Samedi 29 mai 2021
Les islamistes ont presque tué le Hirak !?
Le 22 février 2021, le peuple redescend dans les rues, mais le mouvement de 2019 avait subit une mue inquiétante pendant la période d’hibernation forcée, dictée par la Covid-19, et le papillon coloré qui devait sortir du cocon a été plus que bousculé par un affreux papillon de nuit.
La raison est simple : tout comme le pouvoir, le courant islamiste s’est organisé pour faire ce qu’il sait faire de mieux: vampiriser les révolutions, les vider de leurs substances citoyennes et y injecter le venin idéologique mortifère de l’islam politique. C’est un comportement atavique observé historiquement en Algérie et ailleurs.
En Algérie durant la révolution de 1954 avec une contre-révolution arabo-islamiste et notamment le congrès de Tripoli qui a permis par la suite l’élimination des décideurs du congrès de la Soummam. Et en octobre 1988 avec l’accouchement monstrueux du FIS et des GIA. Il en est de même pour les autres révolutions dites arabes où l’on a pu observer l’agilité de cette mouvance lorsqu’il s’agit de prendre les trains en marche et réaliser de parfaits hold-up.
Le résultat a été désastreux sur le mouvement citoyen et sa mobilisation dans ses principaux bastions (Alger, Tizi-Ouzou, Bejaia). Une grande partie des citoyens qui ont vu apparaître des slogans, mais aussi des comportements, qui n’auguraient rien de bon, se sont retirés du mouvement. Les activistes de la mouvance islamiste, Rached entre autres, ont infesté les marches et provoqué plusieurs incidents relatés massivement sur les réseaux sociaux. Des féministes et des démocrates ont été insultés et agressés.
À partir de là, et à cause d’agissements aussi répréhensibles que condamnables, beaucoup de citoyennes et de citoyens se sont posés la vraie question: où va nous mener ce Hirak version 2.0 ? Car, en l’absence d’une feuille de route claire avec des préalables démocratiques et consensuels, il se peut que ce mouvement mène à… creuser nos propres tombes…une énième fois.
Il y a même eu des appels à faire de la place aux activistes islamistes de Rached qui, parait-il, ont trouvé des vertus à la démocratie qu’ils ne considéraient plus « Kofr »! Mais le mal était fait, la confiance étant un capital qui s’épuise à coups de mauvaises expériences.
Beaucoup de nos concitoyens ont fuit les manifestations du vendredi par manque de visibilité et par peur de faire le gros du travail pour le camp rétrograde embusqué. Ce même camp qui les aurait égorgés, il n’y a pas si longtemps, dans des faux barrages, au détour d’une route sinueuse, pour des cheveux en l’air, pour rien et n’importe quoi.
Le Hirak est-il mort pour autant ? Sûrement pas. Ne pas avoir la possibilité de s’exprimer dans les rues n’est nullement synonyme de mort d’un mouvement quelque soit son ampleur. On peut parler d’éléments ayant contribuer à son essoufflement, tels que le rejet des islamistes et le climat de terreur que fait régner le pouvoir, mais le mouvement en lui même restera vivant aussi longtemps que les conditions de sa naissance seront présents.
Faut-il le parfaire ? Bien entendu. Pour peu que l’on veuille le doter d’une véritable charte, avec des préalables démocratiques consensuels, des objectifs précis et d’un cap. Il est important d’avoir de la visibilité. Il est important aussi d’obtenir des garanties de la part des mouvances islamistes connues qui veulent s’y greffer, pour prendre des engagements clairs et publiques quant au de respect de cette charte qui permettra l’essor d’un état moderne, démocratique et laïque garantissant l’égalité des sexes et respectant les libertés de culte, de conscience et des minorités.
Sans cela, le mouvement restera une belle promesse sans lendemain, en proie aux prédateurs de la nuit.