquête musulmane de l’Afrique du Nord. Ce mot dont nous avons l’historique qu’à travers la documentation coloniale révèle de l’ambiguïté du langage tant chez les Algérianistes coloniaux que chez les nationalistes algériens.

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Autant dire qu’il s’impose à nous de dénoncer aussi bien la nostalgie coloniale des Algérianistes européens qui considèrent à tort que l’Algérie est une pure création française que le discours d’excroissance du nationalisme ringard qui tend à confondre l’évidente ancienneté du peuplement amazigh de toute l’Afrique du Nord et du Sahara et la succession des Etats dans des frontières amovibles depuis la haute antiquité jusqu’à l’émergence de la Nation comme Etat.

L’impartialité politique ou plus exactement l’objectivité scientifique nous impose de mettre de nouveau en exergue l’incertitude de  Mostefa Lacheraf  (L’Algérie, nation et société) lorsqu’il écrit ce qui suit : Quoi qu’il en soit, nation-Etat -communauté ou simple patrie solidairement-agissante, et par cela même « nationale » quelque chose existait qui a permis à l’Algérie de » s’opposer, au cours des 130 ans, à une grande puissance impérialiste à la forcer, en définitive à capituler »  

La solidarité de la population locale envers la souveraineté de l’Etat précolonial dont parle l’historien algérien est exprimée par le bey Ahmed dans ses mémoires de la façon suivante : «Il n’y a pas eu un seul habitant, pauvre ou riche, dont je n’aie reçu quelques marques de bon souvenir, les uns m’envoyaient des vêtements, des provisions de bouche, du miel, du beurre, des fruits, d’autres en proportion de leur fortune, m’adressaient quelques produits de leur industrie, des souliers, des tezma, des tellis, etc…et ce qu’ils regardaient comme un devoir envers leur souverain fut accompli par tous, par les enfants, mêmes de ceux dont, aux jours de ma puissance, j’avais dû ordonner la mort, et plusieurs d’entre eux me firent passer tout ce dont je pouvais manquer. »

Auteur
Fatah Hamitouche, ethnologue

 




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