Mardi 29 décembre 2020
Nous sommes en plein délire
Imbécile n’est pas une insulte, mais un constat clinique. Un constat amer. Crétin n’est pas une insulte, mais une réalité affligeante.
Celui qui regarde le doigt lorsqu’il s’agit de contempler la lune est un imbécile. Celui qui parle avec fatuité de ce qu’il ignore est un crétin.
Un proverbe africain dit que celui qui ne sait pas qu’il ne sait pas est une calamité. Depuis quelque temps, une pétaudière épouvantable chahute les esprits. Certains saisissent n’importe quel prétexte pour faire étalage de leurs frustrations. La haine les rend fous à lier. Que nous arrive-t-il ?
La crise politique, la Covid-19 qui nous met sous scellés, la corruption tentaculaire, la médiocrité ambiante, les horizons floutés, le mal-être ne suffisent-ils pas ? encore faut-il s’inventer des ennemis à tout bout de champ.
Une crise identitaire se joint aux dérives idéologiques pour vicier jusqu’à l’air qu’on respire. Il suffit d’un post, d’une rumeur grossière, de la moindre allégation pour que se déchaînent les colères chimériques.
Certains ne se donnent même pas la peine de comprendre de quoi il en retourne. Une brèche, et ils s’y engouffrent corps et âme, sans réserve. D’un coup, c’est le déni, le rejet viscéral, l’abomination de l’autre, sa néantisation systématique.
Nous sommes en plein délire. Et personne ne semble préoccupé par le Nouvel Ordre mondial en train de nous couper l’herbe sous le pied. Personne ne se pose les vraies questions dans un monde qui détient déjà toutes les réponses.
L’Algérie vacille, et on s’enthousiasme pour le naufrage en perspective. Après tant de sacrifices, tant de martyre, tant de rêves évincés, on continue de chercher des poux aux chauves, de semer la discorde au sein d’une même nation, de se découvrir des hostilités là où le bon sens réclame un minimum de responsabilité.
S’agit-il d’une damnation, d’une nature ou d’une maladie ? Quand va-t-on nous lancer vers ce qui nous sauve au lieu de courir allègrement à notre perte ? Nous reste-t-il encore un soupçon de présence d’esprit pour nous poser une seule et une unique question : que veut-on faire de notre pays ? Il n’y a que cette question qui s’impose en ces temps troubles et dangereux.
De notre réponse dépendra notre devenir : Être maître de notre destin ou les otages de notre déconfiture programmée.