Lundi 23 août 2021
Le retrait américain de l’Afghanistan est-il mûrement réfléchi ?
Dans une brève allocution rendue publique le lundi 16 août 2021, le président américain Joe Biden dont le pays traverse à l’heure qu’il est l’une des situations les plus critiques de son histoire à l’égard de la décision de retrait des forces américaines de l’Afghanistan, n’a pas manqué de se prononcer sur la question.
À ce propos, il déclare je cite : « Je suis le président des États-Unis et à la fin c’est moi qui assume. Je suis profondément attristé par la situation, mais je ne regrette pas » d’avoir pris la décision de mettre fin à la présence américaine dans cette région du monde qui dure depuis vingt ans, a-t-il souligné.
Une décision à laquelle le monde occidental notamment n’ayant pas pris le soin de mieux digérer quand bien même que l’annonce de ce retrait a été faite au début du mois d’avril de l’année en cours, a quelque peu désorienté l’opinion internationale quant à la tournure des évènements qui se succédèrent à la manière d’une traînée de poudre.
Des scènes de panique et de mélange d’inquiétude et de peur continuent néanmoins d’alimenter certaines représentations diplomatiques qui se précipitèrent à vouloir quitter le pays en prévision du retour des Talibans au pouvoir.
Cette situation de tohu-bohu n’a pas manqué de pousser certains observateurs médiatiques à en faire le parallèle avec celle ayant prévalu au lendemain de l’évacuation américaine et de ses alliés lors de la prise de Saigon par Hô Chi Minh en 1975.
Avons-nous le droit de s’ériger en donneurs de leçons à l’endroit d’un peuple qui veut prendre sa destinée en main ? Absolument pas, dès lors que seul le peuple afghan est habilité finalement à vouloir se prendre en charge et ce, dans le respect des principes du droit à disposer de lui-même.
Que peut-on dire sur la manière avec laquelle l’Amérique est parvenue à se retirer de l’Afghanistan, sachant que la décision qui était mûrement réfléchie d’ailleurs ne date pas d’aujourd’hui faut-il le rappeler mais a été en prélude à des signes de lassitude et d’agacement bien avant la période d’investiture de Donald Trump au pouvoir.
Cela étant dit, et sans le moindre soupçon, l’on s’accorde à dire que les intérêts américains priment sur tout autre considération, et ce, quelle que soit la divergence de position entre républicains et démocrates qui se relayent au pouvoir en ce qui a trait au choix de politique générale, qui, comme chacun le sait, se conçoit dans les labos des influents Think Tanks créés à cet effet.
Et, c’est dans cette optique globale que la décision américaine de vouloir se retirer partiellement d’ailleurs de cette partie du monde est intervenue et ce, pour des raisons qui demeurent encore inavouées, à l’effet de permettre le « règlement » d’un conflit considéré à juste titre comme étant « une guerre sans fins » selon la formule usitée par Biden lui-même.
Nous n’allons pas conclure sans omettre de relever un certain nombres de motifs factuels ayant précipité la décision de retrait américaine de l’Afghanistan :
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Réduire de manière drastique les charges financières qui se chiffrent selon certaines sources à des trilliards de dollars américains;
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Préserver la vie des militaires américains tout en étant à l’écoute de l’opinion publique interne qui ne cesse de faire valoir son aversion aux-vas-t-en-guerre.
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Cesser pour un temps de faire le Shérif dans cette partie du monde qui ne représente plus pour l’administration américaine un pôle d’attraction en termes d’intérêt de stratégie globale…etc.
Ce que révèle par ailleurs ce volte-face américain, permet de confirmer de manière claire et précise que le terrorisme comme motif jusque-là invoqué ne tient plus la route dorénavant et qu’il va falloir miser sur d’autres conceptions mis à jour permettant encore une autre fois de vouloir justifier l’injustifiable.
Il est de notoriété publique de faire remarquer que le choix de l’administration américaine n’est pas fortuit mais dicté par une nouvelle stratégie qui consisterait en d’autres déploiements dans un avenir proche et à moindre coûts à l’instar de l’Afrique avec toutes les convoitises que suscite à l’heure actuelle l’étendue du Sahel qui se situe à quelques encablures de nos limites territoriales.