Samedi 6 mars 2021
Belkacem Zeghmati, je te rends mes papiers algériens !
Un pas a été franchi par le régime militaire, un pas de trop car ce dernier touche à ce que nous avons de plus cher, notre naissance. Belkacem Zeghmati veut nous déchoir de la nationalité algérienne. Ce qu’il ne sait pas c’est que notre algérianité est en nous-mêmes, pas dans un papier.
Belkacem, valet d’un régime militairo-civil qui nous a tout pris, veut maintenant une loi qui m’enlèverait ce que je suis profondément, c’est-à-dire l’âme de mon être.
Rien ne les effraie, rien ne les fait reculer, dans une fuite en avant dont ils ne mesurent aucunement les conséquences pour eux. Ils défoncent les bases de l’humanité avec le code de la famille, les incarcérations, la terreur, la corruption massive et maintenant, la déchéance de mon identité attestée par ma naissance.
Ce bout de papier, Belkacem, je te le rends, il est malheureusement de triste réputation, car il est signé des autorités qui te légitiment.
D’ailleurs, je n’ai pas remis les pieds dans ces locaux depuis l’année 2000 et ma photo ressemble à une personne d’un autre temps. Celui qui était venu en Algérie, 9 ans plus tôt, en croyant très naïvement que le régime militaire avait subi un choc et qu’il était temps de militer pour la démocratie à l’intérieur du pays.
Mais un procureur, comme tu le fus, m’a envoyé une seconde fois en exil. On m’a pris ma liberté de parole, on m’a volé mon pays et aujourd’hui, tu veux me reprendre ce que tu ne peux pas prendre.
Alors je te rends ton papier, puisqu’il t’obsède tant, car ce papier n’est pas mon Algérie. Elle est la tienne, celle qui tourne le dos à nos rêves d’enfance, à notre éducation et à notre instruction.
Cette carte d’identité, je te la jette à la figure. Je demanderai à la seconde république, si elle ne s’embourbe pas dans la révolution éternelle du vendredi après-midi, de me rendre ma dignité car l’identité algérienne n’est pas décrétée par un régime politique et encore moins par les serviteurs des généraux.
Et s’il me fallait retourner une seule fois dans mon pays de naissance, avant ma mort, c’est pour être au premier rang du Nuremberg à l’Algérienne.
Même en fauteuil roulant, je viendrai et je n’hésiterai pas à te regarder droit dans les yeux, toi et tes commanditaires.
Un regard de quelqu’un dont on a volé et détruit son pays natal. Le plus inquisiteur des regards, méprisant et violent. La justice n’est pas la vengeance, je n’ai aucun état d’âme à ressentir cette hargne.